Avenirs communs

XV

PDV Maxime

Ça faisait trois heures que Cyril était parti quand la porte s'ouvre pour laisser passer des cheveux roux.

- Je suis rentré.

Je ne cherche même pas à le saluer, finissant rapidement le repas, partant dans ma chambre avec ma propre assiette, lui laissant la sienne sur le comptoir.

Depuis qu'il m'a laisser mourir lors de ma transformation, je ne supporte plus de le voir, je ne mange plus avec lui, je ne le vois pratiquement plus et quand on se croise, c'est pas comme si il s'inquiètrait pour moi, pour dire mes chaleurs se sont arrêtées...

Il n'est pas rare que les chaleurs d'un oméga s'éteignent un moment avant de reprendre quand la situation s'améliore, c'est causé à cause du stress, d'un environnement instable, une blessure sévère, d'un manque de son alpha ou d'un rejet total envers son oméga, nous avons l'embarras du choix. Moi je les ai pratiquement tous.

Michou aussi ne les a pas retrouvées, lui c'est à cause de son nouvel environnement, et puisqu'il n'a toujours pas d'alpha, son corps s'adapte petit à petit au lieu, aux odeurs, j'imagine qu'il y a aussi du stress dans le lot, à cause de ces dîtes odeurs.

La porte de ma chambre se fait ouvrir, le roux fait un tour des yeux dans la salle, pour après, partir sans avoir dit mot.

...

Il s'en fout, depuis le premier jour, je le savais, mais je n'avais jamais réalisé jusqu'à quel point... Il a dû s'en rendre compte que c'était réciproque, car en pratique trois mois de marquage, ni lui n'est entré en rut, ni moi en chaleur...

***

J'ai cru que ça irait mieux, qu'en voyant mes amis je retrouverais une raison de vivre, je les ai revu, certe, mais pas plus d'amélioration.

- Comment ça se passe chez toi Amix?

Je tourne la tête de façon lasse vers le second Maxime, me forçant à faire un sourire plus ou moins convaincant.

- Ça va bien, je ne manque de rien, il ne me fait pas mal et je peux maintenant tous vous voir.

Michou vient poser la tête sur mon épaule, c'est vrai... Mais pourquoi est-ce que je me sens si mal? Pourquoi j'ai envie de crier? De pleurer? De mourir...

- Je ne me sens pas très bien aujourd'hui, on se refait ça, je vais aller me reposer avant qu'alpha revienne.

Joyca se lève, se posant devant moi, je vais le prendre dans mes bras, une étreinte, ça fait tellement longtemps, je crois bien que si je ne l'avais pas lâcher et quitter, je me serais mis à pleurer.

- S'il arrive quoique ce soit, nous sommes là, tu sais où on habite.

- Oui, merci.

Je monte à l'étage pour ouvrir la porte, me reposer... Oui, je vais me reposer, après je pourrais le faire sans avoir à me réveiller par la suite.

Le cœur vide de sentiments, la tête vide de pensées et mon âme vide de regrets et de remords.
J'empoigne un couteau de cuisine, allant réduire le flux d'odeur avec ma chambre spécialement construite pour minimiser les odeurs, quelles qu'elles soient. Même à la base, il avait prévu de ne pas tenir compte de son oméga.

Je n'ai plus peur, je n'aurai plus à attendre l'attention de cet alpha dans quelques instants.

Il existe dans ce monde un seul et unique moyen pour rompre un lien entre alpha et oméga, causant 99% de morts chaque fois qu'il est utilisé.
C'est simple, s'arracher la peau du coup, la partie mordue bien entendu, après il faut tirer pour arracher tout les racines que la morsure à créée à l'intérieur du corps.

Je plante le couteau dans mon cou, voulant bien faire passer ma mort pour un signe de désespoir, ce qui est vrai, pour la peine.

- Gn...

J'agrippe ma propre peau, pour tirer de toute mes forces, il va rentrer à la maison, il va vérifier ma chambre, comme toujours, il retrouvera le corps de la personne à qui il a détruit la vie, ses valeurs, ses espoirs...

Dans un sens, j'espère uniquement qu'il ressentira de coupabilité, car après tout, c'est uniquement de sa faute.

Je ferme les yeux, plongé dans mon propre sang. Finalement il m'a bien donné de la chaleur, une seule fois.

PDV Extérieur

Dans la salle de conférence, Lucas écoutait ce que une personne spécialisée dans l'agriculture avait à dire sur les champs de cette année.
Mentionnant ce qu'il faut changer et ce qu'il faut garder.

Durant se temps le dos de sa tête tournait, le faisant se demander s'il va s'évanouir.
Pourtant, il attend quand-même que la personne s'en aille pour se retourner vers le roux, coupant par le même temps la réunion peu importante qui venait de se dérouler.

- Squeeze, que se passe-t-il?

- Ton oméga, je sens qu'il va mal, je crois que tu vas le perdre.

Les yeux vers nucléaire du plus haut gradé s'ancrent dans ceux du seul membre oméga de la pièce.

- Je l'ai perdu, au moment même où je l'ai mordue.

Tous entendirent la porte du local s'ouvrir, mais l'oméga ne flancha pas, ne se retourna pas, faisant toujours face au garçon de la même grandeur.

Lucas se fait encercler par les bras de sa nouvelle hyène, là pour apporter son soutien à l'appel inconscient et interne de son oméga.

- Définitivement, je veux dire, va vérifier, mon sixième sens me dit que ça ne va pas.

Le chef le contourne.

- Tu n'étais pas obligé de l'appeler, je n'allais pas refuser, surtout que, lui, je peux le battre.

Une fois qu'il a quitté la pièce, Inoxtag se met à rire, pas fort, mais à rire assez que l'atmosphère finit par reprendre une tension que l'on peut appeler normal.

- Qu'est-ce que... Je fais ici?

Sidjil vient lui poser une main sur l'épaule, sourire aux lèvres.

- Tu as répondu à l'appel de ton copain, bravo, c'est rare de pouvoir faire ça avec son oméga.