Gazelle - Tome 1 - [ Dark Romance ]

Joueur(s)

Carla.

Aujourd'hui.

Andréas démarre à pleine vitesse faisant crisser les pneus. Je respire tellement vite que j'hyperventile et ça me cause un vertige brusque. Tellement de questions se bousculent dans ma tête. Merde, pourquoi m'a-t-il demandé de créer du lien avec '' nos invités '' ? Pourquoi m'a-t-il imposé d'assister à ça ?

C'est quoi son putain de problème ?

Je suis dans un état de choc, j'ai une sensation de bouillonnement intérieur qui me fait mal et me donne envie de crier et de tout exploser. La rage qui prend le dessus. Toutes les hypothèses me passent par la tête : sauter de la voiture, tourner le volant, lui hurler dessus. Je tâche de contenir mon état émotionnel, mais il dépasse le contrôlable. Le peu de raison qu'il me reste m'évite de justesse la folie.

— Tu avais tout prévu, grincé-je les yeux rivés sur la route.

— Carla, tout prévoir est une obligation.

— Pourquoi tu m'as impliqué là-dedans !? J'ai une conscience, moi, merde !

À ces mots, je pose mon poing sur la bouche et je ferme les yeux pour ravaler mes larmes. Je ne vais certainement pas lui faire ce plaisir.

— Ce couple était ma mission. Ils n'étaient pas ceux qu...

— TAIS-TOI !!! Je ne veux pas savoir, ne m'adresse plus jamais la parole ! Tu me forces à assister à un double meurtre, mais le pire, c'est que tu ne m'as rien dit pour me laisser avoir de l'empathie envers cette femme. Tu as gagné et tu as réussi ton coup.

— Ecoutes, tu dois comprendre dans quel monde tu as mis les pieds mais surtout que tu ne peux faire confiance à personne.

— Oh, parce que c'est vrai que j'ai choisi d'être ici. Tu n'es qu'un monstre, qu'un putain d'animal.

Cette fois, je me suis tournée vers lui, la colère fait place à la haine.

— Ne m'approche plus. Jamais.

Il ne répond pas. Il respecte ma rancœur dans un long silence. Pourtant cette phrase tourne en boucle dans ma tête :

— J'aurais préféré mourir finalement.

Il inspire pour répondre, mais se retient.

***

Nous sommes arrivés au domaine. J'ai les yeux rouges, car des sanglots silencieux ont rythmé les 2 h 30 de route. Il fait encore nuit, mais je n'aspire pas à dormir.

À peine garés, j'ouvre la portière, prends mes affaires dans le coffre et monte les escaliers du perron, ma tension est au même point que tout à l'heure.

— Carla, attends !

S'il croit que je vais me retourner...

Va te faire foutre.

Je dépasse une voiture garée que je ne connais pas. Je m'engouffre dans la maison aussi froide que mon humeur.

Éric et Sohane sont encore debout et se tournent vers moi surpris de me voir débouler en pleine nuit, en furie. Je crois distinguer une troisième personne, mais je suis dans un état d'hystérie et tout ce qui compte, c'est de m'enfermer dans ma chambre. Je monte les escaliers presque en courant et je claque la porte derrière moi. Une fois dans la pièce qui est devenue mon refuge, je m'assieds près du lit, à bout.

C'est dans les moments de peine profonde que tout le parcours de ma vie me revient de plein fouet. Je peux sentir les flammes de l'enfer me brûler à nouveau.