HEART FIGHTING [EN PAUSE]

𝑿𝑰.❧ 𝑺𝑻𝑨𝑹𝒀𝑨

Je tuerais pour une nuit de sommeil digne de ce nom, sauf que mes examens approchent à grands pas et que je n'ai donc pas la possibilité de dormir plus de deux heures par jour. C'est peut-être excessif, j'en suis consciente, mais je pense déjà à la satisfaction que j'éprouverai lorsque je verrai mon nom affiché sur cette foutue liste devant mon établissement et que je pourrai enfin me reposer. Certes, je passerais l'examen du barreau peu de temps après, mais j'aurais un certain temps de latence pour me remettre de mes émotions. Entre les rassos, les combats et la formation de Scott, j'ai été forcé de maximiser mon temps ces derniers jours et on dirait que ça fonctionne plutôt bien. Je jette un coup d'œil à mon portable :

03 :03

Il n'est pas si tard que ça finalement. Je fixe mon reflet dans le miroir alors que je me brosse méticuleusement les dents avant d'aller me coucher.

Je n'ai rien avalé depuis ce midi.

Je me reluque dans cette surface en verre à la recherche du poids que Chris m'a persuadé en une seule phrase d'avoir pris et fini par trouver chaque partie de mon corps toutes plus grosses les unes que les autres alors qu'elles me satisfaisaient très bien la veille. Me plonger dans mes révisions m'avait presque fait oublier tout ce qu'il m'avait susurré à l'oreille quelques heures plus tôt, mais ma concentration s'étant évaporée, toutes ses paroles me reviennent en pleine face.

J'ai fini dans un état pathétique à cause de cet homme, un état dans lequel même manger un repas par jour devenait difficile. Avant lui, je ne savais pas qu'il était possible qu'un être humain ait une telle emprise sur vous juste avec des mots et quelques petites choses compromettantes, mais j'ai fini par apprendre à mes dépens que c'était bel et bien possible. Même un an plus tard, ses phrases arrivent toujours à m'atteindre et à influencer mon quotidien et mes actions. La preuve, mon ventre crie famine. Pourtant, rien d'autre que de l'eau ne dépassera la barrière de mes lèvres pendant un bon bout de temps.

Soudain, mon téléphone se met à sonner, manquant de tomber la tête la première dans la cuvette des toilettes.

Le numéro est masqué.

Cette scène ressemblant bien trop à un début de film d'horreur, je décide de ne pas répondre à cet appel, laissant mon téléphone sonner alors que je me rince la bouche. L'appareil sonne une seconde fois, encore un numéro masqué. J'ignore encore une fois l'appel avant de me diriger vers ma chambre dont je ne discerne rien à cause de l'obscurité. Je prends place sous mes draps et mets mon téléphone à charger avant de le placer sous mon oreiller, mais il se met à sonner une troisième fois, faisant vibrer mon cerveau dans ma boite crânienne. Excédée et consciente que je suis en train de commettre une grave erreur, je décroche et mets le haut-parleur. Je ne dis rien, attendant que la personne qui s'amuse à me faire cette mauvaise blague se dénonce et me laisse enfin dormir tranquillement.

– Tu as perdu ta langue, princesse ?

Je ne reconnais pas la personne qui s'adresse à moi. J'essaye de discerner le timbre de voix qui se cache sous l'effet sonore, mais je n'y parviens pas.

– Tu m'intéresses depuis bien longtemps, bien plus que Jennyfer.

Son stalker.

C'est la première fois qu'il s'adresse à moi.

– Alors, laissez-la en paix si elle ne vous intéresse pas, je crois que ce cinéma a assez duré.

– Si tu savais comme j'aime entendre ta voix !

Une partie de moi songe à ce que ce soit Chris derrière toute cette mascarade, mais ce n'est pas son genre de se cacher derrière ce genre de ruse. Le vice n'est pas assez poussé pour lui procurer du plaisir.