Qui aime bien, châtie bien

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Depuis l'arrivée d'Anaïs au sein de l'appartement, le prince m'avait complètement mis de côté. Au début ça ne m'avait clairement pas gêné. J'appréciais le fait qu'il me laisse tranquille. Que je puisse souffler. Au moins, la princesse Anya être satisfaite de ne pas me voir amoché par Rajaar. Elle pouvait prendre des clichés de mon dos nu, pas comme la première fois que je l'avais rencontré. Et ça avait le mérite de m'occuper de lui servir de cobaye. J'avais l'esprit occupé pendant ce temps. Rajaar s'occupait d'Anaïs... me délaissant totalement. Je me sentais à nouveau seul. Je ne comprenais pas pourquoi il agissait de cette manière à mon égard. Ah si... il attends que je craque. Forcément... il avait été clair sur le message dans le Donjon. Il ne viendrait plus et attendrais que je vienne vers lui. Ça ne pouvait qu'être cela, non ? Je ne sais pas. Et il occupe trop mes pensées. Ça me perturbe de plus en plus... mon corps commence à vouloir le sien. Comment puis-je avoir envie de lui ? Comment était-ce possible d'en arriver-là ? Et je sentais la jalousie envers la jeune femme qui occupait également les lieux. Je chassais ses pensées alors que je me réveillais ce fameux matin. Cela faisait une semaine que je n'avais plus été proche du Prince. Intimement. Je passais une main sur mon visage avant de me décider à me lever pour aller prendre ma douche. Rituel habituel après quoi, j'enfilais un sarouel bleu clair et un t-shirt blanc puis j'allais dans le séjour prendre un café. Je rangeais la table car Rajaar avait déjà mangé et Anaiïs semblait absente. Tant mieux. Le Prince rentra dans la pièce peu de temps après m'informant sans plus de cérémonie de le suivre. J'obéis sans un mot et il m'entraîna à travers les couloirs. Nous fûmes rapidement à destination. En l'occurrence les bassins. Je croisais son regard sans vraiment comprendre la raison de notre venue. Le Prince me fait comprendre que j'ai besoin de me détendre. Je haussais les épaules, peu convaincu. - Ce n'est pas de détente dont j'ai actuellement besoin mais d'explications, lâchais-je, finalement en croisant les bras. Je n'étais vraiment pas d'humeur. -C'est quoi cette nouvelle inquiétude.. depuis quand tu sembles inquiet de mon état ? Ça fait des jours que tu m'ignores donc tu dois bien te ficher pas mal de ce que je peux bien ressentir... Ne fait pas genre de te préoccuper de mon état. J'étais trop énervé. - Anaïs semble te suffire maintenant. Je ne vois même pas pourquoi tu me gardes à vrai dire. Les mots avaient franchi la barrière de mes lèvres sans que je puisse les retenir. La jalousie était là. Et je bouillonnais à l'idée de le savoir en permanence avec la jeune femme. Certes, elle était fort jolie mais ça m'agaçait tellement... Être ignoré était pire à vrai dire que de subir ses assauts ou même ses moqueries. Quelque part, cela me manquait. Finalement, je ne jette pas un regard sur le Prince alors que je décide de retirer mes vêtements. Il avait raison, fallait que je me détende. Et vu que nous étions vers les bassins, autant en profiter. Je rentrais dans l'eau en peu de temps puis plongeais la tête sous l'eau et fit quelques brasses avant de remonter à la surface de l'eau rejetant ma tête en arrière et me frottant le visage. Je sentais le regard de Rajaar posé sur moi et étrangement, je sentais un frisson parcourir mon corps. Je me retournais pour l'observer. -Tu comptes resté planté là ou tu vas me rejoindre ? Je savais que je m'attirais des ennuis à lui parler comme je le faisais depuis le départ mais ça m'était totalement égal. Je ne pouvais pas me retenir. J'étais trop furieux contre lui. Furieux qu'il me laisse en plan. Furieux qu'il m'ignore. Furieux qu'il ne s'occupe que d'Anaïs. Furieux de ressentir à cet instant une envie pressante de le plaquer contre le rebord du bassin et de l'embrasser pour lui signifier que j'existais encore. Oh mais sérieux, qu'est-ce qui me prenait ?

Je devenais fou... Soulagé... voilà ce que j'aurais dû ressentir. Au départ, ça avait été le cas, je ne peux le nier. Soulagé qu'il me laisse du répit... qu'il me fiche la paix et s'occupe d'Anaïs. Mais, très vite, je sentais la solitude m'engloutir. Si je n'étais pas occupé avec la Princesse, mon esprit errait et songeait à la façon dont le Prince m'avait mis de côté. Être ignoré est vraiment désagréable. Je n'aime pas cette sensation. Et entendre la jeune femme crier son plaisir tous les soirs devenait insupportable et me ramenait les images de la nuit dans le Donjon. Bon sang, je devenais fou de penser à tout cela. Mais, je sentais la colère m'envahir alors que ce matin je me retrouvais vers les bassins en compagnie de Rajaar. Et je ne mis pas longtemps à exploser littéralement auprès de lui. Je n'aurais pas dû. Il va forcément me faire regretter de m'adresser à lui de cette manière, tel son égal et de cette façon. Cependant, à cet instant, je m'en contrefiche. Je ne peux pas garder les mots qui jaillissent sans retenue. Je finis par me rendre dans le bassin... l'eau me ferait peut-être du bien malgré tout. Alors que je remonte à la surface, je finis par demander s'il compte venir ou pas. A vrai dire, ça m'est égal. Je suis tellement furieux après lui. Je le vois retirer un à un ses vêtements. Mes yeux glissent sur son corps d'Apollon et je me frappe mentalement de le mater ainsi. -Approche. Je redoute un peu le fait de me rendre près de lui. J'appréhende sa réaction. Je m'attends à ce qu'il me punisse pour mon comportement. Je m'exécute tout de même. Et je me retrouve assez proche lorsqu'il m'enlace, plaquant son torse contre le mien. Le contact me surprend et je frissonne alors que je vois son visage tout près du mien. Il frôle même mes lèvres avec les siennes et l'envie de l'embrasser me submerge. Je l'écoute, silencieux. –Je ne suis pas sûr de comprendre.. Qu'est-ce qui t'agace autant? Tu n'as cessé de me reprocher de te traiter comme un jouet, je pensais que tu serais heureux et soulagé que je te laisse en paix en allant baiser quelqu'un d'autre. Je me mords l'intérieur de la joue, me sentant stupide de me mettre dans un tel état. -Dans un sens, oui »,dis-je. Je me mords la lèvre lorsqu'il glisse sa main sur mes fesses et qu'il plaque son bas-ventre contre moi. Je sens la chaleur m'envahir et je ne sais plus comment me comporter. Le désir de le posséder revient dans mon esprit. Je déglutis... je me sens poussé par le désir mais me retient. Je baisse les yeux. -Être ignoré n'est pas forcément agréable, finis-je, par répondre. -J'ai l'impression de faire parti des meubles et je trouve que c'est pire d'être seul que.. me faire baiser ? Je ne me comprends pas moi-même dans mes explications. A vrai dire depuis le Donjon, je ne cessais de penser à Rajaar, à ses formes, à sa façon qu'il m'avait embrassé, pris... donné du plaisir. Et avec le temps, cela me manquait. Me retrouver dans ses bras était juste agréable.... je n'avais aucune envie de bouger. Ce n'est pas possible, je ne suis pas normal.

Siobhan -Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant