Je l'ai vu. J'ai vu ce frisson la parcourir quand j'ai laissé traîner mes lèvres plus près et plus longtemps de sa bouche que nécessaire. Je l'ai fait exprès parce que je voulais l'embrasser. Avant de me dégonfler au dernier moment.
Je ne pensais pas du tout au pari, à cet instant-là. Sauf que les paroles de Veger me sont revenues en tête au moment où j'allais le faire : ce n'était pas une bonne idée. D'abord, il faut que je règle cette histoire avec lui. Je ne veux plus jouer. Sauf que les choses sont toujours très compliquées, avec lui. Il y aura des répercussions. Il faut que j'attende le bon moment, sinon je suis mort.
Lentement, je rentre chez moi. Il est déjà tard et je n'ai pas pensé à prévenir Karine et Roger de mon retard, j'espère qu'ils ne sont pas trop inquiets. Je leur envoie vite fait un message pour leur dire que je serai là dans dix minutes.
Lorsque je rentre dans la maison, Clara a déjà mangé mais mes parents adoptifs m'attendent. Karine sourit, je me demande de quoi ils ont parlé ces deux-là parce que ça a l'air d'être à propos de moi.
- Alors ? me presse Karine.
- Alors quoi ? je réponds.
- Ben c'était pour une fille non ? Que tu es rentré si tard, je veux dire.
Je m'esclaffe.
- Arrête Karine, je ris, on dirait ma mère. Vous avez parié quoi là, tous les deux ?
- C'est elle, pas moi, intervient Roger.
- Ouais, ouais, défends-toi comme tu peux le vieux, c'est toi qui as suggéré que Tristan était avec une fille, le tacle sa femme.
Toujours en riant, je remarque que la table est mise pour une seule assiette.
- Vous avez déjà mangé ? je demande.
- Oui mais on t'en a gardé au chaud, j'ai fait des lasagnes.
- Génial !
Je m'en lèche les babines d'avance. Les lasagnes de Roger sont dignes du guide Michelin.
Une fois mon repas englouti, je monte me laver les dents puis, avant de me doucher, fais un petit peu de gainage, pompes etc parce que j'ai loupé l'entraînement. Puis, assommé, je m'endors en trois minutes.****
Maman est jolie, ce soir. Même les gens dans la rue la regardent. Ces deux monsieurs et cette madame ont l'air de bien aimer. D'ailleurs, ils s'approchent.
D'un coup, je remarque leurs sourires tordus. Je tire sur la manche de maman pour la prévenir qu'il y a des gens bizarres mais elle me tape sur la main pour me dire qu'elle ne veut pas m'écouter. Mais comme ils s'approchent de plus en plus, j'insiste et elle tourne la tête et elle remarque les gens.
- Merde, elle chuchote. Tristan, tu me lâches pas la main, d'accord ? On va juste marcher un peu plus vite.
Je dis oui de la tête et on presse un peu le pas. Mais un des monsieur se met à courir et nous barre la route.
- Tu es bien jolie ce soir ma chérie, dit-il.
Pourquoi il l'a appelée "ma chérie" ? Ils se connaissent ? Maman ne répond pas et essaye de passer. Il continue de parler :
- Je crois que tu ne m'as pas bien compris. Tu viens avec nous, on va bien s'amuser.
- Cours à la maison, je vais te rejoindre, me chuchote maman en me lâchant la main.
- Non, non, non, s'écrie le monsieur. Il reste avec nous, le bout'chou. Comment tu t'appelles ? me demande-t-il.
- Ne réponds pas, m'ordonne maman.
Soudain, le monsieur sort un couteau et l'agite devant le nez de maman. Puis il change d'avis et le met devant moi.
- Merde, c'est Tristan son nom mais je vois pas le rapport avec vous ou moi ! s'exclame maman.
- Moi je le vois, c'est tout ce qui importe.
D'un seul coup, maman se dégage de la poigne du monsieur qui fait un geste brusque dans sa direction et elle tombe par terre. Quand il s'écarte, je vois le couteau planté dans son torse. Le temps que je comprenne ce qu'il s'est passé, la femme m'a déjà attrapé et - trou noir.
Quand je me réveille, c'est grâce à quelqu'un qui me secoue. Je suis étalé par terre, tout nu, à côté de maman qui ne respire plus. Je murmure en boucle :
- Maman...****
- Maman !
Je me réveille en sursaut, des larmes dégoulinant le long de mon visage. Font chier, ces putains de cauchemars à la con. Je regarde l'heure : six heures et demie. Je décide de m'habiller et, bordel, je suis incapable d'avoir des pensées cohérentes. Il me faut un joint. Merde. Je ne peux pas. Après, Emma va encore me faire la gueule parce que je serai de mauvaise humeur.
Et puis merde. Le dernier, je me promets en m'essuyant rageusement la tête. Même si je ne me fais pas trop d'illusions, ils disaient tous ça, ceux qui ont fini par crever avec une seringue plantée dans le bras. Je rassemble mes affaires de cours, prends mon argent - je ne veux pas encore agrandir mes dettes - et vais chez Veger.
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Romance"La vérité, c'est que je suis tombée amoureuse de toi, et j'appréhende ça, mais j'ai aussi envie d'essayer. D'essayer de t'aimer." L'amour ne frappe pas toujours là où s'y attend, Tristan et Emma s'en sont rendu bien compte. Mais l'amour peut aussi...