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5 juin.

-"Bonne nuit Max." Fit Elian en éteignant sa lumière de chevet, les laissant dans le noir.

-" Bonne nuit", répondit Maxime en fermant les yeux. Il essaya de se concentrer, de se retourner dans son lit jusqu'à trouver le sommeil. Maxime essaya de dormir sous la couette, par dessus, puis de compter les moutons comme s'il était enfant.

Rien ne vint.

Il se rappela de ce que disaient la plupart quand il parlait d'insomnies. Que c'était de sa faute, car il avait fait trop d'écran, alors qu'il n'avait pas touché son téléphone depuis au moins deux heures. Ils lui disaient que c'était parce qu'il n'avait pas fait de sport, qu'il n'était pas fatigué. Pourquoi trouvait il le sommeil avant, alors ? Ils lui disaient que c'était juste lui, qui ne faisait pas d'effort. C'était de sa faute. Comme s'il avait voulu se retrouver fatigué tous les matins, allongé par terre dans la nuit pour simplement entendre les ronflements des autres et les jalouser. Elian s'endormait tellement facilement que s'en était frustrant pour lui.

Maxime se décida à se lever, cherchant un verre d'eau.

Il descendit tout doucement les escaliers, essayant de ne pas les faire grincer au mieux. Il y avait de la lumière, depuis la cuisine. Maxime fronça les sourcils, étonné. Peut-être ne devait-il pas passer la porte, pour ne pas déranger... Mais si c'était Ethan ? Si c'était juste Ethan qui avait besoin d'aide ?

Maxime prit une grande inspiration et passa l'embrassure de la porte. C'était Frédéric. Une tasse de tisane à la main, assis contre la table de la cuisine, le regard lointain. Il semblait penser à autre chose, tellement dans sa bulle qu'il prit plusieurs secondes avant de remarquer Maxime. Quand il le fit, ses yeux s'agrandirent et ses lèvres s'étendirent pour lui offrir un sourire. C'était la même expression qu'il offrait à ses enfants quand il les renvoyait après une journée de travail.

-" Max !" Il s'exclama, la voix basse pour ne pas réveiller les autres au dessus.

Le concerné s'approcha avec timidité, pas sûr de ce qu'il était en train de faire. On était au milieu de la nuit, chez quelqu'un d'autre.

-" Désolé de déranger... Je voulais juste prendre de l'eau, je vais repartir-"
Frédéric se releva de sa chaise, s'exclamant ;
-" Non ! T'inquiètes pas, tu déranges personne !" Il agrandit son sourire pour lui prouver cela. Maxime s'assit alors en face de lui. Il baissa sa tête, peu confiant. Il n'avait pas sa place ici, après tout. Maxime n'avait sa place nulle part, de toute façon. " Tu veux une tisane ?" La voix de Frédéric était douce, comme s'il avait peur de le brusquer. Le plus jeune hocha la tête timidement.

Le bruit de la bouilloire était à présent le seul qu'ils entendaient. Le père d'Elian se rassit, buvant une gorgée de sa tasse. Il n'avait pas non plus l'air très bien. Des cernes creusaient son visage.

-" Alors, c'est Elian qui ronfle ?" Il dit cela comme s'il dormait avec eux depuis toujours, qu'il était de cette famille. Maxime releva le regard, essayant de supprimer la boule dans son ventre qui était en train de se former. Rien n'allait.
-" Un peu... C'est juste une insomnie, ça va passer." ça va passer, oui, comme ça fait trois ans qu'il se dit cela toutes les nuits.

Frédéric le regarda comme s'il regardait lui du passé. Bien sûr qu'il le faisait. Maxime avait peur de leurs similitudes, parce qu'il avait peur qu'il lise en lui. Que dirait-il, après ? Il le trouvera tellement répugnant qu'il le jettera...

-" Ouais, moi aussi." Le jeune homme releva le regard, ne s'attendant pas à cela. C'était Frédéric, cette fois-ci, qui tournait la tête pour fuir son regard. Il n'aimait pas en parler, et pourtant c'était lui qui était là, à lui demander si ça allait en connaissant sa réponse. " Dans ces nuits là, je fais que bouger et ça soule tellement Claire qu'elle a commencé à installer un lit dans la bibliothèque pour que je puisse y aller dans les nuits comme ça..." Il rigola légèrement, détendant l'atmosphère. Maxime esquissa un léger sourire, les imaginant bien dans cette situation. " J'étais content qu'aucun de mes fils n'ait le même sommeil que moi..." Il regarda Maxime comme s'il était l'un de ses fils. Comme s'il était son enfant. Il eut envie de vomir, de crier, de taper sur la table. Il ne le méritait pas. Il n'en méritait aucun de cette famille parfaite. S'il n'avait pas osé appeler Elian, cette nuit-là, c'était aussi pour se rappeler qu'il n'avait pas sa place avec eux. Il avait beau fermer les yeux et imaginer être de cette famille, cela sonnait toujours faux. La famille de Mathis était presque aussi brisée que la sienne, alors il savait comment faire. Avec eux, c'était trop nouveau.

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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Passion ecchymose [MaxBiaggiXDjilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant