Chapitre 19

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Le Réveil Cauchemardesque

TRIOMPHE

Cela doit faire... Je ne sais pas... Une demi-heure ? Que je suis réveillée à la suite d'un mauvais rêve. Je lutte contre ma robe qui m'étouffe, regrettant de ne pas l'avoir retirée plus tôt. Elle est désormais bien moins élégante, imprégnée d'eau, tout comme moi, chiffonnée par l'événement. Pourquoi le médecin n'a-t-il pas pensé à me faire changer de tenue ? Peut-être n'a-t-il pas remarqué ma situation gênante ? Quoi qu'il en soit, je comprends que je ne peux rien faire allongée. Péniblement, je me lève pour enfin laisser glisser le tissu de la robe. J'aurais dû enfiler le pyjama que Curt m'avait tendu... C'est une serviette qu'aurait dû me tendre ce connard. La robe tombe sur le sol, et je frissonne en réalisant qu'elle n'est pas la seule tenue à terre. J'enfile mon pyjama qui reposait près de la "scène de crime". Cependant, une fois accroupis un cri d'effroi s'échappe de ma bouche lorsque je réalise ce que je touche : un liquide visqueux et dégoûtant.

- Tout vas bien là-dedans ?

Un homme dont la voix m'est inconnue m'interroge de derrière la porte. Prise de surprise par cette intervention soudaine, je ne sais pas trop quoi répondre, étant encore perturbée par la découverte de ce qui semble être un après branlette.

- Je... E... Oui. Oui, oui tout roule.

J'essuie le sol avec le caleçon, que j'enroule ensuite dans la robe. Je porte le tout dans mes mains et bordello... Je meurs d'envie de balancer ce tas sur la gueule du responsable. Et si c'était possible ?

- Pourriez-vous m'ouvrir, s'il vous plaît ? J'ai besoin de voir quelqu'un à propos de mon état de... santé.

Dis-je d'une voix calme, malgré ma frustration intérieure. J'espère que cette personne derrière la porte comprendra l'urgence feinte de ma demande. J'entends le déclic de sécurité et la porte s'ouvre. L'homme m'attrape immédiatement le poignet et me traîne vers ce qui semble être une salle à manger. Une montée d'adrénaline m'envahit alors. Mon regard est fixé sur Curt. J'en connais un qui va bientôt récolter ce qu'il a semé.

- Monsieur, désolé de vous interrompre. C'est à propos de sa...

Avec détermination, je ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase et me précipite vers le fauteur de trouble. Je lâche le tas de vêtements au-dessus de sa tête à une vitesse qui m'épate moi-même. Je réalise l'audace de mon action, m'étant libérée d'une prise pour foncer droit dans la gueule du loup.

- Putain !

Curt déverse une série d'insultes crues, l'une après l'autre. En italien, anglais et français. Pendant ce temps, l'homme qui était à ma porte me reprend le poignet, le serrant encore plus fort qu'auparavant. Il doit me détester. Je capte le regard de Lancelot, qui, quant à lui, se mord les lèvres pour retenir un fou rire face à l'absurdité de la situation qui se déroule devant lui.

- Tu ne vois pas que cette pétasse se porte bien mieux !

Son visage se crispe tandis qu'il observe attentivement le caleçon qu'il tient entre son index et son pouce. Je suis certaine qu'il est le maudit propriétaire de ce calbut.

- Je...

Le pauvre gars semble perdre ses mots, mais il ne lâche pas pour autant la pression sur mon poignet. Il doit vraiment me détester.

- Tiens vas me laver tout ça. Tu rigoleras moins.

Sans dire un mot, Curt balance le caleçon dans la direction de son ami, qui grimace automatiquement en le rattrapant. Malgré son air mécontent, l'ami de Curt, récupère la robe et n'exprime pas de protestation. Il quitte la pièce pour nettoyer les vêtements, passant très vite de joyeux à grincheux.

- Ramène-là.

Sans la moindre hésitation et sans prononcer un mot, cet individu, ressemblant au même homme qui m'a apporté la robe et le bracelet électronique, me tire par le bras jusqu'à la chambre qu'il garde comme un toutou obéissant. Je tousse légèrement. Je n'ai même plus d'eau si cela devient sévère... Le silence pesant est mon nouvel ami. Je suis allongée sur le lit, essayant de me calmer et de comprendre ce qui vient de se passer. Les draps froids et humides ne font qu'ajouter à mon inconfort, mais je suis trop épuisée pour me lever à nouveau. Soudain, un bruit léger attire mon attention. La porte s'entrouvre doucement, laissant passer une silhouette que je reconnais immédiatement : Lancelot. Il entre discrètement, refermant la porte derrière lui sans bruit.

- Hé, ça va ? murmure-t-il en s'approchant de moi.

Je hoche la tête, bien que ce ne soit pas totalement vrai. Lancelot s'assoit au bord du lit, son expression est sérieuse, contrastant avec le fou rire qu'il tentait de réprimer tout à l'heure.

- Écoute, je suis désolé pour tout ça. Curt est... compliqué, commence-t-il.

Je laisse échapper un soupir. Compliqué est un euphémisme.

- Pourquoi tu es ici, Lance ? Tu veux te moquer de moi ? Ou m'insulter ?

Dis-je, ma voix teintée de ressentiment. Il secoue la tête vigoureusement.

- Non, je suis venu m'assurer que tu allais bien. Je sais que Curt peut être un vrai connard parfois. D'autant plus si tu es ma future belle-sœur, je dois bien te réconforter.

Je le regarde, surprise par sa réponse.

- Future belle-sœur ? Tu plaisantes, n'est-ce pas ?

Dis-je en le fixant. Il esquisse un léger sourire en haussant les épaules.

- Quoi qu'il en soit, j'ai reçu l'ordre de me tenir loin des prisonnières. Ce type devant ta porte est visiblement mal formé, ne profite pas de son manque de compétence.

Il détourne volontairement le sujet, mais ce que j'entends surtout, c'est « il n'est pas aussi coriace que moi ». Je commence à voir maintenant le point commun qu'il partage avec Curt : la malice. C'est lorsqu'il prend congé que je réalise qu'il va me manquer, Lancelot commençait à gagner en estime à mes yeux.

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