-ˋˏ ༻❁ 𝑪𝑯𝑨𝑷𝑰𝑻𝑹𝑬 20 ❁༺ ˎˊ-AARON
L'horloge murale affiche trois heures du matin. Dans environ quatre heures, je dois me rendre chez mon père pour lui soumettre le dossier complet des Gnivov, la famille du cygne.
Ou plutôt, sur leur fille, Sveltiana.
Je l'ai raccompagnée jusqu'à sa chambre d'internat, m'assurant qu'elle se porte bien après cette découverte des plus étranges. Elle ne m'a offert qu'un sourire gratifiant, suffisant pour éveiller mon inquiétude.
Un pinceau niché entre mes doigts érafle la surface de la toile blanche, se traçant les contours aiguisés de mes souvenirs. La palette entre mes mains, d'ordinaire noire et austère, s'adoucit aujourd'hui de teintes taupe, tandis que le blanc s'impose, soulignant la vivacité de ce vert qui lui appartient.
Peindre aide mes pensées à prendre forme. Sur une surface immaculée, il est d'autant plus facile de l'entacher de mon flot de mauvais présages, teintant mon âme plutôt que d'embellir la toile.
Mes paupières s'alourdissent sous le poids de la fatigue, et mon esprit vacille, attiré par les photographies éparpillées sur mon lit. Une fois encore, le contraste du noir et du blanc semble murmurer un funeste présage.
Ils ont tissé en mon esprit un fil rouge de compréhension, reliant chaque événement passé, présent et futur. Cette œuvre du destin relie nos deux âmes depuis bien plus longtemps que je ne l'aurais pensé.
Je dépose dans un souffle mon pinceau à l'intérieur du pot d'eau, teinté d'une couleur blanchâtre. Le parquet gît sous le poids de mes pas, m'emmenant vers le rebord de la fenêtre. Chaque cliquetis de la pendule me rapproche de l'heure imminente où, au bord du ravin, mon père m'attend, plein d'espoir.
Je ne dois pas le décevoir.
Mon appréhension se matérialise en un sentier me menant à ma poche, depuis laquelle j'extrais un paquet de cigarettes. Le tournant entre mes mains, je me décide enfin à en sortir une. Le feu de mon briquet vacille face à la brise de cette fin de mois d'octobre. Après plusieurs tentatives, je finis par emprisonner la flamme et tirer une première taffe.
Le nuage de fumée se perd dans la nuit sombre, entre les hurlements d'une chouette dissimulée, guidant les âmes sur le chemin de l'obscurité, ainsi que la lumière de sa bougie à elle, déposée au seuil de sa fenêtre.
Je suis du regard les effluves s'estompant dans l'air, emportés par le vent glacial. Ce dernier se répercute avec force sur le bâtiment abandonné, causant le claquement de portes délabrées.
L'Histoire de ce lieu abandonné, le bâtiment qui jadis renfermait les patients les plus sujets à danger, accourt hors des limites du simple mythe effrayant.
Les rayons de la lune éclairent dorénavant chaque mystère qu'il détenait, laissant un faisceau de questionnement sur son passage. J'extrais de ma poche la photographie pliée en quatre, que nous avons découverte avec Gnivov tantôt dans la soirée. L'auteure de mille inquiétudes.
Celle de la mère de Tiana, à priori.
Tout me pousse à croire que c'est elle. De la ressemblance qui est plus que flagrante, frôlant le surnaturel, à ce léger détail qui m'a échappé la première fois que mes yeux se sont posés sur ce cliché : le même collier que Bouclette.
Le nom de la femme n'est pas inscrit sur la photographie, empêchant ainsi de l'identifier. Toutefois, des signes ne trompent pas. Souriant à la caméra, ses yeux pétillent de joie, sûrement le flash. Mais ils ne sont pas seuls, sa bague entourant son auriculaire brille de mille feux.
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Feathers of Rivalry
Romance𝚄𝚁𝚂𝚂, 𝟷𝟿𝟼𝟿, 𝚒𝚗𝚝𝚎𝚛𝚗𝚊𝚝 𝚍𝚎 𝚗𝚎𝚟𝚘𝚐𝚛𝚊𝚍 𝖀𝖓 𝖗𝖊𝖋𝖚𝖌𝖊 𝖆𝖚𝖝 𝖆𝖒𝖊𝖘 𝖒𝖊𝖚𝖗𝖙𝖗𝖎𝖊𝖘, 𝑨𝒂𝒓𝒐𝒏 𝑪𝒉𝒆𝒓𝒏𝒐𝒗, héritier de la famille du Corbeau, se considère comme le candidat naturel à la première place. Une réussite...