Les heures passèrent dans l'immense salon qui me semblait tout à coup être devenu incroyablement minuscule.
Sur le long canapé en cuir blanc, deux des hommes du troisième groupe jouaient à la console, profitant d'un repos bien mérité. Leurs manettes en mains, ils s'affrontaient sur un étrange jeu de course de voitures dont les véhicules me firent penser à des planches sur roulettes.
Non, des barquettes serraient plus parlant.
Et que dire des personnages qui les conduisaient? si ce n'est que je n'avais jamais rien vu de moins réaliste.
Il y avait un petit bonhomme coiffé d'un énorme champignon blanc parsemé de points rouges, une énorme créature à cornes au dos orné d'une carapace de tortue pourvue de piques et une jeune femme blonde vêtue d'une robe de soirée rose.
C'était irréaliste. Pourtant, cela ne semblait déranger personne.
Dans mon village natal nous n'avions pas ce genre de chose. Même si j'étais jeune lorsque j'ai dû le quitter, je me souviens que nos journées étaient rythmée entre nous protéger du soleil, aux heures les plus chaudes, et les longues marches dans la savane, en quête de nourriture, à gratter le sol sec et dur, afin de récolter des racines. Mais ce que je préférais, c'était lorsque nous, les enfants, les seules à être assez fins et agiles, grimpions aux arbres pour y déloger les larves cachés entre l'écorce et le tronc brûlé par le soleil.
Malgré les écorchures sur les jambes et les bras lors de nos ascensions, j'adorais sentir les odeurs de résine et de bois, autant que la sensation du vent sur ma peau et dans mes cheveux. Là-haut, le monde paraissait plus petit. Plus simple, aussi.
Dans le monde moderne, les gens n'avaient pas ce genre de préoccupations, et trop de temps libre. Chez grand-père, nous utilisâmes ce temps pour apprendre. Découvrir le monde. La télévision ne nous servait qu'à regarder divers documentaires, tandis qu'ici, les jeux vidéos succédaient aux films fantastiques et de sciences fictions. Loisirs qu'appréciaient même ces hommes dont le reste du temps consistait à préparer des plans d'attaques, des missions périlleuses et survivre.
Peut-être est-ce là la raison de leur évasion dans un monde imaginaire? Parce que leur quotidien était aussi dangereux qu'incertain.
Alice et Levi discutaient en buvant leurs bières près de la baie-vitrée, alors que Thomas et Jessica étaient repartis monter la garde devant la chambre où Viking dormait afin de reprendre des forces comme le lui avait conseillé Gail. Cette dernière avait elle-aussi disparue après avoir soigné le Viking.
Enfin, les deux derniers membres du gang poursuivaient leur mission du surveillance, à l'extérieure de la demeure.
—Bah, alors! qu'est-ce que tu fou, toute seule dans ton coin?
En quête d'une nouvelle boisson, Alice me passa devant en se dirigeant droit sur le frigo.
Silencieuse, j'observais les scènes de vies qui m'étaient totalement étrangère depuis l'îlot central, si bien que tout ce petit monde, trop occupé à faire la fête en avait oublié jusqu'à ma présence.
—Aller, il faut que tu t'amuses! n'oublie-pas que tu es la reine de la soirée!!!
J'acquiesçais sous son insistance, sachant pertinemment que la seule personne qui pouvait tenir tête à Alice, c'était Alice elle-même. Et je n'avais aucune envie de passer de longues minutes à négocier tout en connaissant par avance le résultat final. Si j'étais la "reine de la soirée", Alice elle, était la déesse de cet univers.
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L'Albinos (DARK ROMANCE)
RomansaPour Ilona, 19 ans, la notion de liberté n'est qu'un mot dénué de tous sens, depuis qu'elle a été arrachée à sa famille alors qu'elle n'était qu'une petite fille. Sociopathe, elle n'éprouve aucun sentiment. Le Viking, chef d'un gang mafieux. Incapab...