Damon

42. Un pas vers la paix

239 jours,
Saint-Pétersbourg, Russie.

𝑰𝒓𝒊𝒏𝒂

Le soleil se lève à peine, mais mon cœur bat déjà à tout rompre dans ma poitrine. Aujourd'hui, Damon m'accorde la chance et l'opportunité de visiter la tombe de ma mère. Une visite que j'ai demandée, bien consciente des risques qu'elle implique. Mon père est un homme dangereux, prêt à tout pour nous atteindre, Damon et moi. Je sais que mettre les pieds dans ce cimetière, c'est comme marcher dans la gueule du loup.

Pourtant, malgré le danger permanent, Damon a accepté. Il comprend ce que cela signifie pour moi, ce besoin de dire au revoir pour de bon à ma mère, de me recueillir sur sa tombe, même si cela doit nous exposer. Il m'a assurée qu'il avait pris toutes les précautions nécessaires, que nous serions en sécurité. Mais le poids de l'incertitude est lourd sur mes épaules.

Je me tiens devant le miroir, ajustant les vêtements sombres qui doivent me permettre de passer inaperçue.

"Tu es prête ?"

La voix de Damon me tire de mes pensées. Il est là, devant moi, vêtu également de noir. Son regard est sérieux, mais je peux y lire une promesse silencieuse : celle de me protéger, quoi qu'il arrive.

Je hoche la tête tout en avalant difficilement ma salive.

"Oui. Mais... tu es sûr que c'est une bonne idée ?" dis-je d'une voix plus faible que je ne l'aurais voulu et qui trahit mon anxiété.

Il s'approche et place ses mains avec fermeté sur mes épaules.

"Irina, je sais ce qu'aujourd'hui signifie pour toi. Et je t'ai promis que je te protégerais. J'ai pris toutes les mesures de sécurité possibles. Je ne laisserai rien t'arriver."

Ses mots sont un baume sur mon cœur et je trouve du courage à travers son assurance mais également sa détermination.

"D'accord," murmuré-je. "Je te fais confiance."

On quitte la planque à l'aube, la ville est encore plongée dans le sommeil. Le trajet jusqu'au cimetière se fait en silence, chacun de nous est perdu dans ses pensées.

Damon a choisi une route détournée qui évite les principaux axes pour réduire les risques de nous faire repérer. À chaque croisement, à chaque coin de rue, je retiens mon souffle, attendant une embuscade qui, heureusement, ne vient jamais.

Arrivés au cimetière, mon cœur se serre à la vue des pierres tombales qui s'étendent à perte de vue. Damon me prend la main, un geste simple mais d'un soutien incommensurable. Ensemble, nous avançons entre les sépultures jusqu'à atteindre celle de ma mère.

Devant sa tombe, les mots me manquent. Les larmes coulent sur mes joues alors que je me recueille, murmurant un adieu que je n'ai jamais pu lui dire. Damon reste en retrait, sa présence est rassurante et protectrice.

"Maman, je suis là," chuchoté-je, les mains posées sur la pierre froide. "Tu me manque tellement."

La brise matinale soulève doucement mes cheveux alors que je me tiens là, perdue dans mes pensées et mes souvenirs. Damon, toujours attentif, s'avance vers moi après un moment et dépose délicatement mon écharpe autour de mes épaules pour me protéger du froid. Son geste, plein de tendresse, me rappelle à quel point il est devenu important pour moi, à quel point nos destins sont désormais liés.

"Tu as tout le temps qu'il te faut," me dit-il doucement, son souffle chaud caressantma joue. "Je suis là."

Je lui lance un regard reconnaissant.

"Merci d'être ici avec moi," murmuré-je, d'une voix tremblante.

"Où que tu ailles, je serai toujours à tes côtés," répond-il avec son habituelle détermination sans faille.

Nous restons comme cela un moment, en silence, devant la tombe de ma mère. C'est un moment de paix au milieu de la tempête, un rare instant de tranquillité dans le tumulte de mon existence.

Finalement, je me redresse tout en essuyant mes larmes d'un revers de la main.

"Je crois qu'on devrait y aller," dis-je, consciente que chaque minute passée ici augmente nos risques d'être découverts.

Damon acquiesce, et nous nous éloignons lentement de la tombe, main dans la main.

Alors que nous quittons le cimetière, je sens le poids du monde retomber sur mes épaules. La réalité de notre situation, la menace constante de mon père et de Sergueï, tout cela revient en force. Mais je me sens également plus forte, plus déterminée. Cette visite, ce moment de recueillement a ravivé en moi une flamme, une volonté de lutter.

Damon semble percevoir mon changement d'humeur, car il me serre un peu plus fort la main alors que nous quittons ensemble le cimetière.

*

Le silence dans la voiture est lourd alors que nous nous éloignons du cimetière. Les pensées se bousculent dans ma tête, un mélange de souvenirs douloureux et de nouvelles résolutions.

Damon brise finalement le silence.

"Parle-moi de ta mère," demande-t-il, un léger sourire aux lèvres.

Je tourne la tête vers lui, surprise par sa demande, mais un sourire se dessine lentement sur mes lèvres. La pensée de ma mère, de son amour inconditionnel, de sa force incroyable, apporte une lueur de chaleur dans le froid qui semble avoir envahi mon cœur au fil des années.

"Ma mère était incroyable," commencé-je, ma voix empreinte d'un mélange de nostalgie et de fierté. "Elle était la personne la plus forte que je connaisse. Elle a toujours su me protéger, me garder en sécurité, même face à mon père."

Je fais une pause, rassemblant mes pensées, avant de continuer.

"Je suis sûre que sans elle, mon père m'aurait déjà fait disparaître, peut-être même dès ma naissance. Pour lui, avoir une fille était une sorte de honte, un échec. Mais pour ma mère, j'étais sa fierté. Elle m'aimait, tout comme elle aimait Sergueï, d'un amour inconditionnel."

Il m'écoute attentivement, son regard fixé sur la route, mais je peux voir dans ses yeux qu'il absorbe chaque mot, chaque émotion que je partage avec lui. C'est une sensation étrange, d'ouvrir mon cœur, de partager ces souvenirs si intimes, mais avec lui, tout semble si naturel.

"Elle me manque tous les jours," murmuré-je, une larme roulant sur ma joue.

Damon tend lentement la main vers mon visage et essuie doucement la larme sur ma joue.

"Elle serait fière de toi, princesse. De la femme que tu es devenue, de ta force, de ta détermination."

Ses mots sont un baume sur mon cœur meurtri, et je sens quelque chose se dénouer en moi. Peut-être est-ce le fait de réaliser que, même dans les moments les plus sombres, je ne suis pas seule. Que j'ai à mes côtés un homme prêt à partager mes peines, à m'aider à porter mes fardeaux.

"Merci, Damon," dis-je, d'une voix tremblante d'émotion. "Merci d'être là, de m'écouter, de me comprendre."

Sans un mot de plus, il me serre la main, un geste simple mais d'une puissance étonnante. Alors que nous continuons notre trajet, un sentiment de paix s'installe lentement en moi. Parler de ma mère avec lui a ravivé en moi des souvenirs douloureux, mais cela m'a aussi rappelé la force que j'ai héritée d'elle et une chose est sûre, je ne lâcherai pas.