La Destructrice

**PRELUDE**

570 Avant Jésus Christ, Grèce antique.

Il régnait une douce chaleur dans la pièce richement décorée de meubles sculptés de roses et de liseret. Les draps dégageaint un parfum de lavande entetant et sur le sol de marbre blanc se reflaitait la clartée de la lune. Pourtant Hécate ne ressentait qu’un froid glacial en cet instant. Une douleur fulgurante enserra son ventre et parcourut son dos, si violente que des gouttes de sueur perlaient sur son front. Serrant les dents, elle appela Héra qui apparut presque dans la seconde.

Que me veux-tu ? Demanda la reine des dieux lui tournant le dos. Elle percevait sa moue de mépris à l’idée de se retrouver dans la même pièce qu’elle. La dernière fois qu’elles s’étaient vu, elles ne s’étaient pas quittées en de bon termes.  

N’obtenant pas de réponse, Héra se retourna et la surprise fut remplacée par son exaspération quand elle vit Hécate, livide, les sourcils plissés par la douleur, accrochée aux montants du lit et retenant sa respiration, dans l’attente que la contraction ne passe. 

Par Zeus, pourquoi ne m'as-tu pas appelé avant ? s’écria Héra, se précipitant au chevet de sa tante. 

Peut être parce que la dernière fois que nous nous sommes parlées, tu m’as dit d’aller pourrir au tartare. dit-elle haletante. Héra la foudroya du regard, mais l’emmena jusqu’au lit où elle l’allongea. 

Depuis quand prends-tu ce que je dis au pied de la lettre ? 

Depuis que tu as maudit le jour où j’ai ramené un titan dans mes appartements. lui dit-elle, rancunière. 

S’il n’avait été qu’un simple titan… mais il a fallu que tu nous ramènes leur prince. Lui dit-elle d’un ton sévère. 

Si j’avais su ce qu’il avait en tête, je l'aurais tué sur le champ. Éructa Hécate les dents serrées. Le fourbe s’est servi de moi ! Si je survis à ça, je jure de le tuer en moins de temps qu’il faut pour le dire. L'amertume dans la voie de la déesse surpris Héra, certe Hécate était une déesse démoniaque mais elle avait toujours été douce et prévenante.  

Avant de penser à te venger, nous devons faire naître cet enfant. Elle posa la main sur son ventre et ferma les yeux, laissant son pouvoir remonter le long de sa colonne vertébrale, jusqu’à ses épaules puis dans ses mains, se concentrant elle visualisa le bébé. Cette petite fille a hâte de voir sa mère. Allonge toi et essaye de te détendre, je m’occupe de tout. 

Le sourire et le regard rassurant d’Héra détendit un peu Hécate, qui redoutait de mettre un monstre au monde.

Je suis terrifié Héra, tu sais que si les moires apprennent son existence, elles la maudiront. 

Je parlerais à Thémis, mais le moment n’est pas à l’inquiétude. Il va falloir que tu te prépares à pousser, ta fille arrive. Hécate opina, puis serrant fort la main de sa nièce, elle poussa de toutes ses forces. Ce n’était pas le premier enfant qu’elle avait eu, mais cette fois c’était différent, elle le sentait au plus profond de son être. Epuisée, elle fit un ultime effort et sentit enfin la délivrance. Héra récupéra le bébé, qui poussait de fort vagissements et l'emmaillota dans un linge et le posa sur son sein. - Elle est parfaite philos. Elle n’a ni cornes, ni sabots et ni poils. Dit-elle dans un rire. 

Merci Hera, merci de tout mon coeur, une larme roula sur sa joue quand elle posa les yeux sur son enfant, tu es parfaite. 

Hécate, ma chérie, tu sais qu’elle est en danger ici et si Zeus l’apprend il te maudira et la tuera pour faire un exemple. Il faut que tu la mettes à l’abri. Je peux masquer sa présence un petit moment, mais pas éternellement.