L'Albinos (DARK ROMANCE)

Fantômes Du Passé Et Avenir Incertain

La nuit fut douce et légère, bien que je me réveillais plusieurs fois. 

D'abord parce que le Viking passa de longues heures accoudé au balconnet. Ensuite, plus tard, parce que je fus seule dans le lit trop grand et trop froid. Presque lugubre sans une deuxième présence pour le réchauffer. 

Au rez-de-chaussée j'entendis des pas lourds —ceux du Viking, puis les interminables bruits de tiroirs que l'on ouvrait et refermer l'un après l'autre, donnant l'impression qu'il ne trouva jamais ce qu'il cherchait. Cette quête ne se termina qu'à 06h00 du matin, lorsque les voix de Thomas et d'Alice résonnèrent depuis le vaste hall d'entrée. Je fus incapable de retrouver le sommeil après cela, aussi j'optais pour une douche durant laquelle je me surpris à regretter une nouvelle fois l'absence du psychopathe. 

Mon corps avait été rassasié par notre étreinte, et mes hormones calmées, pourtant mon esprit était irrémédiablement frustré. Une frustration qui se propageait jusque dans ma poitrine, la serrant douloureusement. 

J'avais l'habitude de vivre en solitaire depuis mon enfance, avant de devenir une "camarade" pour Jasmine, Mia et Marouelle, lorsque nous avions étaient recueillis... achetées, par grand-père. Puis une leader, après sa mort. Les poussants à se prostituer deux longues semaines, pour la simple et bonne raison que nous devions survivre. Certes, grand-père et ses amis scientifiques nous avaient appris énormément de choses: les mathématiques et l'écritures, puis, l'Anthropologie et autres sciences qui régissaient ce monde, nouveau pour nous.  

Ors, les emplois jugés "honnêtes" par cette société, demandent d'avoir des diplômes et des qualifications dont nous étions dépourvues. 

Les premiers jours furent les plus difficiles; surtout pour Jasmine, la plus fragile de nous quatre. Mais aussi la plus douce et empathique. Ses premiers revenus furent en bonne partie engloutis dans diverses drogues, son seul moyen de supporter ce que nous faisions. Si bien que Mia, Marouelle et moi fûmes dans l'obligation de partager avec elle le peu de nourritures et d'eau que nous avions. Mon seul et unique but était de les protéger.

J'avais échoué.

Était-ce pour cette raison que mon cœur me paraissait si vide à ce moment précis, et que mon esprit recherchait la proximité... la présence du Viking? Pour cela que je me sentais aussi froide que les draps dans lesquels j'avais dormi?  

—Tu as bientôt fini? me demanda une voix derrière la porte de la salle de bain. Ce con de Viking m'a tiré du lit avec son appel, et j'ai même pas eu le temps de prendre une douche avant de venir, grogna Alice assez fort pour se faire entendre par ce dernier, bien qu'il fut certainement déjà dans le salon. Et... crois-moi, soupira-t-elle. J'ai grandement besoin de me débarrasser des odeurs des trois types avec lesquels j'ai passé la nuit... 

On ne peut pas être tranquille deux minutes, dans cette foutue baraque!

Je coupais le jet d'eau et me séchais rapidement avant d'enrouler une serviette de bains sous mes aisselles, puis tombais sur les petits yeux entourés de cernes violacés, signe flagrant qu'Alice n'avait que peu dormi, elle-aussi. Elle me dévisagea longuement, lèvres pincées, puis laissa échapper un soupir exaspéré, tout en agitant une main , me pressant de sortir de la pièce embuée. 

Comme si c'était de ma faute si elle s'était tapée trois gars en une seule nuit! 

En regagnant ma chambre, je me précipitais droit vers le petit meuble contenant tout le nécessaire de make-up qu'Alice avait fait déménager de sa chambre pour le faire installer dans la mienne, le lendemain de mon arrivée, et me mis à contempler mon visage dans l'immense miroir surplombant les bouteilles et les pots de crème hors de prix, tâchant de comprendre pourquoi Alice m'avait toisé de la sorte.