L'avenir dans les étoiles

UNE HISTOIRE DE CONSTELLATION ET DE COURAGE (45)

Au sein d'une obscurité profonde, il flotte. Il sent qu'il flotte, mais il ne sait ni où, ni pourquoi. Captivé par les jeux de lumière dansants qui filtrent au-dessus, ses yeux sont grand ouverts.

De l'eau. Il est immergé.
Pourtant il n'éprouve aucune angoisse. Juste une ignorance lancinante.

Les rayons du soleil se meuvent en éclats énigmatiques, dessinant des arabesques lumineuses dans son champ de vision. Ses sens sont troublés, et une brume d'incompréhension enveloppe son esprit. Il distingue les reflets mouvants, mais l'origine de cette scène subaquatique demeure insaisissable.

L'eau remue, alors que le silence est troublé par une voix lointaine qui pénètre sa coquille liquide :

« Harry, Harry »

Une main blanche transperce alors la surface ondulée, et s'approche de lui :

« Harry, prends ma main. Prends-la si tu dois vivre. »

Vivre ? Pourquoi cela résonne-t-il en lui comme un concept lointain qui ne lui appartient plus ? Sa propre main remue. Il ressent son corps, et la pression marine s'appuyer autour de lui. Il est son corps, il s'en souvient. Il se rappelle ce que ça fait, d'avoir des membres, d'avoir un visage, il sent ses cheveux flotter contre son cou, ses jambes battre vers la surface, ses paupières se maintenir ouvertes. Ses doigts s'ouvrent vers cette main, il ignore pourquoi il obéit, mais il se sent concerné. Concerné par la vie. Il la saisit.

« Il en est ainsi. »

La propriétaire de ce membre est soudain aspirée dans le liquide, elle se matérialise en face de lui, comme le reflet chatoyant d'une personne aux traits fantomatiques :

« Nos existences s'entrelacent dans ces reflets, la vie passe entre nous par cette eau. Équilibre de tous les équilibres. Je me fonds et tu te formes. »

La silhouette place sa paume droit sur son cœur, et son autre main sur le front marqué du sorcier.

« Ta vie et la mienne se croisent ici. De mon dernier souffle tu renaîtras, tu dois vivre. Remonte vers la lumière. »

Elle fait pression, le cœur d'Harry se met à battre très fort, l'air semble lui manquer alors des bulles s'échappent par ses narines, alors qu'il remonte plus ou moins malgré lui à la surface, battant furieusement des cuisses pour ne pas se noyer. En-dessous, la silhouette de Naylea se mélange aux remous aquatiques jusqu'à disparaître dans un dernier éclat de voix :

« Retrouve l'air là-haut, Harry Potter, et inspire une grande bouffée, pour moi. »

Harry jaillit la tête hors de l'eau, à bout d'oxygène. Il inspira à gorge déployée, bruyamment, et ses poumons se rappelèrent à lui dans une douleur glaciale, une lame polaire semblait lui transpercer le sternum. Il peina à reprendre son souffle alors que sa vision se faisait de plus en plus nette, et que la terre sous ses pieds lui permettait de garder sa tête hors de l'eau. Dans la panique de l'incompréhension, il rejoignit maladroitement le bord boueux de la mare, avec la respiration d'un buffle asthmatique. Ses doigts s'enfoncèrent dans la terre humide alors que deux mains puissantes l'attrapèrent par les biceps pour l'aider à s'en extraire. Une fois extirpé, Harry se laissa choir sur le dos, soufflant fort, les yeux fermement clos le temps que les étoiles qui vacillaient contre l'intérieur de ses paupières s'estompassent.

Son diaphragme se calmait à mesure que son champ visuel retrouvait des formes plausibles, et il se redressa finalement en frissonnant. Il prit enfin conscience du froid environnant : tout mouillé qu'il fut, il était pour ainsi dire glacé jusqu'à l'os, et son rythme respiratoire s'en trouva à nouveau bouleversé, amplifié par une espèce de panique latente de ne rien y comprendre. Il commença à tourner la tête de tous les côtés pour se raccrocher à quelque chose de connu, et les deux bras salvateurs se représentèrent à lui : il s'y cramponna comme un enfant sur le point de se mettre debout pour la première fois.