Les liens obscurs

Chapitre 14

Mission Sous Tension

CURT

Ma putain d'odeur est sur elle. L'avoir vu s'appliquer mon parfum, sans se douter une seule seconde que c'est le mien, m'a fait bouillir intérieurement. Pourquoi ne lui ai-je pas arraché ? Putain, je n'en sais rien. Je suis assis dans la voiture avec Gloria, conscient qu'il est essentiel que ses sœurs ne sachent pas qu'elle est encore en vie. Les deux autres sont donc avec Lance, ne se doutant de rien.

- Je pourrais voir un docteur ?

Je ne prends pas la peine de la répondre. J'imagine qu'elle fait allusion à son petit doigt que ma mère a cassé pour obtenir des réponses. Depuis le temps, elle devrait le sentir bouger. Elle porte une longue robe noire identique à celle de sa benjamine. Suffisamment long pour cacher le bracelet électronique à leurs chevilles. Pourtant, je ne ressens pas l'envie de la lui enlever. Pas comme... j'ai pu le ressentir auparavant avec sa sœur dans la salle de bain. C'est la personne, pas le vêtement. Me souffle ma conscience.

- Tu resteras dans la voiture, avec une dame qui prendra ma place dès que je serai garé.

Je n'attends pas de retour, je partage juste le plan. Elle ne doit pas se montrer sous aucun prétexte. Elle ignore la rumeur qui tourne sur elle, autant que ça reste ainsi. Une fois sur place, je sors de la voiture et me dirige vers le coffre tout en restant à l'écoute. J'attends de percevoir le claquement d'une portière, qui serait le signal que Gloria est sous surveillance. Ce son tant attendu arrive rapidement, doux à mes oreilles. Je prends mon arme et la glisse discrètement dans mon dos, entre le pantalon et la chemise, sous ma veste, m'assurant qu'elle est bien en place et sécurisée, prête à être utilisée.

- Prêt ?

Lance me rejoint avec les deux idiotes. Je ne peux m'empêcher de rouler des yeux en constatant la tenue de Vicki, une longue jupe en jean et un haut à longue manche bien transparent. Elle fait tache, mais j'avais prévu la même robe que ses sœurs, c'est Lance qui a décidé autrement. Son style, me paraît complètement ridicule. Quant à l'autre femme... Putain, je n'arrive pas à détacher mon regard de cette conne. Je me retiens de renifler comme un porc rien que pour sentir ma putain d'odeur émanant d'elle.

- Allons-y.

Annonçais-je. Nous avançons en groupe, mais dès que mon pied franchit le seuil de la salle, je me retrouve seul, direction l'étage. Mon objectif est clair : trouver ma cible et trouver un point de tir idéal. Je me déplace silencieusement, scrutant chaque recoin de la pièce à la recherche de ma cible. Mon attention se focalise sur les détails, analysant les mouvements des invités, et de mes infiltrés, cherchant les signes distinctifs de ma proie. Je me concentre sur le placement stratégique, cherchant un point de tir qui me permettrait d'atteindre ma cible sans être repéré. Je sais que je ne peux pas me permettre de faire une erreur, que chaque instant compte dans ce travail. Et pourtant... Mes yeux captent la silhouette de cette femme qui m'agace, et malgré moi, elle parvient à me déconcentrer. Je vois que Lance est derrière elle, et une sensation étrange et dérangeante m'envahit : l'envie d'être à sa place. C'est frustrant. Rien que d'y penser compromet mon taff.

- Un verre ?

Je refuse. La serveuse me fait revenir à la réalité, celle de me focaliser sur la tâche à accomplir. Avec une concentration implacable, je continue de me déplacer silencieusement à travers la foule, cherchant le point de tir idéal. Soudain, mes yeux repèrent un emplacement stratégique surélevé, offrant une vue dégagée sur la foule. C'est l'endroit parfait pour atteindre ma cible. Je me faufile habilement à travers la foule, évitant les regards curieux et les obstacles. Mon cœur bat rapidement, l'adrénaline pulsant dans mes veines. J'adore cette partie du job. Chaque mouvement est précis, chaque pas est calculé. Arrivé à l'endroit, je m'immobilise, faisant corps avec l'ombre. Je sors mon arme, la tenant fermement entre mes mains. Ma respiration est calme, mes sens aiguisés.

- Où es-tu ?

Murmurai-je en scrutant les gens dans le viseur. Pitié que je ne tombe pas sur elle. Comme pour détendre l'atmosphère qui règne autour de moi, des aboiements se font entendre. J'avais oublié que c'était une soirée pour une animalerie, évidemment que certains animaux sont là.

- Je t'ai trouvé, sale chien.

En voilà un, sur deux jambes. Une espèce de connard. Ma cible, une figure clé de l'événement. Il doit beaucoup d'argent, et malgré les menaces qui n'ont pas eu l'effet escompté, les choses sérieuses sont sur le point de se déclencher. Il est en train d'arnaquer ces gens, il ne bouge pas, verre de champagne en main. C'est le moment opportun. Mon doigt appuie doucement sur la gâchette, mes yeux fixés sur la ligne de mire. Le temps semble se figer. Le projectile vole à travers l'air, atteignant sa cible avec précision. Un instant de confusion s'installe alors que la foule se fige, réalisant ce qui vient de se passer. Tant qu'à moi, je glisse mon arme à sa place initiale. La panique éclate, la foule se transforme en une marée de chaos et de confusion. Les cris remplissent l'air, les gens se précipitent dans toutes les directions, cherchant à échapper à la situation. Je reste immobile un moment, laissant l'agitation se propager autour de moi. Je sors de ma cachette pour me mêler à ce désordre. Je me fonds dans la confusion, me frayant un chemin parmi les gens qui fuient. Mon esprit reste concentré, cherchant la meilleure issue pour quitter les lieux en toute sécurité. Ma mission est accomplie, mais l'adrénaline continue de pulser à travers mes veines, amplifiée par la scène que j'observe. Je distingue Triomphe, cette foutue femme, qui tente désespérément une réanimation sur le corps inerte de l'homme que je viens de tuer. Mon regard se fixe sur elle, partagé entre l'envie d'intervenir et la nécessité de rester dans l'ombre. Lancelot Ledesma où es-tu ? Intervenir maintenant risquerait de compromettre ma position et de mettre en danger la réussite de ma mission. Alors que je m'éloigne, les images de la scène restent gravées dans ma mémoire. Je sais que je ne pourrai pas oublier Triomphe et sa tentative désespérée de sauver une vie qui n'est plus. Pour me distraire de cette putain de pensée... J'active le bracelet électronique des trois filles. Sans regret.