Ma solitude est si romantique, et je parle aux chats de gouttière qui feulent férocement lorsque je m'approche d'un peu trop près. Mais que voulez-vous vilains minous, je manque cruellement d'équilibre et je n'ai pas le luxe de choisir où je pose les pieds.
Debout sur les toits de la ville, chaque pied posé sur une tuile, je sens l'univers passer à travers moi pour m'imposer mon insignifiance. Et puis le ciel s'obscurcit sous une voûte nuageuse aux relents de pollution. Je perds les étoiles. Il n'y a plus de voie lactée.
Pourquoi j'adhère au monde ? Une intime collaboration qui se glisse sous mes vêtements pour imprégner de sa moiteur collante et indélébile la peau pâle de mes seins.
Pourquoi j'ignore mes dénégations viscérales ? Une violente maladie somatique qui est enfermée au creux de mon abdomen, entre mes organes chauds et poisseux et qui se retourne parfois en sursautant pour rappeler son existence.
Un rayon de lune éclaire épisodiquement la ville, et même la nuit, elle n'est jamais vraiment silencieuse mais change simplement d'atmosphère sonore : les voitures vrombissent en chuchotant, les chiens hurlent plus fort (il y a moins de bruits parasites, alors ils pensent qu'on les écoutera mieux), on entend le ronronnement de la ville comme si elle s'animait d'une vie qu'on ne pouvait percevoir que la nuit.
Oui.
La nuit a cette sombre influence qui nous pousse à hurler jusqu'à sentir les muqueuses s'arracher de notre gorge.
Et pourtant personne (pas même les chats) ne prend la peine d'écouter, le monde est pris d'une soudaine surdité qui accompagne le voile d'obscurité qui tombe sur nos yeux. Comme si être aveugle allait de pair avec le silence.Et même la nuit nous ignore.
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Dialogisme
PoetryPhilomène aime Lysandre, c'est son monde. Mais Lysandre est artiste, son monde à lui, est univers. •| Dialogue en prose, vous pouvez dire poésie. Suivi de "Annexe" : "Tout ce bordel prolifère comme des cafards, ça grouille et ça enfle, le crâne se d...