Eaux Troublées
TRIOMPHE
Les pulsations électriques se déchaînent sur mon corps, me plongeant dans un tourbillon de douleur insoutenable et de souvenir désagréable. Chaque coup d'électricité me faisait tordre de douleur, comme si mon existence même était condamnée à cet enfer inarrêtable. Je continue tout de même le massage cardiaque sur cet homme, en serrant les dents. Ignorant le sang qui se répand dans mes mains. Cependant, Lancelot intervint brusquement, m'écartant du corps inerte. Les affreux chocs électriques cessèrent de résonner, me ramenant brutalement à la réalité : je n'ai pas réussi à sauver cet homme.
- Il est mort, Omphe.
Vic. Sa voix est chargée de désespoir et d'épuisement. Je peux sentir son souffle haletant, témoignant des sévices qu'elle venait de subir elle aussi. Mais cette douleur physique n'était rien en comparaison de la perte déchirante de Gloire. Même si nous ne pouvions pas en parler ouvertement en présence de notre pseudo nounou, nous étions toute les deux conscientes que cet homme mort avait des liens avec notre père. Il aurait pu être notre moyen de fuir, une porte de sortie dans notre situation.
- Rentrons.
Nous le suivons silencieusement, nos regards exprimant nos pensées. Pourquoi avoir pris la vie de celui qui aurait pu être notre échappatoire ? Était-il venu pour nous aider ? Papa le sait ? Parmi toutes les questions qui doivent sûrement nous traverser l'esprit, une en particulier me tourmente : est-ce que Curt est le meurtrier ? Evidemment... Qui d'autre ? Nous avons été aveuglées avec un bandeau tout au long de l'allée et du retour, afin de ne pas saisir le moindre indice sur la position de la maison. Enfin, notre prison. Nos bracelets ont été retirés durant le trajet, je n'ai presque pas senti la différence. Lorsque nous entrons dans la maison, notre vie de captive reprend son cours du moins...
- Accorde moi deux minutes.
A peine après avoir retrouvée la vue, je serre ma sœur dans mes bras, ne sachant pas si ça sera le dernier câlin que nous échangerons. Puis, sans prêter attention à Lancelot, et à ses cris, je me précipite à l'étage. J'ouvre brusquement la porte de la salle de bain et j'y jette violemment mes talons contre le miroir. Un geste irréfléchi. Pourtant si libérateur.
- Tu devrais redescendre.
Lancelot. S'il est ici, c'est parce qu'il a emprisonné Victoire. Et maintenant c'est mon tour. Je lui demande encore deux minutes.
- J'ai déjà attendu plusieurs minutes. Maintenant ça suffit.
Alors que j'étais sur le point de lui répondre, Curt apparaît soudainement derrière lui, sa présence soudaine me laisse sans voix.
- Tu t'en occupes ?
En guise de réponse, il incline la tête. Curt entre dans la salle de bain et referme la porte, nous laissant seuls. Comme précédemment. J'aimerais exprimer ma colère en hurlant, mais aucun son ne sort de ma bouche. Le silence ne semble pas le déranger. Il s'accroupit pour ramasser les morceaux de verre et les fautifs, mes chaussures.
- Ils étaient trop petits pour moi, déclarai-je.
Je chausse du 38 et il m'a donné du 36. Rien, pas même un sourcil levé. Il est resté stoïque. J'ai tenté de m'approcher de lui pour récupérer la paire et les débris, mais j'avais l'impression d'être face à une statue, ce qui m'a complètement bloquée.
- Déshabille-toi.
Je suis consciente que je dégage une odeur désagréable, il n'a pas hésité à faire allusion à ça plus tôt. Je sais que j'ai besoin de prendre une douche, je refusais chaque pausepipi que Lancelot me proposer. Mais est-ce qu'il faut vraiment me le dire de cette manière ? Ma main frappe sa joue avec force. Malgré cela, il ne lâche pas ce qu'il tient et ne bouge pas d'un pouce. Son regard en revanche... Pourrait me tuer sur place.
- Sors.
Ma voix résonne dans la salle. Finalement, il consent à bouger et s'approche de la poubelle pour y jeter ce qu'il tenait en main. Puis, tel un prédateur, il s'avance lentement vers moi. À chacun de ses pas, je recule jusqu'à me retrouver coincée par un mur.
- Recule, disordine !
Rien n'y fait. Quand son nez frôle mon front, c'est mon rythme cardiaque qui s'affole. Il reprend son bracelet laissant mes cheveux retomber sur mes épaules. Putain.
- Déshabille toi.
- Non.
Il attrape mon poignet et me tire de force dans sa douche à l'italienne. Il actionne le robinet, me laissant toute habillée sous le jet d'eau qui me trempe rapidement. L'eau glacée ne cesse de couler. Impossible de me débattre sans l'impression que sa poigne me déchire la peau.
- Enculer !
Je suis prise de frissons, la robe adhère étroitement à ma peau, comme si elle ne faisait qu'un avec moi. J'aimerais la déchirer, la jeter, mais au lieu de cela, je me mets à pleurer.
- Debout.
Je ne m'étais pas rendue compte que j'étais assise. Il n'a pas une seule trace d'eau au-delà de ses avant-bras. Cela signifie que je me suis lamentablement laissée entraîner ici.
- Lâche moi.
Je lui demande non seulement de relâcher sa prise, mais aussi de me rendre ma liberté. D'un mouvement brusque il me met sur mes deux jambes. Et mes yeux réclament silencieusement une serviette ou n'importe quoi d'autres pour me tenir au chaud. Cela semble ne pas faire partie de ses intentions. Il me tend mon pyjama, que je traîne depuis le début de cette situation. Il est sûrement parti le prendre dans ma prison. Pour une lessive ? Sur le tas il y a aussi mon tablier.
- Tu connais l'emplacement de ta cellule, tout comme tu as retenu l'endroit de la salle de bain. Alors, je t'en prie, déplace-toi jusqu'à là-bas en trainant ton corps de souillon.
Ma mémoire ne fait pas défaut. Je sais où se trouve Vic et où se trouvait Glo. Il a remarqué cette qualité en moi, et je ne sais pas si je devrais me sentir flattée ou non. Il m'ouvre la porte et je comprends qu'il ne déconnait pas. Si son intention était de me remettre les idées en place, il a échoué. Et c'est en frissonnant de froid que je me dirige vers mon dortoir misérable. C'est là que Lancelot m'attend à l'entrée avec son regard « tu aurais dû m'écouter » quel enculer celui-là aussi. Mon ventre gargouille subitement, me rappelant que je n'ai même pas pu profiter du buffet de la soirée. Putain.
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Lãng mạn*Avant de commencer la lecture de cette histoire, je tiens à vous prévenir qu'elle contient des thèmes sombres et potentiellement perturbants. Les sujets abordés incluent la violence, la toxicité relationnelle, la mort, et d'autres aspects de la con...