Je passais les jours suivants en compagnie de Thomas.
Le Viking, Alice et Levi l'avaient chargé de ma protection, sans que je ne comprenne de quoi je devais être protégée.
Du Maire? Du Viking? ou bien d'un danger encore inconnu mais, qui viendrait nécessairement de leur entourage, toxique et dangereux.
À la manière d'un serpent venimeux. Invisible, jusqu'à ce qu'il ne soit trop tard.
Je grimaçais derrière la porte ouverte de la Mercedes, mon corps compressé dans la combinaison de combat, si bien que j'en regrettais presque les robes d'Alice. Thomas se tenait à l'avant, le regard perdu au milieu du lugubre entrepôt. Le visage, l'attitude et les mots de Jessica me revenaient à l'esprit comme un boomerang. Étais-ce d'elle qu'ils voulaient me protéger?
La situation était ironique. Pour assurer "ma sécurité", le Viking m'avait envoyé à la rencontre de revendeurs d'armes en tous genre, avec Thomas pour seule protection. Je me renfrognais soudain à l'idée qu'il veuille me pousser à m'enfuir, comme l'autre jour. Jessica était bannie, néanmoins quelque chose au font de mes trippes savait qu'elle n'avait pas dit son dernier mot.
La vérité était que je ne serais jamais à l'abris. Nulle part. Ma vie était faite d'insécurité, d'aussi loin que je m'en souvienne. "Aucune espèce vivante ne peut évoluer dans le confort et la sécurité", c'est ce que grand-père m'avait dit un jour. "C'est le danger et la pression prédatrice qui poussent les espèces à toujours s'adapter."
Je savais ces choses-là, tout comme je savais aussi qu'un antilope ne peut évoluer qu'en devant plus rapide, plus attentive, plus... fuyante. La fuite... le pouvoir évolutif de toute espèces en bas de la chaîne alimentaire. On ne verra jamais une antilope pourchasser un lion.
Tout comme on ne verra jamais une antilope armée de couteaux de combats, ou d'armes à feu. Or, c'était précisément des objets dont j'avais appris à me servir avec Alice.
—T'es sûre que ça va? me demandait Thomas, pour la énième fois depuis notre départ.
Son attitude détachée et arrogante malgré le danger imminent, ne me rassurait que très légèrement. Il inclinait la tête sur une de ses épaules, le regard rivé sur moi, tandis qu'il faisait craquer ses doigts les uns après les autres. Les manches retroussées sur ses avant-bras laissaient apparaitre des muscles aux veines saillantes.
Je déglutissais devant son calme olympien.
Mon corps se mit à chauffer au rythme des papillons s'installant dans mon ventre. Mes yeux se perdaient dans le reflet que me renvoyait la vitre de la portière entrouverte, là je découvris le rouge sur mes joues. Mon corps me trahissait une nouvelle fois, désireux de combler le manque causé par mes hormones en ébullition.
La nature n'est pas bien faite. Elle nous pousse parfois à apprécier des choses pourtant mauvaise pour nous: Le sucre, le gras... nous oblige à prendre du plaisir, même lorsque ce dernier provient de contactes... d'attouchements, non consentis.
— Écoutes... je sais que tu n'as pas très envie d'être ici... souffla Thomas, soudain derrière la portière. Mais, ce qu'on fait là est important. On a besoin d'armes pour...
—C'est bon, lui assurais-je, d'une voix inaudible.
—Oui, je sais que tu es courageuse et forte, après ta petite démonstration à Long Beach. On ne serait pas ici, sans toi. Je veux juste être certain que tu comprennes qu'on ne fait pas tous ça pour le plaisir.
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L'Albinos (DARK ROMANCE)
RomancePour Ilona, 19 ans, la notion de liberté n'est qu'un mot dénué de tous sens, depuis qu'elle a été arrachée à sa famille alors qu'elle n'était qu'une petite fille. Sociopathe, elle n'éprouve aucun sentiment. Le Viking, chef d'un gang mafieux. Incapab...