- c'est cette crainte sourde, tu la ressens ? Elle se tapit dans ton dos, chuchote contre ta nuque et se glisse derrière le pavillon de ton oreille.
Elle t'observe dans le regard des autres jusqu'à s'imposer en eux et occulter entièrement leur identité, ne reste plus que leurs yeux plein d'attente qui me scrutent comme d'innombrables mains avides qui s'agrippent à ma peau, la touchent et la tripotent comme pour calculer mes performances au travers d'un examen envahissant. Et leurs regards sont partout ! Je suffoque ! Ils contaminent mon univers jusqu'à s'immiscer dans ses profondeurs les plus personnelles pour le conquérir, le remplir et le recouvrir. Tel le caractère infectieux d'une maladie qui gagne l'esprit puis le corps (somatisation sardonique).C'est dans ta tête.-
- Je sais.
Mais je vois leurs attentes, qui me placent si haut - tellement haut - que j'ai l'impression de tomber perpétuellement en luttant pour ne pas me faire trop mal, amortir le choc d'une chute qui n'en finit pas. Jamais.
L'échec est humain. -
- Mais as-tu vu leurs regards déçus ?
Leurs yeux qui tremblent doucement en essayant désespérément de cacher leur désillusion, fuyant mon regard qui se veut et se croit stoïque dans l'attente de ce "Ah" embarrassé qui est lâché lourdement par la bouche, presque recraché mollement et poussé dans un dernier geste d'adieu par les lèvres qui lui donnent cet élan décisif lui permettant de basculer dans le vide. Il chute sous son poids terrible et déjà, le sol s'effondre sous mes pieds.
Ne me reste plus alors qu'à croiser ce regard emplit, non, Remplit de déception pour que l'on m'assène ce dernier coup fatidique.
Mais c'est votre faute ! Voudrais-je crier. Pourquoi placez-vous tant d'attentes en moi ?! Pourquoi complimentez-vous ma pseudo-intelligence que vous vous imaginez brillante, plutôt que de qualifier mes efforts douloureux ?
Voilà. Je voudrais juste m'enfermer dans une grotte et coincer ma tête entre mes genoux, boucher mes oreilles avec mes bras et fondre dans cette solitude aimable sans aucune opinion ni sentiment.
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Dialogisme
PoetryPhilomène aime Lysandre, c'est son monde. Mais Lysandre est artiste, son monde à lui, est univers. •| Dialogue en prose, vous pouvez dire poésie. Suivi de "Annexe" : "Tout ce bordel prolifère comme des cafards, ça grouille et ça enfle, le crâne se d...