𝖢𝖧𝖠𝖯𝖨𝖳𝖱𝖤 𝖰𝖴𝖠𝖱𝖠𝖭𝖳𝖤

4.2K 412 186
                                    

𝗗𝗘𝗔𝗧𝗛

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

𝗗𝗘𝗔𝗧𝗛



Le printemps commence à se faire sentir. L'hiver s'efface.

La saison change.

La neige fond par endroit, même si elle reste majoritairement présente. Les arbres deviennent verts. Le soleil est de moins en moins caché par les nuages. Mais je ne le vois pas beaucoup.

La journée, je dors.

La nuit, je bois.

Un équilibre parfait pour ne jamais réfléchir ni penser.

Un équilibre qui inquiète Silent et Bunny et n'arrange pas beaucoup le Chef non plus.

D'ailleurs, je dois avoir une discussion avec lui cet après-midi. Une discussion "sérieuse", selon lui.

Quelque chose que je ne peux donc pas esquiver.

Je n'y vais pas très sobrement, mais la cagoule que je porte masque un peu les dégâts. J'en suis revenu là.

Me cacher des autres.

Surtout de moi.

Dans son bureau, rien n'a changé. Et c'est effrayant de se dire que le monde continue de tourner, que l'absence de Queen n'affecte personne. Que c'est seulement mon univers qui s'est figé.

Le Chef est posté tout au bout de sa longue table et me regarde étrangement. Un mélange d'autorité et de peine. Tout ce qu'il ne me faut pas.

— Vous vouliez me voir ?

Ma voix est éraillée. Je ne parle plus beaucoup et ça s'entend.

— Oui. J'aimerais parler de toi. Comment tu te sens ? Et par là, j'entends "est-ce que tu te sens de reprendre tes fonctions ?".

Est-ce que je suis prêt ? Définitivement pas.

Est-ce que j'ai envie de recommencer ? De retrouver cette routine qui m'offrait tant de sérénité ?

J'en sais rien, putain. Je suis complètement paumé. A ne même plus savoir qui je suis ni où je vais.

Je secoue la tête.

— Non.

— Bien. J'ai formé un de tes soldats pour te remplacer, sous la surveillance de Bunny et Silent. Perdre un de ses coéquipiers peut être très dur, je le sais.

"Perdre un de ses coéquipiers". Comme si Faith n'avait été que ça pour moi. Une putain de collègue. Mais au fond, je sais que le Chef le sait. Il a juste peur de prononcer ces mots. De parler de "copine", de la femme dont je suis tombé amoureux, de la personne pour qui j'aurais tué sans broncher, que j'aurais protégé jusqu'à mourir.

Il me regarde longtemps.

Un silence angoissant plane autour de nous.

Mon cœur est compressé dans ma poitrine. J'ai cette sensation d'étouffer qui ne me quitte jamais.

Finalement, il s'éclaircit la gorge et lance :

— J'espère que tu te remettras vite sur pied. Je l'espère vraiment, Death.

Ses mots me font presque trembler.

Death.

J'entends ce nom pour la première fois depuis pas mal de temps et ça me fait comme un électrochoc. Une vibration désagréable dans ma poitrine.

Death.

— Death ?

L'entendre me donne des frissons. Je ne veux plus de ça. C'est terminé. Plus jamais.

Je secoue la tête.

— Ne m'appelez plus comme ça.

Ce prénom, c'était celui d'avant. C'est celui qui représente le moi que j'étais sans elle. Puis le moi lorsque j'étais avec elle. Le prénom que je refusais qu'elle prononce au début. Celui que j'ai fini par crever d'entendre de sa bouche.

Et il n'existe plus.

Le Chef paraît perdu. Moi aussi, je le suis.

— Je veux changer d'identité, expliqué-je. Pour... repartir de zéro.

— Tu es sûr ?

— Il le faut.

Il semble hésiter. Puis finalement, il hoche la tête.

— Je comprends. Alors pour quel nom veux-tu changer ?

Je n'ai pas vraiment besoin de réfléchir.

Je veux que l'on me surnomme comme le jour où j'ai perdu mes derniers sentiments.

Lors de ma cinquante-neuvième mission en tant que lieutenant.

Elle me posait souvent cette question.

"Combien de missions as-tu fait ?"

Elle en était fascinée.

Je m'éclaircis la gorge, puis essaie de paraître confiant et détaché, même si c'est toute ma vie qui s'est effondrée.

— Fifty Nine.

Il hoche la tête, prenant ma demande au sérieux. J'apprécie sa compréhension et sa patience. J'en ai besoin.

Death n'existe plus.

Elias, lui... C'est pire. Je l'ai définitivement abandonné.

Ils se sont noyés tous les deux.

Maintenant, je ne suis plus qu'un homme vidé d'émotions.

Juste...

Un homme dont la seule mission est de tuer. Caché derrière un masque dont il ne pourra plus jamais se débarrasser.

Fifty Nine. 





































FIFTY NINE [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant