Damon

21. Une distance nécessaire

311 jours,
Santa Barbara, Californie.

𝑫𝒂𝒎𝒐𝒏

Il est décidément trop tôt pour des cris aussi stridents. Je sens ma tête pulsée d'une douleur lancinante tandis que la voix de Raquel résonne à travers mon bureau. Pourquoi faut-il que cette femme commence à hurler dès le matin ?

J'essaye de me concentrer sur les dossiers qui jonchent mon bureau, espérant que si je l'ignore suffisamment longtemps, elle finira par s'arrêter d'elle-même. Les papiers sont flous, ma vision embuée par une nuit de sommeil agité. Le baiser d'Irina résonne encore dans ma tête comme une mélodie que je ne peux pas oublier.

Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, mais chaque mouvement semble amplifier la douleur dans mon crâne. Putain, pourquoi ce maudit baiser m'a-t-il autant chamboulé ?

Raquel, elle, ne semble pas prête à partir. Elle est dans tous ses états, ses cheveux bruns en bataille, et son regard noir de colère. Je comprends son agacement, mais ce n'est vraiment pas le moment.

"Je ne comprends pas, Damon," lance-t-elle avec un mépris à peine dissimulé. "Pourquoi en fais-tu tout un plat parce que ta mère est au courant que tu t'es marié avec Irina ?"

Je laisse échapper un grognement de désapprobation. J'ai vraiment besoin d'un café, de préférence un fort et bien serré. Raquel continue à pester contre ma réaction, et je me frotte les tempes en essayant de me concentrer sur ce qu'elle dit.

"Raquel, c'est trop tôt pour ça," marmonné-je d'une voix lasse, essayant de calmer les pulsations dans ma tête.

Elle ignore mes paroles, continuant à déverser sa colère.

"Trop tôt ? Trop tôt ?!" s'écrie-t-elle, sa voix devenant plus stridente à chaque mot. "Je ne savais pas que c'était un secret d'État que tu te sois marié avec cette... cette pauvre fille sans même prévenir ta propre mère !"

Je pince l'arête de mon nez pour tenter d'apaiser la migraine qui bourdonne dans mon crâne.

"Raquel, je n'étais pas obligé de prévenir qui que ce soit," répété-je, essayant de garder mon calme. "Je ne me répéterai pas, Raquel. Ma vie, mes affaires. C'est fini le temps où je passais sur tout tes caprices."

"Oh, bien sûr, tu es le grand Damon Volkov, tu fais ce que tu veux, quand tu veux !"

Mes tempes pulsent encore plus fort, et je sens ma patience s'amincir à mesure que cette discussion inutile perdure. Le mal de tête que j'essaie de dissiper depuis que je suis sorti de mon lit ne fait qu'empirer.

"Raquel, j'ai d'autres préoccupations en ce moment," dis-je, mes mots empreints de fatigue.

Elle n'en a rien à faire et continue en m'accusant d'être égoïste et de ne penser qu'à moi-même. J'ai bien d'autres problèmes en ce moment, bien plus graves que ce que pense Raquel Rodrigues. Le baiser d'Irina la veille m'obsède, me tourmente, me questionne sur des émotions que j'aurais préféré laisser enfouies.

Et puis, Raquel aborde un sujet qui ne devrait même pas être sur la table.

"Tu as des soucis plus important, Damon ? Peut-être ta petite amourette avec Irina ? J'ai vu comment vous vous comportez ensemble et tu ne l'aimes pas, Damon."