THE RUNNER

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Ce fut les yeux dans le vague et le visage déformé par la douleur, que j'atteignis le couloir du premier étage. 

Il était interminable!! 

Handicapée par mes jambes plus lourdes qu'à la normale, je ne parvenais pas à suivre le rythme imposé par Alice et Thomas qui gagnèrent le salon, tandis que j'eus fait à peine trois misérables pas, stoppée à la fois par les poignards s'insinuant dans mes cuisses et par les grognements du Viking.

 Affreux,

Terribles, et aussi déformés que mon visage. 

Un mot revenait sans cesse.

—Merde !

Je fis un bond en entendant ce hurlement pâteux émanant du rez-de-chaussée. 

Quand je parvins enfin à l'escaliers, les mains tremblantes et me cognant contre les murs, je les descendit prudemment en m'agrippant au garde-corps en fer forgé. Chaque nouveau était un petit exploit tant la douleur s'intensifia au moindre effort. Mais quelque chose de plus puissant encore m'obligea à poursuivre, malgré la fatigue et la douleur. Malgré mes nombreux doutes concernant le Viking, son clan et mon avenir ici. 

Gail m'avait donné trois jours pour y réfléchir. C'était peu et beaucoup en même temps. Je pouvais mourir une dizaine de fois en soixante-douze heures. Du moins, ce fut une vérité avant le rituel. 

Et aujourd'hui? était-ce toujours le cas? 

Mais, surtout... qu'en sera-t-il demain? Et les jours d'après? 

Combien d'heures allais-je encore rester en vie? 

Personne n'aurait put apporter de réponse à ces questions. Personne; à part le temps... et... le Viking. 

Si mon esprit fut embrumé par toute ces incertitudes et mon cerveau peut apte à vouloir délivrer ses secrets, mes pieds, eux, trouvèrent leur chemin tout seuls et me conduisirent vers l'endroit où tous se passait dans cette maison. Les bonnes choses, comme les mauvaises. 

À mon arrivée, le Viking fut tellement déchiré qu'il ne remarqua pas ma présence.  Ses poings tambourinaient contre le robuste marbre de l'îlot central autour duquel Alice et Thomas l'avaient retrouvé. Je tentais de me ressaisir malgré le spectacle chaotique d'un salon dévasté, et eus tous loisir de balayer l'immense pièce d'un regard inquiet. Mon estomacs se leva en découvrant les milliers de morceaux de vaisselle éclatée sur le carrelage. 

Les portes de tout les placards du coin cuisine demeuraient ouvertes, suspendues dans le vide, tandis que du côté détente de la pièce, la console -du moins, ce qu'il en restait- était éparpillée sur la table basse, entourant une bouteille de Whisky vide, ainsi qu'une deuxième qui ne tarderait pas à subir le même sort. Mon regard passa sur l'écran plat pour découvrir une image figée, que je reconnue aussi tôt. Elle provenait du seul film que le Viking regardait, le passant en boucle. Souvent plusieurs fois dans la même journée: L'Incroyable Hulk, lorsqu'un gémissement plaintif attira mon attention. 

Thomas délaissa l'îlot central pour se diriger vers la baie-vitrée, fit coulisser la grande porte toute en verre et s'inclina sur White, tout content de retrouver la chaleur de l'intérieur.

—Viens par ici, mon p'tit bonhomme...

Thomas murmurait, son grand corps élancé penché sur White. Il lui caressa la nuque, puis la croupe avec une infinie tendresse qui contrastait avec le reste de la pièce, baignée par la fumée, les vapeurs d'alcool et par les grognements incessant en provenance de l'îlot central.

L'Albinos (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant