30 - Mademoiselle Jeon

401 63 53
                                    




Foutaises.

Je passais les mois qui suivirent à pleurer Jungkook. Mais il avait tenu bon, et il n'était pas revenu vers moi. À la mi-juillet, il était temps que nous rentrions à Busan. Heather et Curtis nous accompagnèrent à la gare.

— Tu m'appelles quand tu arrives ?

— Promis.

— Et tu n'oublies pas le petit texto avant de dormir, hein ?

— Promis aussi.

— Oh, tiens, je t'ai acheté du lait à la fraise pour le voyage et des biscuits.

Curtis me tendit un sac plastique et scella ses lèvres contre les miennes, puis me serra dans ses bras. Je respirai son odeur. Elle était rassurante, j'étais bien là. Je savais qu'il ne pouvait rien m'arriver de mal. Mais il n'y avait aucune passion, aucun sentiment.

— Je t'enverrai des photos, promit Heather.

— Des photos de toi à poil ?

Jungkook fronça le nez et je grimaçai. Heather rougit.

— T'es bête ! J'aurais aimé venir, tu le sais...

— Je sais, oui.

— Donne bien le paquet à ta mère, hein ?

— Oui, oui...

— Et salue ton père pour moi.

— D'accord.

— Je t'aime, Jungkook.

— Idem.

Elle passa ses bras autour de son cou, et l'embrassa fougueusement. Nous étions discrets, ils étaient démonstratifs. Nous étions romantiques, Jungkook accentuait son côté gros porc.

— Mon cœur ?

Je relevai la tête vers Curtis qui me regardait avec tout l'amour du monde.

— Oui ?

Il glissa ses lèvres à mon oreille et murmura :

— Je t'aime plus que l'amour lui-même...

— Je sais.

— J'attendrai.

Voilà ce que me répétait Curtis. J'étais incapable de lui rendre sa déclaration, alors il patientait. Mais pendant combien de temps ? De la même façon, lorsqu'Heather disait à Jungkook qu'elle l'aimait, il répondait systématiquement « Idem ».

Je crois qu'aucun de nous n'était prêt pour cette relation.

Il jeta son sac sur son épaule.

— Tu viens ? lança-t-il à mon attention.

Je souris une dernière fois à Curtis qui me serra contre lui.

— Tu vas me manquer...

— Tu vas me manquer aussi.

Jungkook nous interrompit, et je roulai des yeux.

— Hey !

Curtis m'embrassa une dernière fois, et me souffla :

— T'es la plus belle...

Je lâchai sa main et suivis Jungkook dans le wagon. Nous prîmes place côte à côte, moi côté vitre, lui côté couloir. Heather faisait de grands gestes depuis le quai, tandis que Curtis se collait littéralement à la vitre pour me dessiner un cœur avec ses doigts. Je gloussai.

— Quel naze ! lança Jungkook.

Je l'ignorai et fit signe à mon petit-ami lorsque le train s'éloigna.

Du fard sur les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant