Gazelle - Tome 1 - [ Dark Romance ]

Deuxième brûlure

Carla.
J'avais 16 ans, San Francisco.

— Vous êtes sûr que ça va aller ? Nous avait demandé ma mère un peu anxieuse.

— Oui Amanda, c'est très gentil. On fera attention à la maison si c'est ton angoisse, avait répondu Liam pour nous deux, et puis Carla est là, elle sait gérer aussi !

Nous étions vendredi et nos parents devaient partir en week-end à Paris. Plus de 10 mois ont passé depuis les vacances.

Ma brûlure.

Ma blessure était presque guérie. Dès le lendemain, Liam s'était excusé de nombreuses fois. Il m'avait affirmé que ce n'était pas volontaire, qu'il voulait simplement me faire peur, mais que la cigarette était accidentellement tombée sur mon dos. Sur le moment, je ne l'avais pas cru, car les menaces, elles, étaient bien réelles.

'' Je te jure que ce qui vient de se passer n'est que la porte d'entrée de ton enfer... ''

Plus les jours passaient, plus je trouvais absurde l'idée que cela ait pu être intentionnel. Tout d'abord, j'étais extrêmement contrariée et désorientée, car je ne savais pas si je devais en discuter. Toutefois, il s'était assuré de prendre de mes nouvelles par SMS pendant plusieurs semaines. Il a fini par me faire douter, et au fil du temps, je le trouvais même plutôt sympa. Dans un premier temps, il me demandait si je me sentais bien, sans jamais utiliser le terme "brûlure", puis il avait fini par me parler de choses ordinaires telles que mes cours ou mes projets pour le week-end. Toutes les fois, il ajoutait une petite phrase pour vérifier si j'en avais discuté avec quelqu'un ou si j'avais consulté un médecin. Je n'étais pas idiote, j'étais consciente qu'il tentait de se rassurer inconsciemment ou de se déculpabiliser...

J'avais réussi à me persuader qu'il n'avait peut-être pas fait exprès, mais je restais prudente en ne lui accordant pas toute ma confiance.

Lors de cette fameuse soirée, William avait proposé à ma mère de vivre ensemble. C'était la surprise qu'il avait murmurée depuis la mezzanine. Dès le lendemain matin, elle nous annonçait la nouvelle en tachant bien de nous raconter à quel point elle était ravie et excitée par cette aventure qui nous implique tous. Un bonheur immense, certes prévisible, brillait dans ses yeux, m'empêchant de révéler la vérité sur ce qu'il s'était passé avec Liam la veille. J'étais sûre qu'une telle révélation aurait des répercussions sur la relation entre elle et l'homme qu'elle aimait profondément. Son bonheur ne devait pas être compromis, après tout ce qu'elle avait vécu. Je ne souhaitais pas contribuer à sa perte.

J'étais sincèrement heureuse pour elle.

Nous étions passées d'une vie plus modeste à un certain confort. Je gardais quand même certaines habitudes, déjeuner seule à l'école en faisait partie. Nous étions en juin, et l'année qui venait de s'écouler n'a pas été facile. Mes hormones, mon acné, mes changements morphologiques ne m'aidaient pas à m'ouvrir aux autres pour une vie sociale normale.

Cela faisait déjà un mois que nous avions emménagé. J'estimais que tout s'était passé très rapidement, à peine un an et demi après leur rencontre, et nous voilà vivant ensemble sous le même toit. C'était une maison individuelle dans une banlieue assez aisée de San Francisco, ce que William avait amplement les moyens de se permettre. Mes interactions avec mon demi-frère restaient relativement rares, Liam passait son temps, soit à mixer dans sa chambre, soit à sortir avec ses potes. De toute façon, il ne vivait là que quelques week-ends ou pendant les vacances scolaires. Le reste du temps, il résidait chez sa mère.

— Amanda, chérie, il faut y aller, pressait William depuis le parking à l'intention de ma mère, le vol est dans deux heures.

Elle était un peu hésitante, car elle n'était pas totalement à l'aise à l'idée de laisser une adolescente et un jeune adulte seuls pour le week-end. Après tout, elle aussi avait été jeune autrefois. Malgré cela, son enthousiasme a pris le dessus et elle a épargné ses appréhensions. Elle m'embrassa furtivement sur la joue, me remit soigneusement quelques dernières indications comme : où se trouve la clé de la boîte aux lettres ou quand il est urgent d'arroser les plantes. Elle finit par rejoindre William, un sourire éclatant aux lèvres.