Baby Colt

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Andréas,

Six heures après l'accident.

Nous devons nous éloigner. S'ils découvrent que nous sommes liés par un peu plus qu'une mission lambda, ils s'en prendront à moi à travers elle.

Un peu plus quoi en fait ?

Ils peuvent me faire tout ce qu'ils veulent, je ne parlerais jamais. Je ne trahirai jamais Éric. Mais elle ... Putain. Je ne sais pas si j'arriverais à tenir. Quelle merde !

C'est pourquoi nous devons rester vigilants et faire preuve de finesse. Nous devons dissimuler nos émotions, même si nous le faisons depuis qu'elle a fait irruption dans notre vie. Mais cette fois, nous n'avons pas le droit à la moindre erreur, pas une seule. Je voudrais me rapprocher d'elle, juste pour la rassurer. Je sais qu'elle doit être en train de trembler, de prendre de grandes inspirations pour s'empêcher de craquer ou de jouer avec sa chevalière.

Non. Elle est dans ma poche. J'avais oublié. Avant de partir, elle l'a déposé sur la table de chevet de la chambre qu'elle a occupée pendant plusieurs mois. Ce n'était pas un oubli, elle ne s'en séparait jamais. Je me demande bien la raison, était-ce pour tourner une page ? Je ne sais pas pour quelle raison, mais je l'ai prise avec moi.

— C'est ça que tu cherches ?

Je lui balance à travers la pièce et la chevalière qui rebondit deux fois avant de tomber près d'elle. Je ne la vois pas, j'aperçois à peine une silhouette. Mais je suppose qu'elle doit faire ses gros yeux ronds, comme elle le fait souvent. Elle va me demander pourquoi je l'ai prise avec moi. Puis, elle va me poser toutes les questions qui lui passent par la tête pour assouvir son besoin de comprendre les gens et leurs actes. Peut-être qu'elle essaie de comprendre l'humain et pourquoi il agit ainsi ?

Et voilà que je me mets à penser comme elle. À me poser des tas de questions.

— Merci.

Finalement, je me suis trompé. Elle me répond une simple politesse à peine audible. J'imagine que tout ça, toute cette merde, doit la perturber et la terroriser. Je ferais tout pour nous sortir de là. Je lui ai promis.

— Tu vois ce que ça fait alors d'être retenu avec la mort qui plane au-dessus de ta tête, me balance-t-elle d'une voix calme.

Heureusement, l'épaisse porte insonorise la pièce. Nous faisons attention de parler assez bas, même si je me serais bien passé de ce reproche bien clair.

— Carla, c'est pas le moment.

Elle sait que j'ai raison. Mais je prends sa remarque et je l'accepte.

— Tu me détestes, n'est ce pas ?

— Je croyais que ce n'était pas le moment des reproches.

Sa répartie me donne envie de lui agripper la gorge ... et de lui ...

— Tu as dit toi-même que l'on ne sait pas si on vivra demain, alors autant se dire les choses, non ?

Je perçois un rire discret, qui me fait du bien intérieurement. Nos conversations sont remplies de sous-entendus, de non-dits et de liens à ce que l'un de nous a déjà pu dire. C'est notre façon de communiquer.

— Oui, je te déteste, Andréas. Et ça... ça ne changera jamais. J'ai eu beaucoup trop de souffrance à cause de toi.

Le silence qui suit appuie son aveu.

— Mais en même temps, tu m'as changée. Je ne serais plus jamais la même. Et pour ça, je ne peux pas t'en vouloir.

Je ressens quelque chose dans la poitrine. Bizarrement, le fait que je lui fasse du mal me donne une sensation désagréable. Plus que quand je la blesse physiquement. Je ne sais pas où elle veut en venir. Je dois savoir :

Gazelle - Tome 1 -  [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant