Chapitre 1 : Bienvenue au Diamant

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Li Mei, jour 1

À peine avait-elle levé les cils qu'elle referma aussitôt ses yeux, aveuglée par une étendue blanche éblouissante et aveuglante... Elle grimaça. Son estomac était noué, son cerveau était tel un nuage vaquant dans le ciel. Quelque chose autour d'elle était étrange...

Elle mouva ses mains : ses gestes étaient lents mais ses doigts caressèrent un sol doux et uniforme. Ses terminaisons nerveuses se réveillaient peu à peu, tout comme elle. Elle avait l'impression de sortir d'un rêve long et profond. Les battements de son cœur étaient timides, mais bien présents. Où était-elle ? Aurait-elle perdu connaissance ?

Elle força sur ses paupières pour évacuer la luminosité extérieure. Elle devait ouvrir les yeux, sa vue serait son plus grand atout. Et pourtant, sa vision lui offrit, une nouvelle fois, une grande page vierge. Elle referma aussitôt les yeux et se les frotta pour calmer cette douleur brutale.

Sa peau était moite et sa bouche pâteuse.

Quelque chose lui chatouillait le visage. Elle ramena ses mains devant ses yeux et elle sentit l'odeur caractéristique humide de la terre, le pétrichor. S'était-elle transformée en petite souris ? Impossible, c'était totalement idiot. Elle devait sérieusement comprendre où elle était. Elle faisait un mauvais rêve.

— Elle se réveille ! cria soudainement une voix qui lui semblait lointaine.

Li Mei se gratta violemment les yeux puis les ouvrit doucement, une nouvelle fois. Enfin. Elle voyait des formes, un semblant de couleur et un visage. Qui était donc cette personne ? Un homme ? Une femme ? Elle ne le voyait pas bien. Mais elle lui souriait. Elle inspira et expira calmement, elle laissa ses yeux s'adapter doucement à cette lumière vive. Elle l'aperçut enfin, le ciel bleu, l'herbe qui entourait son visage et cette végétation luxuriante qui se dressait fièrement autour d'elle. Puis surtout, ce garçon. Ses traits devinrent plus nets : ses lèvres étaient aussi roses et pâles que le sont les fleurs d'azalée, ses yeux étaient aussi doux et tendres que des guimauves plongées dans la pénombre. Ses cheveux et ses yeux noirs de jais ne contrastaient pas avec cet air angélique qui se dégageait de son visage.

C'était ça. Li Mei était morte. Et elle avait devant elle son ange gardien.

— Je suis au paradis ? articula-t-elle d'une voix encore endormie.

Elle avait l'impression que sa mâchoire était aussi dure que de la pierre, et pourtant le jeune homme comprit ce qu'elle avait essayé de lui dire. Son sourire s'était étiré et il avait passé une main sous le dos de Li Mei.

— On va te relever tout doucement.

Elle se laissa faire. De toute façon elle ne savait pas où elle était et elle avait sérieusement besoin d'aide. C'était étrange. Li Mei était totalement perdue. Et pourtant, ni son esprit, ni son corps ne s'alarmait de sa situation totalement incongrue. Peut-être, était-elle persuadée qu'elle rêvait...

Tout d'un coup, une jeune femme s'approcha d'eux en courant. Li Mei voulut reculer face à l'arrivée brusque de cette deuxième inconnue, mais elle ne bougea pas. Son corps était encore trop amorphe.

— Vas-y doucement avec elle, Jiho, elle émerge tout juste.

Les yeux de Li Mei balancèrent entre Jiho et la jeune femme blonde, persuadée qu'ils étaient des gardiens du paradis... Les lèvres minces de cette dernière brillaient sous la lueur du soleil et ses yeux noisette scintillaient d'un éclat bienveillant. La jeune femme posa deux doigts à l'intérieur du poignet de Li Mei, elle se laissa faire tel un pantin dans un magasin de jouets.

— Ton pouls est correct. Comment tu te sens ? demanda celle-ci en prenant doucement les mains de Li Mei dans les siennes.

Li Mei ouvrit doucement la bouche. Comment se sentait-elle ? Elle ne le savait même pas elle-même... Son esprit divaguait, mais son corps semblait reprendre peu à peu du poil de la bête. Li Mei observa ses mains s'ouvrir et se fermer. Ses gestes étaient plus rapides qu'à son réveil, plus précis. Par ailleurs, son cerveau semblait toujours aussi ramolli qu'un bouillon aux anchois.

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