Les aventures de Marco et Opachi {En pause}

À la sortie du collège

La sonnerie retentit une fois de plus. Pour Marco, c'était une fois de trop. Les cours de la journée étaient terminés, et il était prêt à cavaler, sachant que Victor n'avait pas passé une bonne journée. Marco a 13 ans, tandis que Victor en a 15. Et, ce dernier s'était pris aujourd'hui deux heures de colle pour la semaine d'après, — au grand malheur de Marco — parce qu'il avait frappé sèchement un sixième. En théorie, ça aurait dû valoir une exclusion d'un jour ou deux, ou un conseil de discipline. Mais dans ce collège, les caïds de son style, il y en avait partout. Alors, puisqu'on ne peut pas renvoyer tout le monde, pour les petites claques comme ça, on se contente d'une ou deux heures de retenues ...

Et Marco était la cible préférée de Victor, quand il voulait se défouler. Marco était souvent seul, ne parlait à presque personne, et n'était pas du genre à résister très longtemps face aux méchants. C'était les seules et uniques raisons pour lesquelles Victor et sa clique l'avait pris en grippe.

Voilà pourquoi, aussitôt la sonnerie sonnée, Marco voulut se dépêcher de partir, de crainte d'être attendu à la sortie du collège ...

- Hey ! Pas si vite, M. Corballant ! l'arrêta Mme Martin, sa prof de français, je n'ai pas fini de dicter vos devoirs pour demain !

Marco se rassit, mécontent.

Elle a intérêt à se dépêcher, pensa-t-il tout en sachant très bien que Mme Martin aimait faire patienter les élèves, à la fin des cours. Marco en particulier.

Comme par hasard ...

Si même les profs s'y mettaient, maintenant ...

Ce n'est que cinq grosses minutes plus tard, que leur prof accepta de les laisser partir.

- Et Marco, rajouta-t-elle, puisque tu es si pressé de partir, je te demanderai de sortir le dernier.

Il soupira. Peut-être que, s'il patientait beaucoup, Victor et sa bande finirait par se lasser et partir ... ?

Il n'y croyait pas vraiment. Ils savaient pertinemment qu'il était là, et n'étaient pas prêts de le laisser filer comme ça, avant d'avoir pu ne mettre ne serait-ce qu'un petite gifle.

Bon. Autant en finir vite, se dit-il.

À peine dépassa-t-il le portail qu'il les aperçut.

- Eh ! Marco ! l'interpela Noah, le bras droit de Victor, qui se tenait au coin de la rue. Viens ici, on a une petite surprise pour toi.

On se demande ce que c'est, répondit Marco en son fort intérieur.

Il marcha dans leur direction aussi lentement que possible. Oui, il voulait en finir vite, mais il avait tout de même peur.

- Dépêche-toi ! lui hurla Noah, pris d'un soudain excès de rage.

Il obéit, courant presque.

Alors qu'il les avait à peine atteint, il reçut un coup dans la figure. Marco le connaissait bien, ce coup à la mâchoire. Il l'aurait reconnu entre mille. C'était celui de Victor.

- Ah ! s'exclama ce dernier. Ça fait un bien fou !

Marco avait la tête qui tournait. Il distinguait à peine les cheveux bruns de Victor, et le bruit du ricanement de Noah et du reste de la bande. Il sentit cependant le coup de pied qu'il reçut au tibia, cet autre coup de poing qu'il reçut dans le ventre, ou bien alors ce coup de coude, qu'il subit dans le dos ...

Jamais ils ne l'avaient autant martyrisé. Et le pire, c'est que ça ne leur dérangeait pas le moins du monde ...

Tout ça sous prétexte qu'ils se sont pris deux petites heures de colle ... Et elles sont tout à fait justifiées ! Alors pourquoi suis-je obligé de subir tout ça ?

Il fut soudain pousser à terre.

Aïe ... J'ai tellement mal ... S'il vous plait, je vous en supplie, venez m'aider ... pria-t-il, à l'agonie.

- Alors, Marco, ricanait Victor. Ça va, t'as pas trop mal ? Non ? Bon, dans ce cas, on va rester encore un petit peu, tu es d'accord ?

Espèce d'enflure ...

Cette fois-ci, c'en était trop pour Marco. Il se laissa aller. 
Des larmes roulèrent sur ses joues.

Alors qu'il s'apprêtait à perdre connaissance, il vit une lueur bleue passer, furtivement, juste devant ses yeux.

Quoi ? Qu'est-ce-que c'est ? se demanda-t-il.

Un instant après, il vit Victor se tenir le ventre, avec une expression de douleur au visage.