Plus Jamais Comme Avant

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Alice

Quand j'ouvre les yeux, je sais pertinemment où je me trouve. 

Mademoiselle Alice?? demande prudemment une voix derrière la porte. 

C'est celle de Diego, un des gardes. 

C'est ma chambre; celle que j'occupe, désormais seule, dans la villa du Viking. 

La même dans laquelle je partageais chaque espace, et le lit, avec lui

Ben. 

Je me redresse sur le matelas quand je crois percevoir ses pas.

Rien.

—Pas maintenant !! je lui répond en me rallongeant pour tirer le draps par-dessus ma tête. 

Je ne veux rien faire aujourd'hui. Rien qui m'obligerais à quitter ce lit, en tous cas. Alors, j'attrape l'oreiller sur lequel il avait l'habitude de poser son coude pour soutenir sa tête et me regarder dormir.

Je détestais quand il faisait ça.

Je détestais encore plus quand c'est lui qui s'endormait le premier. Parce que je devais subir ses ronflements. Mais j'oubliais tout quand je me réveillais pendant la nuit pour découvrir ses longs et puissants bras enracinés autour de ma taille.

C'était le seul moment où je me sentais bien. À l'abris et que j'arrivais à oublier ces dernières années de pur cauchemar. 

Un cauchemar duquel il m'avait sorti. Au risque de sa vie.

J'aurai dû m'y faire depuis le temps, mais j'y arrive pas. Je ne peux pas me résoudre à passer à autre chose. À faire comme si tous ça n'avait jamais compté pour moi.

Je donne le change avec les autres, certes, mais je ne peux pas leur dire.

Leur dire que je n'espère qu'une chose, à chaque mission. 

La seule chose au monde qui m'est refusée, mis à part lui.

Ce serait une façon de le retrouver. D'être de nouveau dans ses bras. D'entendre encore son rire. Où qu'il se trouve maintenant, je suis certaine de l'y rejoindre. Sauf si c'est au paradis.

Tant pis, je prends. L'enfer me semblerait doux, comparé à ce que je vis au quotidien. Cette douleur ne me quitte pas. 

Elle ne me quittera jamais...

Sauf quand je le retrouverais.

Ce sera avec plaisir que je l'écouterais me reprocher mon bordelisme chronique quand je laisserais traîner mes vêtements partout dans la pièce. Ou m'engueuler parce que je tire toute la couverture de mon côté. Il pourra me ronfler dans les oreilles pour l'éternité, promis je ne m'énerverais plus, même si je détestais quand il le faisait. 

Ben avait le nez en vrac et les côtes brisées à divers endroit , à cause de son père. Le maire.

Son enfoiré de père. 

Mais il avait toujours le sourire. 

Je n'ai jamais su comment il faisait pour toujours être aussi radieux. Ben vivait tant de souffrances au quotidien. Il gérait le clan depuis à peine quelques mois quand nous nous sommes rencontrés. Quand on les a rencontrés. 

Avant lui, c'est mon grand-frère, Dan, qui veillait sur moi. D'aussi loin que je m'en souvienne il avait toujours tenu ce rôle de grand-frère protecteur, même chez nous, en Roumanie. Puis, j'ai répondu à cette foutue annonce sur un magazine. Ils recherchaient " Les nouveaux talents de la mode". Même des pauvres filles de paysans Roumains pouvaient prétendre à une carrière ici, en Amérique. 

L'Albinos (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant