18 - grace

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Le café était calme, et la lumière tamisée donnait à l'endroit un air presque paisible. Mais pour Grace, il n'y avait rien de paisible dans l'instant. Assise en face de Zora, la réalité de leur lien familial, révélée de la manière la plus brutale quelques jours plus tôt, planait au-dessus de leurs têtes. Grace ne savait pas par où commencer. Zora était sa sœur, et pourtant, elles n'avaient rien partagé, sinon des silences lourds et des regards fuyants.

Sa sœur, quant à elle, semblait nerveuse. Ses mains entouraient sa tasse de café, et elle fixait le liquide chaud sans vraiment le voir. Elle avait l'air à la fois résignée et blessée, un mélange qui serrait le cœur de Grace.

— Je ne sais pas par où commencer, finit par dire Grace, brisant le silence qui devenait oppressant.

Zora releva les yeux vers elle, ses pupilles brillantes d'une tristesse qu'elle semblait traîner depuis des années.

— Tu n'as pas besoin de dire quoi que ce soit. Je sais que tu ne savais pas.

Grace hocha la tête, mais ça ne l'empêchait pas de ressentir une certaine culpabilité.

— Je sais, mais... tout ça, c'est tellement fou. Je n'arrive pas à croire que mon père ait pu... te traiter comme ça.

Zora esquissa un sourire amer et secoua la tête.

— Ce n'est pas la première fois qu'il me rejette, tu sais. Ma mère m'a tout dit quand j'étais petite. William n'a jamais voulu de moi, et il ne changera jamais d'avis. Je lui ai écrit plusieurs fois, je lui ai même donné rendez-vous une fois et il n'est jamais venu.

Le ton de la brune était calme, mais Grace pouvait sentir la douleur dans ses mots. Elle se pencha légèrement en avant, essayant de comprendre cette vie qu'elle ignorait.

— Ta mère... elle t'a dit qu'il ne voulait pas de toi ?

Zora hocha la tête.

— Oui. Elle m'a expliqué qu'il avait déjà sa vie, qu'il était marié avec ta mère, qu'il avait deux filles et qu'il ne voulait pas que je perturbe ça. Quand elle est tombée enceinte de moi, il lui a clairement fait comprendre qu'il ne serait jamais là pour moi. Mais elle m'a tout de même élevée. Elle était forte, tu sais. Elle ne m'a jamais caché la vérité, même si ça faisait mal.

Elle marqua une pause, ses yeux s'assombrissant alors qu'elle se souvenait de cette période.

— Puis, quand j'avais onze ans, elle est tombée malade. Un cancer. Elle est morte rapidement. Après ça, c'est mon beau-père qui m'a adoptée. C'est lui que j'ai toujours appelé "papa". Il a tout fait pour moi. Il m'a donné une vraie famille, et pour ça, je lui en serai toujours reconnaissante.

Grace resta silencieuse. Elle ne savait pas comment réagir : la fille en face d'elle avait vécu une vie bien plus dure qu'elle ne l'avait imaginé. Elle avait été rejetée par leur père, puis avait perdu sa mère, et pourtant, elle avait trouvé un équilibre.

— Je ne savais rien de tout ça. Mon père ne m'a jamais parlé de toi. Tout a toujours été faux, n'est-ce pas ?

— Ce n'était pas faux. Ta vie était réelle, simplement... tu ne savais pas ce qu'il cachait.

— Je vis chez Thalia en ce moment.

Zora leva les yeux, surprise.

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