Sacrifice

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Carla.

Mes oreilles bourdonnent. Les détonations m'assourdissent. Quelques secondes s'écoulent depuis le début des tirs et leur intensité augmente. J'en suis persuadée, nous sommes bien plus que trois contre trois maintenant.

— CARLA !

Sa voix ...

Je ne parviens pas à me déplacer. La peur me cloue sur place. La fumée brouille ma vision à quelques mètres seulement et les tirs m'empêchent de m'éloigner de l'endroit où j'ai été projetée par Andréas.

Je suis peut-être morte ?

Une douleur au poignet me fait réaliser que je suis encore vivante.

Pour le moment.

— CARLAAA !!

Il a besoin de moi ...

J'essaie de me traîner mais une douleur intense à la tête me paralyse à nouveau. Le sang sur les mains m'indique que j'ai probablement une plaie à la tête et mon poignet me fait terriblement mal. Je ne pense pas avoir été touchée par une balle mais l'adrénaline m'empêche d'avoir conscience de mon corps tout entier.

Ça y est, les tirs cessent. J'ai un frisson violent dans tout mon corps, car il n'appelle plus mon nom. Ses hurlements me plongeaient dans une angoisse profonde, mais me confirmaient qu'il était vivant.

Andréas, appelle moi.

— ANDREAS !!!

Je crie à mon tour de toutes mes forces. Pas de retour. Mes joues sont inondées de larmes que je ne peux retenir. Mon nez coule et je ne sais pas dire si c'est du sang ou non.

Je parviens à me relever difficilement. Le brouillard causé par les explosions contre les murs en béton se dissipe légèrement. Je commence à chercher autour de moi pour m'agripper à quelque chose qui m'aiderait à me relever. Je trébuche sur divers objets et je m'affale au sol, mon poignet n'ayant pas réussi à me retenir. Je pose les yeux sur ce qui a provoqué ma chute : Un cadavre.

Mes tremblements ne cessent de s'accentuer, je titube. Il faut que je trouve Andréas, et vite.

L'unique détonation d'une arme à feu à plusieurs mètres. Une odeur désagréable de métal envahit mes narines. C'est l'odeur du sang. On la reconnaît comme si on l'avait toujours connue. Mes oreilles captent finalement des gémissements de souffrance à droite et à gauche et je m'accroupie et cherche du regard d'où provenait le tir. Un homme avance lentement à travers les débris tel un prédateur dominant son territoire. Ses vêtements me rappellent celui qui était avec Gabriel, c'est même celui qui m'a apporté le plateau de cocaïne.

Ils ont encore des hommes debouts.

Il déambule nonchalamment dans la pièce, son arme à la main, puis s'immobilise devant un homme adossé au mur, agonisant. Il porte un gilet pare-balles semblable à celui de Lévi ou d'Élie. C'est l'un des nôtres. Ils sont donc venus nous aider. J'espère qu'il y en a d'autres encore en vie.

L'individu debout soulève son arme pour la diriger vers la tête de l'homme à terre.

— Non ... Pitié... N..

Le coup part.

Je me retiens de hurler en plaquant ma main sur ma bouche. J'ai envie de vomir. Il l'a abattu froidement comme un lâche, sans âme, sans humanité, puis il a repris sa marche d'un air indifférent.

L'incertitude pour Andréas est insupportable. J'en mourrais. Il faut que je trouve de quoi me défendre si je veux être utile. Je rampe lentement jusqu'à découvrir un autre homme inanimé étendu au sol. Je saisis son arme qu'il tenait lâchement dans sa main inanimée. C'est une arme similaire à celle avec laquelle je me suis entraînée avec Elijah.

Gazelle - Tome 1 -  [ Dark Romance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant