Chapitre 4

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Prises au piège

Je me réveille avec une sensation désagréable, comme si un chantier était en plein activité dans ma tête. Je prends rapidement conscience que mes poignets et mes chevilles sont attachés. Je suis allongée sur un sol dur, et la luminosité est si faible que j'ai l'impression de ne pas avoir ouvert les yeux. Bon sang, ça me met en colère de penser au petit-déjeuner auquel nous n'avons pas pu profiter. Ce fichu tablier qui me charmait touJe me réveille avec une sensation désagréable, comme si un chantier était en plein activité dans ma tête. Je prends rapidement conscience que mes poignets et mes chevilles sont attachés. Je suis allongée sur un sol dur, et la luminosité est si faible que j'ai l'impression de ne pas avoir ouvert les yeux. Bon sang, ça me met en colère de penser au petit-déjeuner auquel nous n'avons pas pu profiter. Ce fichu tablier qui me charmait tout à l'heure m'irrite maintenant. Mais est-ce qu'il est encore question de « tout à l'heure » ? J'ignore le temps qui s'est écoulé depuis qu'on nous a... On nous a quoi déjà ? Droguée ? Piquée ? Putain...

- Omphe ! T'es réveillée ?

Je stabilise mon crâne contre le mur tout en marmonnant une phrase qui me semble incompréhensible.

- Mèrda, ils t'ont bâillonnée la bouche.

À l'entente de cette phrase, un tourbillon d'émotions me submerge. Comment vont-elles ? Comment je vais ?

- Respire, Triomphe. On va bien. Victoire est encore inconsciente, mais aucune de nous n'est blessée. Du moins je crois.

Les mots de Gloire, me fait monter en pression en moins de deux. J'entends de vagues gémissements, Victoire émerge. Elle semble également être privée de parole, prononçant des phrases totalement indéchiffrables. Elle panique en réalisant qu'elle est otage, je le comprends, rien qu'au son qu'elle émane. Et je connais cette sensation, puisque je suis aussi passé par là.

- Respirez, vous ne faites qu'aggraver votre état. L'une d'entre vous pourrait essayer d'enlever ce qui vous bloque la parole, s'il vous plaît !

Glo, commence à s'impatienter. Cela va de soi, elle parle seule. Et veut sûrement entendre de vives voix qu'on se porte bien. Après avoir pris une profonde respiration, j'essaie d'utiliser ma langue pour enlever l'espèce de scotch qui colle à mes lèvres. Mission impossible. Victoire semble échouer aussi de son côté.

- Je vais crier.

Merci de prévenir, on n'a même pas les moyens de se boucher les oreilles. Son cri aigu me fait frissonner. De brefs souvenirs me reviennent : il a vérifié que ma plaque était bien éteinte avant de me lancer un clin d'œil et de lâcher un « dormez bien ». Puis, rapidement, j'ai senti une aiguille traverser mon cou. Ça s'est enchaîner si vite... Le bruit sourd de la porte qui s'ouvre brusquement me tire de mes pensées, me ramenant à la réalité brutale de ma situation. Un souffle d'air froid et humide s'engouffre dans la pièce. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, l'anxiété m'envahissant alors que je me demande ce qui va suivre.

- Ferme ta gueule. Le boss va me massacrer. Comment...

Joyeux. C'est un surnom moins classe que gardien des ombres mais tout de même représentatif de la première impression. Au vu de son étonnement, je dirais que Gloire n'aurait pas dû avoir le droit de parole. Il s'approche d'elle, j'entends ses pas, sa voix, mais de là où je suis et avec cette faible luminosité, je ne vois rien. Je ne sens même pas l'odeur d'un quelconque parfum dans cette pièce.

- Non, je vous en prie. J'aime parler, et je pense que ça les rassure de m'entendre. Ça me rassurait aussi de les entendre...

Elle tente des sous-entendus, dangereux mais aventureux.

- T'es mignonne, toi. Mais je ne peux pas libérer tes sœurs.

- Savez-vous au moins qui nous sommes ?

J'ai envie de hurler, je m'agite soudainement, allant à l'encontre de ma douleur à la tête. Je prie pour qu'elle se taise, par pitié.

- Rassis-toi. Ta sœur vient d'éveiller ma curiosité. Qui êtes-vous donc ?

J'imagine que Vic s'est levée pendant que je me retrouve sur le ventre, essayant tant bien que mal de faire de même. Mèrda.

- Je veux d'abord entendre leurs voix.

Une deuxième fois, la porte s'ouvre bruyamment, me faisant sursauter, mais cette fois-ci, la personne reste en retrait, ne franchissant pas le seuil. Je reconnais immédiatement sa présence rien qu'au parfum qui flotte maintenant dans la pièce. Il s'appuie nonchalamment contre l'encadrement.

- Pas de marchandage ici.

Cet homme...

- Tu ne veux pas savoir qui elles sont ?

Il prend quelques minutes avant de répondre :

- Pas la peine, je le sais déjà.

Impossible. Ma pensée résonne au même moment que Gloire le dit à haute voix. Le gardien des ombres s'accroupit sans bouger de l'entrée, mon bras tendu n'est pas loin et avant même que je comprenne ses intentions, il me saisit brusquement et me tire à ses côtés, sans ménagement. Il me met sur mes deux pieds d'une facilité qui m'étonne, et m'ôte le scotch. Je retiens une grimace. Ça fait un mal de chien.

- Rassure ta sœurette.

Me susurre-t-il à l'oreille.

- Gloire, j'ai un mal de crâne horrible.

C'est la première chose qui sort de ma bouche. Je renchéris rapidement, sentant le souffle chaud du tueur en série dans mon cou.

- Mais tout va bien.

Il dessert légèrement sa prise. L'air satisfait de ma réponse.

- Je veux l'entendre aussi.

Glo, bordel, qu'est-ce que tu fais... Joyeux, semble s'approcher de Vic. C'est quelque chose que je n'aurais pas osé faire à sa place.

- Je le fais ?

Après avoir jeté un bref regard dans notre direction, je réalise que l'homme derrière moi lui donne le feu vert. Une fois le ruban adhésif retiré de la bouche de ma sœur aînée, celle-ci crache littéralement en plein dans le visage de celui qui devient moins joyeux.

- Je peux la tuer, si tu ne peux pas.

Je serre des dents, il l'a mérité. Il vient de bousculer vers le surnom grincheux. Disordine, c'est quoi leurs noms ?

- Ouais, moi aussi je vais bien les filles. En revanche je vais botter des culs !

- Si je ne botte pas le tien avant.

- Toi, ne fais pas ton malin.

Leurs échanges se fait interrompre par l'homme derrière moi.

- Alors les malines, dîtes moi quelques choses que je ne sais pas.

- Vous avez dit savoir qui nous sommes. Maintenant laissez-nous, s'il vous plaît...

Un silence de plomb s'installe, je suis outrée du culot de la cadette. Je crains que ce soit sa manière de gérer le stress. Je ne trouve même plus les mots moi-même.

- Sépare les. Quand l'une d'elles voudra bien coopérer tu me feras signe.

Il me maintient fermement. Je ne pourrai pas rester éloignée d'elles pendant deux heures. Je vois grincheux pousser Vic vers moi, enfin, vers la sortie. J'aimerais pouvoir avoir plus qu'un simple contact visuel quand elle est proche de moi. La retenir, mais je ne peux pas. Ils se faufilent à côté de nous. Je me penche pour voir où il l'emmène, deux portes plus loin. Putain. Je m'attendais à ce que le gardien des ombres me guide de lui-même vers une pièce, mais il ne le fait pas. Le meurtrier me tend à son pseudo ami comme un vulgaire torchon qu'on échangerait, et c'est à mon tour de me faire trainer.

- Glo, je t'aime mais cesse de dire des conneries sous la panique !

Je hurle dans sa direction quand je me trouve dans le couloir, la porte claque et je n'ai pu qu'entendre des sanglots comme simple réponse. 

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