PULSIONS DE VIE (60)

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Dernière nuit au Manoir avant le départ.

Il le sent, ces petites bulles de félicités qui montent et explosent entre sa cage thoracique, dès qu'elle s'approche, dès qu'elle touche ses cheveux, dès qu'il sent son odeur, dès que leurs regards se croisent. Colphta a eu raison de le pousser un peu : Elcmar vient de passer la plus douce après-midi de son existence avec la cartomancienne d'outre-mer. Bien-sûr ils savent tous les deux que ce moment hors du temps se soldera par le départ pour l'autre manoir, celui des mangemorts, toutefois il éprouve une joie certaine à s'être abandonné dans un vagabondage délicieux en cette journée d'hiver ; il a l'impression qu'il les nargue un peu.

Julie n'est pas une grande bavarde, elle ne parle jamais pour ne rien dire, Elcmar a donc l'impression que les mots qu'elle lui accorde sont une espèce de cadeau qu'elle lui fait. Comme il n'est pas vraiment un éclipsé, la vie lui donne-t-elle l'occasion d'éprouver un lien à nouveau ? Quoi qu'il en soit, il ne peut plus nier que cette fille ne le laisse pas indifférent. Il l'a raccompagnée jusqu'à sa chambre, et se noie avec joie dans le violet profond de ses yeux. Elle sourit doucement, sans rien dire. Alors il s'approche. Réceptive, elle tend son cou, elle est si petite par rapport à lui. Quand leurs lèvres se rencontrent, l'évidence opère. Il est amoureux.

Elles se lâchent vite toutefois, un baiser de grands timides. Enfin Julie n'est pas vraiment timide, elle laisse faire. Lui par contre, il se sait timoré en relation humaine, il sourit en baissant les yeux alors qu'elle attrape ses mains. En passant un pouce sur son poignet, il remarque de fines lignes noires cachées par le haut de sa manche, qui partent sous son vêtement. Elcmar sourit de plus belle, il a d'ailleurs l'impression qu'il ne sait faire plus que cela.

- Tu as des tatouages ? lui demande-t-il en regardant ses poignets

Leurs yeux se rencontrent alors à nouveau dans l'attente de la réponse, mais Julie ne dit rien, elle hausse un épaule, l'air amusé, Elcmar comprend ce « oui » tacite. Un « oui, j'aime bien ». Lui aussi, il aime bien. Maintenant. Ses joues se rosissent alors qu'il ne sait plus que dire. Peut-être qu'il est temps de la laisser tranquille...

- Je vais y aller, alors... glisse-t-il, une main sur la nuque et l'autre pointant le couloir

Elle penche la tête, et Elcmar ne fait pas attention à sa respiration qui s'accélère. Il fait donc demi-tour, sans savoir qu'en penser. Mais elle le retient par le pull, il se retourne pour voir une lueur propre aux lycans investir ses grands yeux :

- Tu veux les voir ? souffle-t-elle alors

Il hoche la tête, un peu bêtement, et elle le tire alors à l'intérieur de la pièce, sans le lâcher du regard.

Il entre, puisqu'Aod le tient fermement. La température est abominable, Heulyn comprend vite pourquoi : tous ces salamandres concentrés au même endroit... Les dryades et les ondines sont là aussi, en grande partie. Les siens se font tirer par des élémentaires des autres éléments qui n'ont pas froid aux yeux au milieu de cette orgie. Ils s'alanguissent ensemble sur des coussins, contre les murs, appuyés aux rebords des fenêtres, dans un concerts de soupirs gorgés de plaisirs charnels assouvis. Le sylphe garde une main autour de la poignée, il ne sait pas s'il est prêt à adhérer à tout cela. Les siens se laissent tenter, des salamandres curieux viennent rapidement s'occuper d'elleux.

En face de lui, Aod porte la main qu'il tient entre les siennes jusqu'à ses lèvres. Il insère un doigt du sylphe dans sa bouche, tout à fait sensuellement. Ses yeux orange ne le lâchent pas alors que sa langue concupiscente sort pour lécher ses phalanges impudemment. Son autre main sur la clenche ne fait pas la maligne, le sylphe tremble un peu, et visiblement pas de froid. Aod lâche sa prise sur sa première main, et s'approche de lui l'air lubrique. Il se fait toutefois très délicat, il n'ignore pas que c'est la seule façon de l'avoir. Sa paume brûlante s'appuie sur sa joue alors qu'il le domine de quelques centimètres :

L'avenir dans les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant