𝖢𝖧𝖠𝖯𝖨𝖳𝖱𝖤 𝖳𝖱𝖤𝖭𝖳𝖤-𝖧𝖴𝖨𝖳

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𝗗𝗘𝗔𝗧𝗛

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𝗗𝗘𝗔𝗧𝗛



Je ne sais pas exactement depuis combien de temps Queen est partie. Des fois, ça semble faire une éternité. D'autres fois, j'ai l'impression que ça ne date que d'hier, tellement l'image de son corps sans vie est encore fraîche dans ma mémoire.

Mon cœur est vide.

J'essaie de sortir de sa chambre, mais dans ma tête, ça ne sert à rien. Je ne la recroiserai pas dans les couloirs. Elle ne m'adressera plus son sourire éclatant. Ou, comme au début, ne me lancera pas de regard noir après une légère pique de ma part.

Son odeur est moins présente sur les draps, aussi. La mienne l'envahit, à force d'y dormir. J'ai même songé à m'allonger par terre pour garder son parfum un peu plus longtemps.

Je sais que le Chef me laisse du temps pour m'en remettre. Je ne l'ai pas contredit, bien que j'aurais pu lui dire que je n'irais jamais mieux. C'est Bunny qui s'inquiète le plus pour moi, et bien que je l'envoie bouler à chaque fois, il persiste à me faire sortir de cette pièce.

Le problème, c'est que je suis plus à fleur de peau que d'habitude. Avant, j'essayais toujours d'adopter une attitude calme, ou du moins, contrôlée. Ce n'est plus le cas. Je m'énerve vite. Tout est disproportionné.

Il suffit simplement qu'une personne prononce son prénom, que Bunny parle d'elle, et je deviens fou de rage.

Tout part en vrille et je laisse l'incendie qu'a causé son départ cramer tout ce que j'ai construit depuis mes débuts ici.




*



Je me réveille en sursaut et me redresse d'un coup, haletant. J'observe avec fébrilité les contours sombres des meubles de la pièce.

Je suis couvert de sueur et ma poitrine se soulève à un rythme affolant.

Il fait nuit. La seule lueur provient de la lune par la fenêtre.

Le drap est tombé sur mes cuisses lorsque je me suis assis et désormais, j'ai froid. Des frissons désagréables parcourent mon échine.

J'ai fait un cauchemar. Toujours le même depuis quelque temps.

Au début, je me souviens que j'aurais voulu être mort avec Queen, ce jour-là. Ou pire, être mort à sa place. Mais depuis quelques jours, une panique suffocante bloque mon coeur. M'empêche de respirer et hante mes pensées.

Queen est morte.

Où est-elle, alors ?

Où est-elle allée ?

Est-ce qu'elle me voit ? Est-ce qu'elle m'entend ? Est-ce qu'elle vit autre part, au-dessus de ma tête ou dans un autre monde ?

Ou est-ce qu'elle n'est simplement plus ?

C'est dur de se l'imaginer. De ne plus être. De ne plus penser. De ne plus respirer.

Et quand j'essaie, une angoisse me gagne.

Je ne veux plus mourir.

Je veux exister.

Je ne veux pas abandonner ce monde pour quelque chose que je ne connais pas. Pire, je ne veux pas abandonner ce monde pour du vide. Et penser que Queen a dû affronter cet inconnu sans moi me rend malade.

Je crois que c'est la première fois que j'ai si peur de quelque chose.

Pourtant, ce n'est pas comme si je n'avais jamais été confronté à la mort. En mission, je risque ma vie à chaque seconde. Souvent, on rentrait moins nombreux à la Base. Seulement, cette fois, c'est différent.

Je m'étais attaché à sa présence, à son caractère, à la douceur qui la caractérisait tant. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne sais même pas où elle est, mais je sais que je ne la reverrai jamais.

Je veux exister.

Je veux rester dans ce monde, parce que c'est le seul que je connais.

Parce qu'il y a Bunny, et Silent. Parce qu'il y a mes parents, même si je ne les vois plus depuis longtemps. Parce que j'ai mes habitudes, mes marques, mes émotions, mes sentiments. Parce que je peux vivre et penser.

Je ne veux pas être rien.

Je repense à mes parents. Ils me croient sûrement mort : l'une des raisons qui expliquent mon surnom. Mais comment sauront-ils lorsque ce sera vraiment le cas ?

Alors qu'avant, je m'en foutais, maintenant, tout m'angoisse. Je veux qu'ils sachent que je suis toujours en vie.

Je veux les revoir tant que je le peux, aussi.

Ma poitrine semble toujours aussi compressée. Mes pensées, hors de contrôle.

Alors sur un coup de tête, avec un esprit embrumé qui semble détaché de toute réalité, je prends mon téléphone et décide de les recontacter.


















FIFTY NINE [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant