Zora observait les rues défiler par la fenêtre du taxi, son esprit envahi par des pensées tourbillonnantes. La nervosité qui l'habitait ne cessait de grandir à mesure qu'elles se rapprochaient du restaurant. Ce n'était pas une rencontre ordinaire. Aujourd'hui, elle allait enfin rencontrer Louisa, la mère de Grace, ainsi que Anna, sa sœur aînée.
William Donson avait gardé ce secret, un mensonge dissimulé à sa famille pendant des années. Aujourd'hui, les conséquences éclataient au grand jour, et Zora était au cœur de ce tourbillon.
Elle tourna son regard vers Grace, assise à ses côtés dans le taxi. Elle semblait calme, mais Zora savait que c'était une façade. Son père était en pleine campagne électorale, et cette situation pouvait tout détruire.
— Ça va ? demanda doucement Grace, son regard croisant celui de Zora.
— Un peu nerveuse. Je ne sais pas comment ta mère va réagir... ni Anna, d'ailleurs.
Grace esquissa un sourire doux, essayant de la rassurer.
— Maman est déjà au courant, tu sais. Elle a eu quelques jours pour digérer tout ça. Ça ne sera pas facile, mais elle t'a demandé de venir. Elle veut te rencontrer. Elle veut essayer de comprendre. Quant à Anna... eh bien, elle n'a pas encore tout encaissé, mais elle te respectera, j'en suis sûre, elle va vouloir te connaître.
Zora inspira profondément et hocha la tête, reconnaissante de la présence apaisante de Grace à ses côtés. Cela lui donnait un peu de courage.
Le taxi s'arrêta devant un petit restaurant chic, loin du tumulte du centre-ville. Elle jeta un dernier coup d'œil à sa demie sœur avant de sortir de la voiture, son estomac noué par l'appréhension. Elles entrèrent ensemble dans le restaurant, où une ambiance feutrée et calme régnait.
Les deux femmes étaient déjà assises à une table au fond de la salle. Louisa avait un air posé, bien qu'il soit évident qu'elle portait le poids de tout ce qui s'était passé ces derniers jours. Anna, quant à elle, semblait tendue, ses doigts pianotant nerveusement sur la table. Elles relevèrent la tête lorsque Zora et Grace approchèrent.
— Salut, lança Grace en s'approchant. Maman, Anna, voici Zora.
La mère de Grace se leva doucement, son regard scrutant Zora de manière attentive, mais sans dureté. C'était comme si elle cherchait à comprendre, à déchiffrer cette jeune fille qu'elle rencontrait pour la première fois, mais qui faisait déjà partie de sa vie d'une manière inédite. Après un moment, elle esquissa un léger sourire.
— Bonjour, Zora. Je suis contente que tu sois venue.
— Merci de m'avoir conviée, répondit-elle timidement.
Louisa l'invita à s'asseoir, et Zora s'installa en face d'elle. Grace prit place à côté d'elle, tandis qu'Anna restait silencieuse, son regard curieux mais réservé. Un serveur vint leur apporter des menus, mais personne ne semblait vraiment concentré sur la nourriture.
— Je vais être honnête avec toi, Zora, commença Louisa, brisant le silence qui s'était installé. Quand Grace m'a appris la vérité, ça a été un choc. Un énorme choc. William... ton père... m'a trahie d'une manière que je n'aurais jamais imaginée.
— Je suis désolée. Je ne voulais pas que tout cela arrive de cette manière. Je n'ai jamais voulu m'immiscer dans votre famille. J'ai juste... J'ai juste voulu connaître mes origines.
La mère de Grace hocha lentement la tête, son expression plus douce qu'elle ne l'avait été au début.
— Je comprends. Et tu n'es pas responsable de ce que William a fait. C'est lui qui a menti, pas toi.
Zora releva les yeux, touchée par les paroles de Louisa. Elle s'attendait à de la colère, mais c'était plutôt de la tristesse et de la confusion qu'elle voyait dans les yeux de la mère de Grace.
À ce moment, Anna prit enfin la parole. Jusqu'ici, elle était restée en retrait, observant la scène d'un œil attentif.
— Je dois avouer que j'ai eu du mal à accepter tout ça aussi. Je veux dire, tu es notre sœur, d'une certaine manière, mais tout cela reste étrange pour moi. J'ai grandi en pensant que notre famille était... parfaite. Et là, tout explose.
Zora acquiesça, comprenant parfaitement ce qu'Anna ressentait. Elle-même avait vécu toute sa vie dans le mystère, cherchant désespérément des réponses sur qui elle était.
— Je comprends. Moi aussi, je me suis sentie perdue pendant longtemps. Et je n'ai jamais osée me manifester réellement.
Louisa intervint alors, sa voix plus assurée cette fois.
— Je ne te tiens pas responsable de ce qui s'est passé. Mais ce que William a fait est impardonnable. Je ne peux pas continuer à vivre comme si tout était normal. J'ai décidé de le quitter.
Zora resta sans voix un instant, tandis que Grace et Anna se tournèrent toutes deux vers leur mère, visiblement surprises.
— Maman... tu es sûre ? murmura Grace, bien que son ton semblait soutenir cette décision.
— Oui, j'ai pris ma décision. Cette trahison est trop grande. Je ne peux pas faire semblant, pas plus longtemps. Il a caché l'existence de Zora pendant des années, et qui sait ce qu'il a encore caché. Je ne vais pas rester à ses côtés juste pour préserver une image.
Zora se sentit à la fois coupable et soulagée. Coupable d'être, même indirectement, à l'origine de la séparation d'une famille, mais soulagée de voir que Louisa ne la rejetait pas pour autant.
— Je... je ne voulais pas que tout ça se passe ainsi, murmura Zora, sa voix brisée par l'émotion. Je ne voulais pas être la cause de tout ce chaos.
Louisa tendit doucement la main à Zora, posant sa paume sur celle de la jeune fille. Son regard était plein de compréhension.
— Ce n'est pas ta faute, Zora. C'est celle de William. Mais tu fais partie de cette famille maintenant, que ça nous plaise ou non. On va devoir apprendre à avancer ensemble. Tu es la sœur de mes filles.
Zora sentit ses yeux se remplir de larmes, mais elle les retint, émue par ces mots pleins de sagesse et de compassion. Malgré tout, elle était acceptée, même si cela prendrait du temps. Elle hocha la tête en silence, reconnaissante pour cette petite lueur d'espoir.
Grace, sentant que l'atmosphère s'apaisait, posa une main réconfortante sur l'épaule de sa sœur.
— On est toutes dans le même bateau maintenant, dit-elle avec un sourire.
Zora hocha la tête, sentant enfin que, malgré la complexité de cette situation, elle n'était plus seule.
VOUS LISEZ
eux
Teen FictionSans se consumer se posent nos mains sur l'épaule du Temps Se lèvent sur son visage le jour les souvenirs essaim de papillons Amitié - Kamal Zerdoumi parce que JENNIFER souffre en silence parce que THALIA ne se sent pas li...