CHAPITRE 5

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J’ai couru vite en tournant le plus possible mais je ne sais pas du tout où je suis. J’évalue mes blessures d’un coup d’oeil. Rien de grave : le premier coup que m’a assené Sylnire me fait encore très mal et j’espère que je n’ai pas une côte fêlée, mais sinon, ce ne sont que des égratignures. Je relève la tête et aperçois une tache verte au dessus d’un mur d’en face. Ce doit être le drapeau des autres. Et si la montre n’a pas encore été désactivée, c’est que mon équipe arrive pour l’instant à défendre notre base. Pour l’instant. Ça ne sert plus à rien d’y retourner pour les aider. Le temps que je revienne, nos ennemis auront réussi à gagner. Je ne réfléchis pas très longtemps et avance silencieusement vers mon objectif. Lorsque j’arrive derrière le mur, j’entends des voix et décide de me placer en hauteur pour mieux voir. 

Raya et Celyan sont debout, entourant Julian. Qu’est ce qu’il fait là celui-là ? Il étais censé aider les autres, pas s’éclipser pour aller chercher le drapeau. Apparement, ça ne se passe pas bien pour lui : il a un énorme oeil au beurre noir, une estafilade qui remonte du coin de sa pommette jusqu’au bord du front et le mauvais appui de ses jambes montre qu’il a au moins une entorse, si ce n’est plus. Celyan reste un petit peu en retrait alors que Raya fait pleuvoir les coups sur Julian qui ne peut esquiver dans son état. C’est cruel. Je regarde mon ami seul mais je ne peux pas l’aider. J’entend l’os de sa mâchoire craquer lorsqu’elle lui assène un coup violent avec le pommeau de sa main. 

Elle recule et observe sa victime :
-

Trop facile… Tu es pitoyable. Tu pensais vraiment pouvoir t’emparer de notre drapeau ? Tu pensais vraiment avoir une chance ?

- Vous… êtes..  répond-il.

Un coup de pied dans le ventre l’empêche de finir sa phrase. Celyan finit par s’approcher d’un pas nonchalant, comme ennuyé par la situation. Julian relève fièrement la tête et lui lance un regard noir, pas effrayé le moins du monde. Il devrait pourtant. Le jeune prince s’accroupit et s’avance pour lui murmurer quelque chose dans l’oreille. Les yeux de Julian s’arrondissent (de colère ou de dégoût ?) et c’est à ce moment-là que j’aperçois un nuage d’insectes approcher. Julian vient de commettre la plus grosse erreur de sa vie. Non seulement il a triché, mais en plus, il n’est pas de taille contre les pouvoirs de Raya et Celyan. Raya s’en aperçoit également et se met à hurler. Celyan, lui, relève les yeux, attends 3 secondes, lève la main et une poussière noire en sort pour encercler les insectes qui finissent tous en cendres noires. C’était tellement rapide et précis qu’un silence pesant s’installe entre les combattants. Celyan finit par lâcher :

«- Tricheur... »

Raya est hystérique. Elle a repris ses esprits et hurle sur Julian :

- Tu n’avais pas le droit d’utiliser tes pouvoirs ! T’es complètement malade !

Des plantes surgissent de terre et encerclent les bras de Julian. Je la vois le secouer dans tous les sens. Elle jubile et éclate de rire. Je comprends son intention lorsque je vois le mouvement de ses doigts qui demandent aux végétaux de projeter mon ami contre un mur en béton armé. Elle est complètement folle, il va se briser le crâne en deux.
Je ne réalise ce que je suis en train de faire que lorsque je m’élance vers Raya et lui fauche les jambes d’un mouvement rapide. Elle n’a pas le temps de se relever et je lui assène un coup de poing dans la tempe. Elle s’effondre, sonnée, et les plantes retombent, emportant Julian dans leur chute. Il s’effondre également et s’évanouit. Celyan n’attend pas et se précipite sur moi. Ses attaques sont rapides et précises. Je dois redoubler de prudence et ne laisser aucune partie vulnérable à sa merci. L’éclat qui brille dans ses yeux montre qu’il joue plus qu’il ne se bat. Il veut jouer, on va jouer. Il fait un bond pour toucher mon dos, mais je roule sous lui, tend mes jambes, et son mollet prend un coup qu’il n’est pas prêt d’oublier. Il se réceptionne mal, tente de se rattraper, mais c’est trop tard. Il laisse sa cage thoracique à découvert pendant un court instant, et je me mets toutes mes forces dans mon coup. Il roule trop rapidement et mon coup n’est pas aussi fort que prévu. Lorsqu’il se remet sur ses pieds, son visage est fermé. Il ne joue plus et ne se laissera pas humilier. Il s’élance et enchaîne les frappes, plus violentes et rapides les unes que les autres. Je suis fatiguée et il profite d’une demi-seconde de relâchement pour frapper dans mes côtes, là où Syphrine m’avait déjà touchée. J’en ai le souffle coupé et la douleur me fait perdre la vue quelques instants. Je bascule en arrière, me réceptionne tant bien que mal.
C’est le moment que choisit Monsieur Kijir pour arriver en hurlant.

- Je peux savoir ce que vous êtes en train de faire ?!

Raya répond :

- Nous étions en train de nous battre quand Julian a triché et utilisé son pouvoir !

Le professeur n’en revient pas :

- Pardon ?! Mais vous ne pouvez pas juste suivre les consignes quand on vous en donne ? Bon, ce jeune homme est sacrément blessé. Emmenez-le à l’infirmerie avec son amie qui n’a pas l’air au mieux non plus. Et dîtes-lui de ne pas me croiser lorsqu’il se réveillera si il ne veut pas se prendre 3h de colle.

De loin, j’entends Padma arriver. Elle le rassure :

- Je les emmène.

Monsieur Kijir ajoute :

- Et votre équipe a perdu pour triche, donc c’est l’autre qui remporte cet entraînement.

Mélandro arrive. Il est complètement énervé et lui lance :

- Quoi ?! Mais on y peut rien nous !

Le professeur lui répond froidement.
- Votre ami était tout seul contre plusieurs adversaires, il y a donc une erreur de stratégie de la part de toute l’équipe. Pas de discussion.

La dernière chose que je vois est la silhouette floue de Julian, étendu sur le sol à quelques mètres de moi. Puis mes yeux se ferment et je sombre.

Le Royaume d'Atales Où les histoires vivent. Découvrez maintenant