DU PAIN ET DES JEUX (34)

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Les branches lui fouettaient le visage. Harry courait sans discontinuer, ses pieds s'enfonçant dans les feuilles cassantes et la terre morte, chaque bruit de pas résonnant comme un écho angoissant à travers la forêt silencieuse. Il savait que le temps pressait, que ses amis avaient besoin de lui, et il sentait l'urgence l'envahir.

L'obscurité était oppressante, chaque ombre semblait prête à se refermer sur lui ; les branches tordues des arbres paraissaient se contorsionner vers lui, comme si elles essayaient de le retenir. Le vent d'hiver gémissait à travers les cimes des arbres, ajoutant une touche de menace à l'atmosphère déjà encombrée. Si l'emprisonnement de la forêt l'étouffait déjà, Harry avait en plus de cela l'impression d'être entouré de toutes parts. Des bruits de pas précipités résonnaient entre les troncs.
Ses amis ? Drago ? Des ennemis ?
Il l'ignorait. Il n'en avait rien à foutre.

Il devait persévérer, suivre le chemin emprunté par Cayley, espérant qui le mènerait à l'amphithéâtre où ses amis requéraient son aide. Chaque pas était un défi, chaque bruit dans les buissons le faisait accélérer, déterminé à sauver ceux qu'il aimait. Il ne laisserait pas ce simulacre de spectacle de gladiateurs se produire sans intervenir. Jamais il ne laissera ses amis s'entretuer.
Il en oubliait le vent, le froid et la douleur de ses joues fendues par des végétaux tranchants. Quelque part dans le fond de son lobe occipital s'imposait l'image du visage de son regretté parrain, trahi par son meilleur ami, tué par son ersatz de famille*. Si Neville tuait Luna et Dean, l'histoire se répétait. Il ne le permettrait pas.

Les bruits de course tout autour de lui se rapprochaient, Harry pouvait à présent distinguer que ça n'avait rien d'humain. Il plongea sa main dans son pantalon, enroulant rapidement ses doigts autour du bois rassurant de sa baguette, prêt à se défendre quoi qu'il arrivât. Ses jambes s'emmêlaient à mesure que ses pensées s'égrainaient sur les boucles temporelles dont il avait l'impression de faire les frais depuis tant d'années. Il devait maintenir sa concentration. Il le devait !

Les pas se rapprochent, ils vont l'atteindre ; quatre pattes. Ennemis. Combien de loups l'entouraient ? Harry accéléra de nouveau, entamant le peu de marge qu'il possédait encore. Pourtant, la forêt semblait continuer de se liguer contre lui, un immense tronc cassé barrait sa route, et il se retrouva à ralentir drastiquement le rythme, le temps de se permettre de trouver une idée rapide pour sauter cet obstacle.

Harry n'eut pas le loisir de comprendre son erreur qu'une immense ombre surgit de derrière les fougères. Le sorcier s'imagina alors qu'il allait mourir aussi rapidement qu'inutilement, quand l'ombre lui tomba dessus. Il chuta sur le dos, les deux grosses pattes de la bête lui écrasant la poitrine. Étrangement aucune morsure attendue, aucune lacération mortelle ne vint. La seule chose qu'il reçut furent les remontrances chuchotées d'une voix familière :

-Mais tu es fou ! disait Drago assis sur lui

-Lâche-moi ! se débattait Harry, Il faut que j'y aille !

-Tu vas te faire tuer !

Drago avait attrapé la tête du sorcier dans ses mains, et le regardait droit dans les yeux. Harry cessa de se débattre quand il y lut la peur. Une vraie peur, sincère, désarmante. Drago n'était pas en colère contre sa témérité, il avait craint pour sa vie.

-Ils sont là ! s'écria Cayley en se précipitant sur les deux jeunes hommes

Elle tendit la main à Harry pour l'aider à se remettre sur pieds, alors que son arrivée avait fait se relever le lycan. Ron et Hermione descendirent du dos de Macha, l'air réprobateur, mais ils ne dirent rien : l'état de Drago était suffisant.

-Je te l'ai déjà dit : on agit ENSEMBLE ! réitéra le cheann les sourcils froncés et le ton dur

Il était sec. Il était cassant. Il était déçu. Mais Harry n'en démordrait pas.

L'avenir dans les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant