( stupide récurrence, je n'arrive pas à faire un choix sans avoir des regrets. L'angoisse me tord le ventre. Des trémolos qui résonnent jusque dans mes os.
Putain d'indécision )— J'ai cette folie en moi qui pense encore pouvoir vivre en liant travail et plaisir.
— Le retour d'un sujet bien fâcheux, personnellement je repartirais bien lire un livre afin de nier la réalité encore quelques instants.
— Restes ici Philomène ! je pense que tu es plus que concerné par le sujet.
— Mais pourquoi continues-tu de t'acharner ?! C'est une décision qui a été prise, elle est actée, nous sommes trop investis pour pouvoir tout abandonner.
— Prisonnier ! Prisonnier ! C'est ce que tu dis ?! Je suis prisonnier d'une situation que je n'ai jamais voulu, est ce que tu sais à quel point elle me fait du mal ? À quel point chaque jour elle me tord le ventre d'appréhension ?
— J'ai préféré la sécurité de la science au péril de l'art. Je l'ai fait pour nous !
— Je comprends, je t'écoute, calmons-nous un peu. Et si nous ne sommes pas heureux en fin de compte ? Et si je deviens comme tous ces gens malheureux dans leur monde gris et sans saveur, à répéter chaque jour une routine automatique gravée dans mes veines par l'habitude. Ces gens ne sont pas heureux, ils ne font que subsister dans un système monochrome.
— Mais l'art, as-tu envisagé l'art ? L'as-tu réellement envisagé pour ce qu'il est ? Moi je le hais parce que je l'aime. Je t'aime Lysandre. Je me perds aussi dans la beauté de tes mots.
— A-attends, j'ai peur de ce qui va suivre, et pourtant je sais déjà ce que tu vas dire. Je voudrais hurler pour devenir aveugle et ne plus voir tes yeux compatissants, devenir sourd pour ne pas entendre ta bouche formuler ces mots indélicats. Je te déteste d'avoir toujours raison, mais c'est ce que tu es, l'essence même de ton être : une science du réel qui m'empêche de vivre dans le rêve.
— Lysandre, l'art est cruel, il est injuste. Car l'art appartient à son public, c'est à lui de décider de sa valeur, de lui attribuer son importance, quand bien même l'artiste aurait-il pu y mettre toute son âme ou simplement cracher un coup de pinceau unique sur une toile vide. L'art dépend arbitrairement du bon vouloir de ce peuple dont tu critiques le caractère.
— L'art est précaire, mais l'art est une passion. Il me rendrait heureux, vibrant de bonheur et de plaisir.
— Pour combien de temps ? Tu ne pourras vivre de ton art sans le considérer comme un travail. Ton art moura alors avec la passion, tu le contempleras sombrer dans les abysses avec un grand remous où, sur les lames de ses vagues, tu ne verras que le reflet de ton impuissance.
— Et voilà ton flot de paroles assassines dont chaque mot me traverse de part en part en laissant dans ma chaire l'empreinte pourpre de ma douleur.
— Et l'art pourrait te briser bien plus profondément que la science.
...
(On ne parle pas assez du problème d'avoir le choix, ni de celui d'avoir des rêves.
C'est égoïste d'appeler ça un problème, j'ai honte mais je suis si terrifiée)
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Dialogisme
PoetryPhilomène aime Lysandre, c'est son monde. Mais Lysandre est artiste, son monde à lui, est univers. •| Dialogue en prose, vous pouvez dire poésie. Suivi de "Annexe" : "Tout ce bordel prolifère comme des cafards, ça grouille et ça enfle, le crâne se d...