Damon

41. Fugitifs

241 jours,
Saint-Pétersbourg, Russie.

𝑫𝒂𝒎𝒐𝒏

Je suis assis dans l'obscurité, le regard fixé sur l'unique fenêtre de ce qui nous sert de planque, en périphérie de Saint-Pétersbourg.

Deux jours. Deux jours qu'on se cache ici, Irina et moi, comme des fugitifs, loin des yeux de Viktor Kerenski. Deux jours que chaque bruit, chaque mouvement à l'extérieur me met sur les nerfs, prêt à réagir au quart de tour.

Je tourne mon regard vers Irina, qui se repose sur le canapé, enveloppée dans une couverture. Même dans son sommeil, je peux voir des traces d'inquiétude et de fatigue sur son visage.

Mes yeux se posent à présent sur une page du dossier que j'ai devant moi et qui contient les informations fournies par mes complices infiltrés au sein de l'organisation des Kerenski. D'après eux, Viktor, le père d'Irina, mène une véritable chasse aux sorcières en essayant désespérément de découvrir qui pourrait bien l'avoir trahi pour se rallier à moi.

Un sourire amer étire mes lèvres. Viktor ne saura jamais. Mes hommes et femmes, infiltrés depuis des années au cœur de son gang, sont mes yeux et mes oreilles. Ils sont l'assurance que j'ai toujours un pas d'avance devant lui.

Je ressens soudainement la présence de Irina tout près de moi, et je sens immédiatement la tension dans mon corps diminuer légèrement. Sa présence a, malheureusement ou peut-être heureusement, cet effet sur moi.

Elle s'approche, une tasse de café à la main, et la pose devant moi.

"Tu ne dors jamais, Damon ?" me demande-t-elle, ses yeux fixant mon visage avec inquiétude.

Je hausse les épaules et détourne le regard du dossier pour pouvoir la fixer.

"Le sommeil est un luxe que je ne peux pas me permettre, pas maintenant," lui réponds-je.

Elle soupire en s'asseyant à côté de moi.

"Damon, tu ne peux pas continuer comme ça. Tu vas t'épuiser."

Je sais qu'elle a raison, mais l'admettre signifierait admettre une faiblesse. Et je ne peux pas me le permettre. Pas maintenant.

"Tant que Viktor représente une menace pour toi, je ne peux pas me permettre de baisser ma garde," lui expliqué-je d'une détermination froide.

Elle fixe mon visage un moment et cherche visiblement à lire en moi. Je vois dans ses yeux qu'elle n'est pas satisfaite de ma réponse, qu'elle cherche une promesse que je ne peux pas lui donner.

Finalement, elle se résigne et un soupir silencieux s'échappe de ses lèvres. Après un moment de silence, elle lève les yeux vers moi et je peux voir une étincelle d'espoir son regard.

"Damon, je peux te demander une faveur ?" Me demande-t-elle d'une voix est douce, presque hésitante.

Je me raidis légèrement et reste méfiant.

"Qu'est-ce que c'est ?" demandé-je, prêt à refuser toute demande qui pourrait nous mettre en danger.

"Il... Il y a quelque chose que je dois faire. J'aimerais me rendre sur la tombe de ma mère," dit-elle d'une voix douce et légèrement timide.

Je serre la mâchoire. Sa demande engage bien trop de risques et d'éléments aléatoires que je ne peux contrôler.

"Irina, tu sais que c'est bien trop risqué. Viktor a sûrement mis une surveillance sur l'endroit où est enterrée ta mère. C'est bien trop prévisible que tu veuilles t'y rendre," ma voix est ferme et trahit mon inquiétude pour sa sécurité.