La Malédiction d'Ipswich

Taylor Simms

La porte ne s'ouvrit pas comme je l'attendais sur Toby mais sur une jeune femme aux yeux bleues intense. Évidemment, je l'avais reconnue et j'étais si heureuse de la revoir que je me jeta à son cou pour cacher mon émotion. Cela faisait près de dix ans que je ne l'avais pas revue. Son père n'étant pas affecté par la malédiction, il avait le choix de quitter Ipswich pour s'installer avec sa femme et ses filles à New York. Après celà, il avait fait le choix de ne jamais revenir même pas pour assister à l'enterrement de son frère jumeau, le père de Toby.

- Je croyais que ta branche de la famille Simms ne devait jamais remettre les pieds à Ipswich ? Questionnais-je.
- Il y a beaucoup de choses que mon père peut contrôler mais pas mon caractère.

Je reconnaissais bien le caractère bien trempé de Taylor, même lorsque nous étions enfants, c'était elle qui prenait souvent ma défense. Je la trouvais incroyable, si bien qu'elle était devenue mon modèle. Mon chagrin avait été intense lorsque sa famille avait pris la décision de quitter Ipswich et ainsi de partir sans même se retourner. Il avait été convenu de ne plus du tout avoir de contact avec les familles maudites. Alors la revoir était vraiment inespéré.

- Toby, pourquoi ne m'as tu rien dit ?
- Tu rigoles ? Cassie, tu boudais, me fit-il remarquer à juste titre. Comment aurais-je pu te le dire ?
- Peut-on arrêter les reproches ici ? Et juste profiter de nos retrouvailles ?

Je me tournai vers Taylor avec un large sourire aux lèvres. Elle avait sans doute beaucoup de choses à nous raconter. Ses dix dernières années, sa vie à New York. Je l'enviais énormément, si bien que je me demandais ce qui avait pu la faire revenir ici. Ipswich n'avait pas grand chose à apporter, à personne. Et ce n'était pas avec les cursus proposés notre université qui ferait poids dans la balance comparé aux facultés de New York ou même d'université plus prestigieuses dans le pays.

- Pourquoi es-tu venue ici ?
- Ça fait plaisir à entendre, dit-elle en riant.
-Vraiment Taylor, pourquoi ?
- Apprendre.
- Tu penses réellement que notre Fac est plus compétente comparée à celle dans laquelle tu aurais pu aller. Demandais-je perplexe.
- Cassie, je ne parles pas de choses que tu peux apprendre dans une université. Je te parle de magie. Mon père m'interdit de l'utiliser et veut encore moins me l'enseigner, m'expliquait Taylor. Il ne sait pas ce que c'est de se priver d'une partie de soi-même. Il pense que je suis à l'université de Dartmouth. Mon père va faire une crise cardiaque quand il recevra les factures. Je vais être déshérité sur le champ, continuait-elle en riant.
- Tu as toujours été en contradiction avec lui, s'amusa Toby avec un sourire aux lèvres.

Dans le miroir qui se trouvait face à moi, j'aperçus une forme. Je sentis mon coeur s'arrêter et je me retournais immédiatement. Rien. J'avais beaucoup a cherché du regard, il n'y avait personne. Mon imagination me jouait encore un vilain tour.

- Cassie, qu'est ce que tu as ? On dirait que tu as vu un fantôme.

La voix de Taylor avait réussi à me faire revenir à la réalité. Je jeta un coup d'œil aux visages de Taylor puis à celui de Toby, tous deux étaient dans l'incompréhension. En vérité, Taylor était proche de la vérité puisque j'avais eu l'impression de voir mon père dans ce miroir. C'est impossible.

Un large sourire apparut sur le visage de Toby qui nous montra sa salle à manger de la main. La table était déjà prête avec trois couverts de mit. Je m'installe face à une assiette. Notre hôte avait décidé d'opter pour un repas simple mais convivial. Un gratin de pâtes avait fait l'affaire mais j'étais convaincu que Toby ne l'avait pas cuisiné seul. Il avait dû avoir de l'aide de Taylor. Je connaissais parfaitement Toby et ses talents de cuisinier n'était pas très développés.