Rajaar

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Deux mois que je me retrouve enfermé dans cet endroit de malheur et que je lutte pour ne pas me retrouver entre les mains d'un foutu client. Je n'ai aucune envie de me retrouver coincé entre les mains de l'un d'eux, surtout entre les mains d'un homme. Mais, il semble que mon accalmie soit terminée alors que je me retrouve à genoux devant cet homme qui se trouve debout devant moi. Je le fixe dans les yeux, me fichant éperdument de la première règle donnée au sein du complexe. Je ne n'ai aucun désir d'appliquer ces foutus règles dictées en ces lieux. Je n'ai aucune envie de me plier à leur volonté. En temps normal, je prend soin de ne pas le faire en présence des gardes car pour éviter de leur donner une raison de m'emmener dans l'aile dédiée au dressage d'esclaves comme je l'ai déjà entendu dire. Je n'ai pas forcément envie de me faire à nouveau frapper surtout qu'ils ne manquent pas d'imagination pour nous infliger les pires tourments bien que jusqu'à présent, j'avais été plutôt épargné dans mon malheur. -Quel est ton nom? demande l'homme alors que mon regard glisse sur lui. Il porte un turban sur la tête et j'imagine aisément qu'il vient d'un pays comme l'Irak par exemple.. Ce client ne me fait nullement peur contrairement aux garde donc je garde les yeux rivés sur lui. Je me fiche que ce soit un client important ou non. J'avais espéré continuer encore un moment sans avoir à tomber sur quelqu'un, sans avoir à devoir servir l'un des clients du complexe mais ma chance semble tourner. J'ai été tranquille et cette fois-ci, c'était bel et bien terminé. Je pensais avoir réussi à les décourager pour mon plus grand plaisir sauf qu'aujourd'hui, en cette fin d'après-midi, un garde était venu me chercher dans ma chambre de fortune, et devant ma réticence à le suivre, il avait appelé du renfort pour me mener jusqu'ici. Je suis toujours à genoux devant cet individu. Je suis dégoûté, peu désireux de me retrouver ici. Je suis tenté d'envoyer chier le client en lui disant qu'il aille au diable. Agacé, je rétorquais -Et le vôtre ? Deuxième règle que j'enfreins délibérément, je n'ai pas le droit de parler sans autorisation. C'est d'un ridicule cette règle. Remarque, il m'a posé une question donc techniquement, je peux parler.. enfin pour donner ce que demande le client pas pour lui poser des questions sauf que je m'en fous pas mal. -Siobhan, ajoutais-je. Une petite voix intérieure me disait qu'il fallait au moins que je donne mon nom. - Je suis étonné que vous ne sachiez pas qui je suis... pourtant, je dois être repéré dans le coin avec mon refus d'obtempérer. Ça m'étonnerait que ce ne soit pas spécifié sur mon dossier tout comme mon prénom.. vous ne savez pas lire? Je me mords la lèvre prêt à recevoir une gifle pour ma prise de parole non autorisée, sauf que ça ne vient pas. J'enfreins toutes les règles que j'ai eu l'occasion de lire dans leur fameuse brochure de malheur et dont j' ai strictement rien à carrer. Je n'ai aucune envie de me plier à leur volonté et aucune envie d'obéir tel un bon petit soumis. Je ne suis pas du genre à obéir. Ce n'est pas du tout mon truc. Je me mord la lèvre alors que je guette la réaction du Prince mais rien ne vient à ma prise de parole.

Je souris amusé par les paroles du slave. Visiblement. Je n'allais pas m'ennuyer avec lui, c'est une certitude et ce n'est pas pour me déplaire. Je l'ai choisi pour ça. J'avais parcouru son profil et je dois admettre que j'aime l'idée d'avoir un rebelle comme lui. Le dresser serait divertissant. - Tu es exactement ce que j'espérais. Un joli petit chiot en cage qui aboie fort mais qui ne mord pas. Je dois dire que c'est amusant. Je serrais les poings à sa remarque alors qu'il ricanait. Il se foutait de moi ouvertement et ça ne me plaisait pas. *Pour le moment* pensais-je. Et je me dis que c'est assez étrange qu'il ne soit pas au courant de ce que j'ai fait jusqu'à présent ou alors au contraire, c'est ce qu'il recherchait... un esclave qui se rebelle. Allez savoir.. ils ont tous un grain. J'étais en pleine interrogation qui fut interrompue lorsqu'il reprit la parole à mon encontre. -Du thé ? Pas le temps de répondre, il nous sert déjà deux verres en terre cuite et s'approche avec l'un d'eux qu'il tend dans ma direction. J'imagine que je n'ai pas le choix. Il poursuit alors qu'il plonge son regard dans le mien. - Mon nom est Rajaar El Azadi, Émir et Prince d'Iran, troisième fils du cheikh royal Nasir El Azadi Mais... Toi tu te contentera de m'appeler Monsieur ou Maître. Ni plus, ni moins. Je regarde ma tasse de thé fumante entre mes doigts. Si je ne buvais pas, il risquait de mal le prendre, non? Et puis, il s'agissait d'un prince. Je finis par boire une gorgée par pure politesse. Heureusement que j'aime la menthe et il faut bien admettre qu'il était bon et bien dosé donc finalement j'avais bien fait de boire. -J'ai un conseil à te donner Siobhan, mieux vaut que tu suives ces règles que tu détestes tant si tu veux qu'on s'entende. Je l'observe attentivement et je finis par avoir un sourire au coin des lèvres. -Vous et moi, on n'est pas du tout sur la même longueur d'onde. Sous prétexte d'être un Émir, prince, je devrais vous obéir.. Mais, je vais vous dire une chose, vous n'avez pas plus de droits que quiconque sur moi. Je ne suis ni un objet ni un animal. Je n'ai pas demandé à me retrouver ici et encore moins devant vous. Qu'on s'entende ou pas ne change rien à ma situation actuelle. Vous n'avez nullement le droit de me traiter comme un esclave. Je n'ai rien demandé. Jamais je ne permettrais qu'on me traite ainsi. C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Alors non, je ne resterais pas sans réagir. Je ne vous appartiens pas. J'étais en ébullition et je peinais à conserver mon calme. Je finis par ajouter -Puisque je suis ici... Dites-moi au moins la raison de ma présence... Qu'attendez-vous de moi? Le prince fait claquer sa langue contre son palet. Il boit doucement quelques gorgées de son thé avant de prendre le temps de défaire son turban sur son crâne, dévoilant sa chevelure noire.. je me surprends en le trouvant canon.

Siobhan -Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant