Careful what you wish for // Max Verstappen - Lando Norris

13. méfiance

Mon corps est vidé de toutes ses forces, drainé de toute son énergie. Il ne réagit plus. C'est à ça que doivent ressembler les premières minutes après un accident de la circulation. Étendu sur le bitume, on attend son heure en regardant vers la nuit, le ciel étoilé peinturluré de gyrophares. Je me suis détachée de mon enveloppe corporelle. Il n'y a que le silence et le calme. Mais cette soirée n'avait rien d'un accident fortuit. C'était prémédité. Je lévite au-dessus du lit où je me suis effondrée quand on m'a enfin libérée. Le bras de Max repose lourdement sur le bas de mon dos, alors que le main de Lando est plongée dans mes cheveux éparpillés. Je n'ose pas bouger. Je reste ainsi enchevêtrée entre les corps des deux hommes qui m'ont aimée jusqu'à en perdre leur souffle. Ils n'ont eu aucune peine à s'endormir. Ce n'est pas mon cas.

Je n'arrive pas à fermer l'oeil. Les heures passent et je reste allongée. Mon esprit vagabonde. Il s'est perdu. Il tâtonne. Il cherche à comprendre. Tout est allé si vite. Que s'est-il passé? Comment en suis-je arrivée là? N'allez pas croire que je regrette. Je ne regrette rien. Je frissonne encore en pensant aux corps de Max et de Lando accordés par le désir et l'impatience. Ils m'ont partagée. Ils m'ont aimée comme je ne l'ai jamais été. Mon coeur gonfle. Il est plein. Il aurait pu exploser si la nuit s'était prolongée. Ce n'est pas une question de remords. C'est juste que je ne comprends pas ce qui a poussé ces deux hommes à s'associer. Car ils ont enfin eu ce qu'ils voulaient. Nate m'a quittée. Pourquoi ne m'ont-ils pas demandé de faire un choix? Pourquoi m'ont-ils donné cette nuit?

Max m'a surprise. Je l'ai connu jaloux et possessif. L'été dernier, il n'a cessé de répéter que je lui appartenais. Je devais obéir. Je devais m'abandonner. Je me souviens qu'il aurait fait n'importe quoi pour m'éloigner de Logan. Il s'est battu pour moi. Je n'ai pas oublié qu'il a étranglé Kelly et frappé son amant. Et aujourd'hui, en demander à pouvoir m'embrasser avant Lando, il tenait à me rappeler qu'il voulait encore une fois passer avant la concurrence. Alors comment a-t-il pu se contenir quand je me donnais à un autre homme que lui sous ses yeux? Je m'attendais à ce qu'il craque. Il n'en a rien fait. Lando aussi m'a étonnée. Lui qui a toujours été irréprochable s'est sali. Le petit copain romantique et attentionné s'est laissé emporter par la débauche de son meilleur ami. Il a suivi aveuglément. Il s'est même effacé pour que Max ait le contrôle. Et vous savez ce qui m'a déconcertée? Lando a semblé aimer ça.

Allongée entre Max et Lando qui ronflent paisiblement, un drap remonté sur mon corps, j'ai tout le temps de les observer. Ils ont l'air paisible quand ils sont endormis. Loin de ce qu'ils étaient il y a encore quelques heures: deux barbares qui se reposent après la bataille. Je réalise alors que tout était prévu. Tout était calculé. Ils ont établi des règles qu'ils m'ont ensuite imposées. Ils ont millimétré nos ébats. Max dirigeait. Lando accompagnait. Mon esprit est assailli de questions et de doutes. Pourquoi ont-ils passé cet accord? Qu'ont-ils à gagner?

Je me relève sur mes coudes pour jeter un coup d'oeil au réveil de la table de nuit. Mon Dieu. Il est déjà six heures du matin. La lumière timide qui s'est glissée sous le rideau de la chambre annonce le début de la journée. Je n'ai pas dormi une minute. D'autres questions se pressent dans ma tête. Que se passera-t-il quand ils seront réveillés? Est-ce que je serai encore capable de soutenir leurs regards? Je préfère ne pas savoir. Il faut que je quitte cette chambre au plus vite. J'entreprends donc de me glisser hors du lit. Plus facile à dire qu'à faire. Je suis prise au piège par l'étreinte de Max. Je me tortille doucement jusqu'à ce que son bras retombe sur le matelas. Pas de réaction. Juste un petit grognement. Il se retourne. Parfait. Je me libère lentement du drap qui recouvre mon corps et rampe discrètement vers le pied du lit.

D'après mes souvenirs, mes affaires sont encore dans l'entrée dans la suite. Il y a ma valise et mon sac à main. Tout ce dont j'ai besoin pour pouvoir fuir. Je me faufile donc vers la porte de la chambre que je referme derrière moi en prenant toutes les précautions nécessaires. La mission est accomplie. Max et Lando sont encore endormis quand je m'enferme dans la salle de bain. J'enfile les habits que j'ai récupérés sur le sol du salon et me brosse les dents à la hâte. Le temps presse. Je me précipite dans l'entrée de la suite. J'avais raison. Ma valise est bien là. Le Vuitton que Nate m'avait offert y est posé. Parfait. Je contrôle rapidement que mon porte-monnaie et mon téléphone y soient rangés. Et puis, sans me retourner vers le canapé qui nous a servi hier soir de terrain de jeu, je fonce vers la porte. Quand je pose ma main tremblante sur la poignée, ce sont les doigts de Max qui me retiennent de l'abaisser. Putain.