4. Le Parfum

42 6 4
                                    

IV. 

La jeune femme tomba à genoux et laissa échapper un bruit éraillé. 

Elle ouvrit la bouche et remuait sa langue dans tous les sens, comme pour dire quelque chose, mais rien de plus que son étrange gémissement ne sortit.

— Je sais que tu veux crier, dit l'homme face à elle.

Dans la pénombre de cet appartement, son ombre écrasait sa silhouette tremblante. 

Il prit place dans le fauteuil du salon jusqu'où il la traina. 

La pluie battait contre le verre de la fenêtre. Nethem était de nouveau plongée dans une averse.

L'homme retira son dos du dossier, posa ses deux avant-bras sur ses cuisses, et prit le menton de l'inconnue d'une main pour lui forcer le regard. Le cuir de ses gants frotta douloureusement sa peau échauffée et elle grimaça.

— Vas-y. Crie.

Sa proie ne prononça qu'un faible son. Le regard terrifié et humide, elle gémit comme un petit animal.

— Crie.

Sa poigne se renforça autour de sa mâchoire mais impossible pour elle d'en dire plus. 

— Oh... Tu ne peux pas, lui souffla-t-il.

Son sourire était taché de rouge et la muette ne quittait plus ses deux canines des yeux. Elle les avait senti lui déchirer la peau.

Il retira sa main et tapota ses doigts contre le front en sueur de sa victime. Celle-ci sursauta, horrifiée par le moindre de ses gestes.

— Je sais, je sais... Pourquoi toi ?

Son gant migra jusque sur le sommet de son crâne avant de doucement descendre sur ses longs cheveux roux.

— Pourquoi, pourquoi..., repeta-t-il d'un air amusé.

Sa paume glissa contre sa nuque frêle et sa poigne se resserra. Il huma grandement l'air et ferma les yeux.

— Ton odeur me parle.

Elle fronça des sourcils, sidérée par sa réponse.

— Dans cette foule, je t'ai presque confondu avec une autre.

L'innocente traversa la ville en pleine nuit. Enjôleuse et enivrée, elle enlaça son homme pour la nuit et déambula avec lui jusque chez elle sous une pluie battante. 

Son bras quittant son cavalier pour ouvrir l'entrée de son appartement, elle ne remarqua pas l'ombre à côté d'elle changer. 

La porte se referma derrière eux et son monde bascula.

Elle ne vit rien de sa vraie nature ;

Rien que le silence et la rapidité de ses pas ; rien que la finesse de sa brutalité.

Rien que le vice dans ses mots.

Rien que le sang qu'il se mit à boire.

Anormalement fort, sauvage et hypnotique, son regard noir animal figea son esprit et ses crocs prirent possession de son corps.

— Ton parfum me rappelle quelqu'un, continua le vampire. Et je déteste ça.

La rousse tétanisée gémit pour protester. Il rouvrit les yeux et pencha la tête sur le côté pour observer son cou. Ecarlate, négligemment transpercé, il se délectait déjà d'y regoûter et sourit.

— Tu m'as dit plus tôt que tu voulais jouer. Nous voilà en plein dans mon jeu.

La créature était créative. Bien trop inventive. Jouer avait tant de définitions.

Le MarionnettisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant