Chapitre 86

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Je m'allongeais doucement sous la grosse couette de ma chambre aux côtés de Julien. Il me regardait comme tous les jours, amoureusement et un sourire se dessina sur mes lèvres.
C'était impressionnant à quel point j'étais folle de lui. Je crois que je n'aurais jamais pu tenir après le décès d'Alexandre si je ne l'avais pas eu à mes côtés.
Depuis quatre mois j'étais de nouveau heureuse avec lui, sans compter les cinq autres qui avaient précédé notre courte rupture.
Mais cela nous importait peu, pour nous ça faisait déjà 9 mois de bonheur et toute une vie qui nous attendait.

Sur ses pensées réjouissantes, je m'endormi blottie dans les bras protecteurs de mon fiancé qui me berçait en me murmurant que j'étais la personne la plus importante à ses yeux.

*Ellipse*

La fin de semaine était arrivée encore plus rapidement que nous l'avions prédit et nous étions désormais tous regroupés autour du camion de déménagement qui avait transporté les affaires qui constituaient la chambre de Julien et la mienne, ainsi que ce que nos parents et amis nous avaient gentiment offert pour notre nouveau départ dans la vie d'adulte.

L'humeur était à son comble, un sourire rayonnant sur chacun des visages qui nous entouraient. Je crois que je n'avais encore jamais été aussi heureuse de toute ma vie. Emménager à 16 ans avec le garçon qu'on considérait comme l'homme de sa vie pouvait paraître insensé mais je crois que sans ça je n'aurais pas pu autant sourire en ce jour, même si au fond de moi j'étais triste de devoir quitter mon père.

- " Margaux, le canapé je le met où ? " me lança Clément à l'entrée du salon.
- " Mets le contre le mur là-bas. Dans l'angle, oui voilà c'est ça. "

Et voilà c'était enfin terminé, tous nos meubles étaient à leur place, il ne nous restait plus qu'à combler le vide des tiroirs, armoires, placards ou autres... Nos valises étaient posées sur notre lit et je ne pense pas qu'elles soient ouvertes avant au moins demain soir. Je faisais le lit en discutant avec Amanda, Léa et Isalyne pendant que les garçons s'ouvraient une bière en rangeant la vaisselle dans la cuisine.

- " Vous vous rendez compte n'empêche, commença Amanda. Il y a encore un an on était que d'innocentes jeunes filles qui découvraient l'amour et aujourd'hui on aide Margaux et Julien a emménager dans leur propre appartement. "
- " Le temps passe vite c'est vrai." continuais-je.
- " Oui enfin ce n'est pas non plus commun comme situation. " renchérit Isalyne.
- " Faut dire que toutes les filles de 16 ans n'emménagent pas avec leur copain." continua Léa.
- " Fiancé. " rectifiais-je.
- " Ça non plus ce n'est pas commun." renchérit Léa.
- Oui je sais, dis-je. 16 ans, fiancée, enceinte et qui habite avec son copain. Mais je ne suis pas comme toutes les autres filles vous savez."
- " Bien sûr qu'on le sait, s'exclama Amanda. Tu as un lourd et difficile passé qui t'a imposé de nombreuses contrariétés. "

Nous venions tout juste de finir la chambre, les valises posées dans un coin quand Julien nous appela au salon avant même que je réponde à Amanda.

- " Les filles, ça vous tente de commander des pizzas pour ce soir ? Il doit y avoir quelques bouteilles dans le meuble du salon et j'ai prévu les sodas. Ils sont déjà au frigo."
- " Bien sûr, avec plaisir."

En entendant les prévisions pour la soirée de crémaillère qu'on organisait, nos parents nous embrassèrent et rentrèrent dans leur maison respective.

Pendant qu'ils continuaient de discuter entre eux pour le choix des pizzas, je me rendis dans la cuisine et donna à manger à Louki qui ne cessait de réclamer depuis qu'on était arrivé.

- " Julien, commençais-je en revenant vers eux dans le salon. Ça vous dérangerait pas de descendre les acheter plutôt ? Comme ça tu emmènes Louki. Je ne tiens pas à ce qu'il fasse ses besoins à l'intérieur. "
- " Pas de soucis. Mais mettez vous quand même d'accord sur ce que vous voulez manger."

Après que le choix fut établi, les garçons partirent avec notre chien.
On en profita donc pour s'asseoir sur notre nouveau canapé et se regarder un petit film entre filles.
La décision s'arrêta sur Ma première fois, qu'on avait toutes déjà vu au moins une bonne dizaine de fois mais qu'on adorait toujours autant.

Cela devait faire une heure que nous étions tranquille, lorsqu'on entendit la porte d'entrée s'ouvrir et que Louki se rua sur mes genoux en reclamant des caresses.

- " Bah alors mon bébé, tu es manques d'amour ?"
- " Un peu oui. Mais là il y a trop de monde."
- " Julien ... Tu es vraiment irrécupérable et pour information je parlais au chien et non à toi."
- " Ah ... Oui mais ça change rien à ce que j'ai dit. "
- " On verra ça demain quand on sera que tout les deux."
- " Euh ... Tu me vires déjà de chez moi ? "
- " T'es vraiment idiot quand tu t'y mets tu sais. Cette fois c'est à toi que je parlais, pas au chien."

Nos amis essayaient de réprimer leur fou rire mais Léa finit par céder et s'excusa en voyant Julien froncer les sourcils, avant de se mettre lui aussi à rire.

La bonne humeur était toujours présente malgré ce quiproquo qui avait finalement déclenché l'hilarité dans le groupe.
On se mit rapidement à table avant que le repas refroidisse. Chacun piocha à sa guise dans les pizzas que j'avais placé dans des plats que ma mère m'avait envoyé du sud en apprenant la nouvelle. J'avais quasiment perdu tous les liens qui nous unissaient mais Julien m'avait fait oublier son absence en peu de temps.

Des bouteilles avaient été sorti et tournaient dans les mains de nos amis qui buvaient avec joie.
Julien, au souvenir du nouvel an, choisi de s'en tenir au soda pour que je ne sois pas seule. Et étrangement je vis qu'Amanda avait fait de même. Sûrement pas pour les mêmes raisons, mais Steven avait l'air d'étroitement la surveiller.

Lorsqu'on eu fini de manger, on alla dans le salon où Julien alluma le home cinéma en mettant la musique légèrement trop forte pour nos voisins. Mais cela nous était particulièrement égal, pour nous c'était la fête et rien d'autre.
Après plus d'une heure, je réussi à attraper Amanda et à l'amener dans la chambre pour lui parler seule à seule.

- " Qu'est ce qu'il se passe Margaux ? "
- " Pourquoi tu ne bois pas d'alcool ? Normalement tu es l'une des premières à ouvrir les bouteilles et là, rien, pas une goutte."
- " Oh ce n'est rien... Juste ma dernière soirée qui c'est mal finie."
- " Amanda ne me mens pas. Tu es ma meilleure amie et tu devrais savoir que ce genre d'excuse ne passe pas avec moi."
- " Mais je t'assure que ..."
- " Arrêtes !! J'ai bien vu comment ton copain te surveille depuis le début du repas. Alors expliques."
- " Je ... euh ... j'ai eu un problème aux reins récemment et je n'ai pas le droit à l'alcool. "
- " Pardon ? Tu es malade et tu ne m'as rien dit ! "
- " Mais c'est parce que ça se soigne très bien. D'ici quelques mois ou peut être un an je n'aurais plus rien."
- " Peut être mais en attendant je pensais qu'on se disait tout, absolument tout."
- " Excuse moi..."

Elle paraissait affreusement gênée de devoir m'apprendre sa maladie dans de telles circonstances. Visiblement elle n'avait pas prévu que quelqu'un l'apprenne un jour.

On finit par rejoindre les autres sans rien leur dire mais pourtant j'en mourrais d'envie.
Comment avait - elle pu nous cacher une chose aussi importante ?
Nous étions ses amis et quoi qu'il arrive, nous nous étions promis de toujours être présents pour les autres. Mais visiblement elle n'en avait pas tenu compte, ou alors elle avait peur de notre réaction.
Qui sait.
Mais il faut dire que j'aurais préféré le savoir plus tôt. J'aurais sûrement pu faire quelque chose.

Je finis par arrêter de me tourmenter l'esprit pour quelque chose que j'avais finalement appris.
Et je pu de nouveau prendre part à la fête, en riant de plus belle avec ceux qui nous entouraient et nous soutenaient en ce jour.

Chronique de MargauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant