Careful what you wish for // Max Verstappen - Lando Norris

6. à la croisée des chemins

Ok. Je veux bien l'avouer. Voir une course de F1 a du bon. J'ai tout suivi grâce à l'écran et au casque posé sur ma tête. J'ai aimé la tension du départ et l'adrénaline des passages aux stands. J'ai frémi en entendant la voix brouillée de Max retentir dans mes oreilles. C'était électrique. Ce que j'ai préféré, c'est le moment où Lando a foncé sous le drapeau à damier. La visière relevée. Ses yeux remplis de larmes. Son sourire contagieux. J'ai applaudi à m'en faire mal aux mains, assise dans le garage de son rival, jusqu'à attirer les regards.

Je m'en fous ce qu'on pense de moi. Je lui ai brisé le cœur, je peux bien me réjouir de son bonheur.

Après la course, nous retrouvons Gabriel et Pierre au coeur du paddock. Ils sont assis sur la terrasse Alpine, entourés d'attachés de presse. De loin, on pourrait croire à une discussion entre amis, mais ils échangent quelques regards qui ne trompent pas. Plusieurs fois, Gabriel laisse traîner sa main sur l'avant-bras de Pierre. Ils sont si beaux que je les jalouse. Nate les salue en les prenant dans ses bras. Je l'imite en serrant mon meilleur ami un peu longtemps contre moi. Il souffle dans mon cou:

- Il faut avoir couché avec toi pour gagner une course cette année?

Je fais les gros yeux en le relâchant. C'était un peu trop franc, un peu trop fort à mon goût. Nate n'a rien entendu. Heureusement. Nous prenons place tous ensemble pour refaire la course en buvant un café. Pierre semble exténué, mais heureux d'être entouré. Sa course s'est plutôt bien passée. Il est remonté dans les points, à la sixième place, ce qui pour son écurie s'apparente pratiquement à un miracle cette année. Une assistante vient le voir au bout d'un moment, lui demandant d'aller à la réunion avec ses ingénieurs. Avant de partir, il nous lance:

- On se voit ce soir!

Une soirée en boîte est prévue. Histoire de passer une dernière nuit tous les quatre avant de partir pour Londres. C'est Pierre qui a réservé une table à l'Amber Lounge, un club qui réunit les pilotes et leur entourage après le Grand Prix. Nous arrivons peu après minuit, hilares et ivres des cocktails bus dans la suite de l'hôtel. Je me faufile à travers la foule en tenant la main de Nate. Il y a du monde. Des gens fortunés qui portent des montres suisses à leurs poignets et qui parlent mal aux serveuses. Nous sommes installés au fond de la grande salle, sur une estrade cachée du public par des rideaux en velours. Il y a des canapés, des tables basses et un bar privé. Je me laisse tomber sur le sofa qui nous est attribué, juste à côté de Nate. Son bras s'enroule autour de mes épaules. Il m'attire à lui pour embrasser ma joue, ma tempe et mon front. Sa voix est suave:

- Cette robe te va à ravir...

Il n'a pas tord. Je porte une petite robe à franges argentée qui étincelle et dévoile mes jambes. Je m'accroche à son cou pour lui répondre:

- Attends de me voir sans...

Nate glousse. Il prend ma joue dans sa main pour m'embrasser. Je me serre contre lui pour goûter à sa salive sucrée, familière. L'alcool m'enhardit. Je mordille sa lèvre jusqu'à qu'il grogne contre ma bouche:

- Tu ne perds rien pour attendre.

Gabriel fait chuter la température en criant:

- On n'est pas venu pour vous voir vous rouler des pelles! On est là pour boire!

Je vois. Gabriel ne supporte pas de ne pas être le centre de l'attention. Je lui tire la langue en riant, alors que Pierre commande des shots que nous regretterons certainement d'avoir bu demain. Il lève ensuite son verre à l'amitié, je l'imite et bois la vodka glacée en grimaçant. J'essuie ma bouche du revers de la main en observant les environs. À notre droite, une table est occupée par Max et sa bande. Charles est avec lui. Lando est accoudé au bar avec George et Carlos. Les pilotes attirent les regards de la foule et des groupies. Je fais de mon mieux pour les ignorer en discutant avec Gabriel, Nate et Pierre. Ils ne me prendront pas cette nuit.