Si je veux bien raconter comment j'ai aimé Oscar, je dois remonter bien avant cette fameuse nuit, avant l'incident, avant les larmes, avant le sang, bien avant. Je dois remonter au temps douloureux de la guerre, celui ou nous étions encore le feu et l'essence, nocifs envers toute âme ayant le malheur de s'approcher de nous. Etrangement, nous n'avions de cesse de nous frôler, nos chemins déjà, avaient l'air de s'entremêler. Un quelconque maladroit malin devait avoir comme tâche de nous rapprocher pour mieux nous enflammer. Personne -pas même moi- n'aurait pu l'imaginer de cette façon, bien sûr. Jamais, je ne me serais cru capable de poser un quelconque regard de pitié sur lui, encore moins de tendresse. Croyez le ou non mais, j'ai hais Oscar, moi qui jurais à ma mère, tous les jours, de ne point noircir mon coeur de colère.
Si la rancœur avait pu courir mon corps, le dévorer comme un cancer, je serais probablement mort depuis longtemps. Heureusement pour ma mère, ce ne fut pas le cas, malheureusement pour moi, je suis toujours là.
Toute ma peine tient en quelques mots mais, il est trop tôt pour conter cette histoire là. Il ne faut savoir qu'une seule chose : J'étais enfant et désormais grand, jamais je n'oublierai.
N'en parlons pas. Ça ne sert plus à rien désormais, le mal est fait. Parlons d'une autre douleur, d'un tout autre grand chagrin mais qui, finalement, rivalise bien avec ma toute première fin du monde.
Je ne me rappelle plus quel jour c'était. Tout ce que je sais, c'est que c'était en semaine, ma sœur, Lola, n'était pas là.
Je devrais parler d'elle aussi.
Une autre fois.
C'était un jour au temps doux, le ciel était calme mais, peut être pas serein pour autant. Chez moi, rien ne l'était jamais vraiment.
Rien ne l'est jamais.
Chez moi, quand les nuages se dissipent, c'est dans les rues que se faufile toujours la tempête. Elle s'y cache comme un renard au pelage noir, agile et rusé, animal malin qui se transforme en loup dès qu'on le frôle. J'habitais dans un ouragan et Oscar aussi. À l'époque, je ne le savais pas, quand je retrace cet instant, que je me revois longer le couloir de la petite bâtisse de ma mère, attraper les clés, m'enfuir dans les ruelles, oui vraiment, je n'en avais pas la moindre idée.
Qu'on me pardonne mon ignorance, toute l'ampleur de ma violence, je n'avais pas encore croisé au coin du regard d'Oscar, mon propre reflet. Je n'avais pas encore saisi la grandeur du lien, qui grandissait dans l'ombre.
Laissez-moi m'y replonger, tout revivre. Laissez-moi oublier le «passé» ... je m'y retrouve déjà.
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OSCAR [BxB]
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