7. douceurs

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- Monsieur Gianadda, il faut tenir votre raquette plus bas. Comme ça. Voilà. C'est mieux.

Je répète le mouvement lentement en m'assurant que Gigi - pour les intimes - ait compris. Le cinquantenaire m'imite. Ses bras sont frêles et hésitants. Je crois qu'il préférait être au bord de sa piscine que sur le court. La chaleur est étouffante. Monsieur Gianadda passe sa vie dans un bureau. Le sport, c'est nouveau pour lui. C'est son épouse qui lui a offert des cours de tennis. Probablement pour pouvoir s'envoyer en l'air avec le jardinier en toute tranquillité. Au moins, Gigi a toujours été gentil avec moi. Il dit que je lui rappelle sa fille qui vit aujourd'hui à Paris.

C'est le dernier cours que je donne de la journée. J'ai enchaîné les séances sans réfléchir. Je me suis défoulée jusqu'à ce que mes mains soient recouvertes de cloques. Il a fallu que je mette des sparadraps pour pouvoir continuer. Je plains les élèves qui me faisaient face. Mais maintenant que la journée touche à sa fin, je sens la fatigue alourdir mon corps. Je n'ai plus qu'une envie: prendre une douche, rentrer chez moi et dormir. Heureusement que j'ai refusé de travailler au bar ce soir. Je me serais endormie derrière le comptoir.

Quand mon corps souffre, mon esprit se vide. J'ai de la peine à me concentrer depuis que je suis de retour au club. On est déjà mercredi. Trois jours se sont écoulés. Ça devrait être suffisant pour oublier. Comment se fait-il que je n'arrive pas à tourner la page? Vous savez, quand j'ai accepté l'invitation de Max, j'espérais seulement profiter d'un week-end de détente à bronzer, boire des cocktails et peut-être flirter avec mon nouvel élève. Je ne pensais pas que j'allais tomber sous le charme d'un malade mental et que je fricoterais avec l'un de ses amis.

J'accompagne Monsieur Gianadda jusqu'au banc en le tenant par le bras. Lui aussi est au bout du rouleau. Il s'assied en s'appuyant sur ses genoux rouillés. Ce mec ne devrait pas jouer au tennis sous un soleil de plomb. Je lui tends sa gourde. Il prend une gorgée avant de déclarer:

- C'est fini pour aujourd'hui! Je n'en peux plus!

- Vous êtes sûr, Monsieur Gianadda? Il nous reste encore une demi-heure de cours.

- Ruby, si je reste encore trente minutes sur ce court, il faudra appeler les pompes funèbres...

- Vous exagérez.

Il s'essuie la bouche et reprend son souffle. De la sueur mouille son front. Il continue:

- Allez-y. Filez. Profitez de votre soirée!

Je devrais rester avec lui. Au moins pour lui donner quelques retours sur son jeu. C'est ce qui est recommandé quand un élève se fatigue. Sauf que je n'ai pas l'énergie de le faire. Alors je m'en vais après l'avoir remercié. J'agite ma raquette en direction de Monsieur Gianadda pour lui faire mes adieux en quittant le court au trot.

Les vestiaires sont vides. Tant mieux. Aucune envie de faire la conversation. Je me défais de mes habits et les laisse tomber sur le sol tout en consultant mon téléphone. Un nouveau message de Lando. Mon petit Lando. C'est certainement la seule chose positive que je retire de ce week-end. Je me suis faite un ami. On s'écrit souvent. Des idioties la plupart du temps. Comme chaque jour depuis que je suis rentrée, Lando prend de mes nouvelles. Un sourire se forme sur mon visage quand je lui réponds.

Logan aussi m'a écrit. Ce n'est pas une première. Sauf que je n'ai pas encore pris le temps de lui répondre. Après que Max m'ait repoussée l'autre soir, je suis retournée dans ma cabine où je suis resté enfermée jusqu'à ce que le bateau touche terre. J'ai ignoré tout le monde. J'étais certaine que Logan m'en voudrait et qu'il lâcherait l'affaire. Je me suis trompée. Un jour, je trouverais la force de lui dire que je suis désolée.

Careful what you wish for // Max Verstappen - Lando NorrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant