Chapitre 5

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Révélations et Confrontations

Evidemment, plus besoin de ruban adhésif sur la bouche quand on se retrouve seule face à soi-même. Je n'observe pas les alentours, j'aurais, semble-t-il tout le temps de le faire. Avant que mon kidnappeur s'en aille je l'interpelle.

- Eh ! Je peux te demander de m'enlever le tablier ?

Il fait demi-tour afin de m'ôter le tissu. Serait-ce trop demander d'enlever mes attaches ?

- Tes pancakes étaient délicieux, j'ai refusé de gaspiller. Il ne l'avouera jamais, mais Curt aussi les a bien aimés.

Il n'y avait pas que la vue d'appétissant connard. Alors voilà comment se prénomme le gardien des ombres, le bel inconnu, le meurtrier...

- Merci. Comment tu t'appelles toi ?

- Lancelot. Ledesma, mais mon nom de famille devra rester entre nous.

Dit-il accompagné d'un clin d'œil. Grincheux redevient joyeux. Il s'en va. Me laissant seule dans une solitude totale. Mon esprit est envahi par une multitude de questions qui tournent principalement autour de mes sœurs et de mon père. Il est certainement au courant de l'agression et il doit essayer de nous contacter d'une manière ou d'une autre. Je l'imagine devant les vidéos de surveillance en train de les regarder attentivement, une tasse de café ou un verre de rhum à la main, nous étudiant comme à son habitude.

- Je veux parler !

Pour dire quoi ? Je n'en sais rien. Je n'ai même pas tenue dix minutes. Ce n'est pas Lancelot qui entre mais le fameux Curt. C'est comme s'il était planté derrière la porte, attendant cette phrase avec hâte.

- Je t'écoute. Dis-moi une chose que je ne sais pas.

Il me déstabilise, je me concentre sur un point imaginaire derrière lui pour ne pas être forcée de le regarder dans les yeux.

- Est-ce que je serais avec elles après ?

J'ai besoin d'en avoir la certitude. Il m'analyse, cherchant sûrement à savoir si je vais être imprévisible comme Vic. Ou si je vais déblatérer comme Gloire.

- Tout dépends de l'info.

J'acquiesce et prends une profonde respiration.

- Mon père est un salaud de première classe. Il va venir récupérer ses filles simplement parce que sans nous, il ne peut pas poursuivre... ses expériences sadiques.

Je m'arrête brusquement dans mon récit. Les mots justes me manquent et je sens sa colère envahir l'espace. Il pense sûrement que je mens.

- La vérité.

Exige-t-il.

- C'est... Un scientifique qui a pété un plomb. Il dispose d'une véritable armée d'hommes à sa disposition pour l'assister dans ses sinistres expériences.

- Tu crois que je vais en faire quoi de ton info ?

Sa voix est grave, presque séduisante, ne parvenant pas à dissimuler l'ampleur de la menace qui planait sur nous. Malgré cela, je lui adresse une réponse empreinte de maîtrise :

- Tu ne sais pas de quoi il peut être capable.

Un silence pesant s'installa dans la pièce, lourd de tension. Je sentais que mes paroles avaient fait écho en lui, provoquant une réaction indéchiffrable. Tout en retenant mon souffle, je le sens me regarder intensément, comme s'il était en train d'évaluer mes paroles et de mesurer la vérité qu'elles contenaient. Finalement, il rompit le silence en ajoutant d'une voix chargée d'émotions :

- Il ne sait pas de quoi je peux être capable.

Ces mots, prononcés avec une assurance et une détermination palpable, résonnèrent dans l'air avant qu'il ne quitte précipitamment les lieux. Mon âme tout entière fut secouée par ses paroles. Je pouvais sentir un mélange d'admiration et d'inquiétude m'envahir. Disordine, je veux voir mes grandes-sœurs. 

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