Ce qu'elle vit lui glaça le sang, les planches du plafond laissaient entrevoir des bouts de ce qui semblait être de la chair putréfiée. On reconnaissait un bras à moitié accroché aux planches cassées, comme arrachées. Un liquide de putréfaction verdâtre s'écoulait goutte par goutte sur le sol et l'odeur de mort prenait à la gorge, piquant les yeux. À moitié en train de vomir, la brune essaya de sortir maladroitement de la pénombre du bâtiment.
Elle faillit trébucher sur un amas de tissus ensanglanté et l'évita tant bien que mal.
Elle courut ensuite pour essayer d'échapper à la maison et son emprise menaçante. L'orpheline courut jusqu'à ce que ses poumons lui brûlent et que ses jambes ne puissent plus la porter. Elle tomba lourdement sur le sol sans se soucier de la douleur qui avait pris possession de chaque partie de son corps.
Ayant traîné toute la journée dans la campagne, la nuit commençait déjà à arriver, malgré le fait que l'on soit en été, à présent. La fille aux yeux marron chaleureux regarda ses mains, toujours assise dans la terre battue.
La mort me suit partout où je vais ? Je suis maudite c'est ça ? C'est aussi parce que j'étais dans les parages que les deux enfants se sont noyés dans le lavoir ? Non...c'est qu'un hasard... reprends-toi Kasumi, c'est pas comme si tu avais enfoncé la tête des gamins sous l'eau ou que tu avais mis le feu à la maison... c'est juste une triste et macabre coïncidence...
Elle se releva en soupirant et se décida enfin à rentrer avant la nuit.
Marchant d'un pas rapide, elle y parvint, car les bandes orangées, roses et mauves du crépuscule avaient envahi peu à peu le ciel, à son arrivée chez elle.
Kasumi n'avait pas lâché l'affaire et pendant des semaines, elle chercha toujours plus loin un travail lui permettant de pouvoir manger tous les soirs en rentrant.
Les semaines s'égrenèrent pour se transformer en mois. Comme si le sort s'acharnait à vouloir la laisser sans rien.
La jeune fille était réputée pour ne rien lâcher sans avoir tout tenté, alors, fidèle à elle-même, elle alla chercher son bonheur dans les recoins les plus reculés qu'elle pouvait atteindre.
Un jour néanmoins, elle ne rentra pas bredouille. Une famille de tisserands avait bien voulu la prendre avec eux pour tisser et vendre les paniers. Elle avait accepté avec joie.
Kasumi avait donc passé la journée avec eux et appris à tisser des paniers avec de l'osier. À la fin de la journée, elle avait reçu quelques yens pour sa prestation. Elle était rentrée chez elle, heureuse comme une poule ayant trouvé un cure-dent.
Elle avait pu acheter, en économisant au fil des mois, une tour de potier qui lui permettrait de reprendre la poterie sans avoir à cumuler d'autres professions.
Pour l'argile, elle aurait juste à aller dans le lit de la rivière qui bordait le village, comme quand elle était enfant et qu'elle s'en recouvrait pour incarner "le monstre de la rivière".
Cela faisait beaucoup rire ses parents. C'était de bons souvenirs de son enfance...
Elle était bien loin maintenant, les rires ne raisonnaient plus que dans ses souvenirs.
L'amie de Reiko s'était un peu attardée sur le chemin et arriva après que la nuit ne soit tombée, ce jour-là. Les bruits de la nuit l'effrayèrent un peu, surtout quand elle arriva sur le chemin de sa maison. Des craquements de branches se firent entendre à quelques mètres d'elle. Les sens en alerte, elle se précipita dans sa cabane et ferma le battant. Elle s'assit sur les couvertures empilées qui lui servait de lit et souffla de fatigue. Elle se laissa tomber doucement, se coucha et regarda le plafond.
Demain, je commencerais la poterie et on verra comment je me débrouille.
C'était à présent l'automne et les feuilles commençaient à tomber des arbres, couleur orange, jaune et rouge. Une brise fraîche vint faire frissonner notre orpheline. Elle se leva, et alla calfeutrer la fenêtre d'où venait le courant d'air avec l'une de ses couvertures.
La nuit, elle, était toujours aussi silencieuse. Kasumi regardait le plafond, peinant à s'endormir.
Dans la nuit noire se déplaçait un monstre sanguinaire voulant à tout prix, étancher sa soif de sang et de chair humaine.
Il avait parcouru frénétiquement plusieurs kilomètres pour trouver ce qu'il cherchait.
Et il avait trouvé.
Reiko et ses frères jouaient avec le chien, un petit bâtard noir et blanc, qui avait attrapé un nœud de corde entre ses mâchoires. Ils s'amusaient à lui faire lâcher le jouet puis le jeter au loin. L'animal, très intelligent avait bien compris ce cheminement d'actions et revenait, la queue frétillante, vers ses maîtres autoproclamés. La fratrie Hoshinou avait trouvé ce chien, il errait dans le patelin et certains enfants s'amusaient à lui lancer des pierres et lui donner des coups de pieds.
Le chien avait essayé de s'enfuir, et son salut avait été Reiko. Elle s'était précipitée vers lui pour faire déguerpir les connards qui se plaisaient à faire souffrir un animal sans défense.
Depuis ce jour, le chien, ne les avait jamais quittés.
Continuant de jouer devant leur maison, dont les ouvertures laissaient entrevoir la lumière de l'intérieur, la porte fut soudain ouverte sur leur mère.
– Non mais qu'est-ce que vous faites encore dehors ?! Rentrez, dépêchez-vous, si vous voulez pas attirer des... des bêtes sauvages, exigea la vieille femme, légèrement apeurée.
– Pff... mais y a rien dehors, et puis le chien nous protégerait, répliqua son frère aîné.
– Oui, y a rien à craindre maman ! renchérit sa sœur.
– Vous êtes complètement inconscients, dépêchez-vous de rentrer, MAINTENANT !
– D'accord, ça va on rentre... capitulèrent-ils.
Ils pénétrèrent dans leur maison en traînant des pieds. Le chien, lui, restait dehors.
La bête s'approchait des habitations, sortait des sous-bois, flairant ce qu'elle cherchait, rien ne l'arrêterait désormais.
Kasumi essayait toujours de réussir à s'endormir mais le sommeil ne venait pas, elle restait là, à fixer le plafond comme si la surface lisse lui permettrait de sombrer au pays des rêves... ou des cauchemars. Il devait bien être 23 h, mais elle aurait pu sauter partout et parcourir des kilomètres sans faiblir.
Alors elle se leva, alluma quelques bougies pour éclairer de manière diffuse, toute la pièce. Elle se saisit de la tour de potier pour refaire les mouvements que ses parents lui avait appris.
Demain, elle irait chercher de l'argile et elle façonnerait son vase, qu'elle irait faire cuire elle-même, et elle le poserait sur la tombe de ses deux parents. Ils en seraient fiers.
~~~~~~~~
Déjà le troisième chapitre, cette fanfiction devrait s'étaler sur au moins une trentaine de chapitres si ce n'est plus, j'espère que celui-ci vous plaira, et à la semaine prochaine !
VOUS LISEZ
Lost in the mist (Muichiro Tokito x OC )
Fiksi PenggemarKasumi est une jeune fille de 15 ans qui va voir son quotidien de jeune fille de campagne bouleversé après sa rencontre avec un pilier, elle découvrira le monde sans pitié et violent associé à la traque des démons. Venger ses proches deviendra une o...