Chapitre 6

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Noah

Je sors de ma voiture en claquant la portière.

- Quand est-ce qu'on se fait ça ? Me demande Axel.

- Quand tu veux.

- Ce n'est pas moi qui ai un emploi du temps de ministre.

- Hum, je dirais plus un emploi du temps de président. Ajoutais-je.

Mon meilleur ami rigole à travers le téléphone. Je le suis.

- J'en parle à Amber et je te redis.

Nous nous disons au revoir. J'ouvre la porte de chez moi. Ma petite tête blonde court dans ma direction quand elle me remarque.

- Coucou papa.

- Tu as passé une bonne journée ? Demandais-je.

- Oui. J'ai un dessin à te montrer. On l'a fait avec Enora.

Mes muscles se tendent en entendant son prénom. Je relève la tête et tombe sur elle. Mon sourire disparaît. J'en avais presque oublié que cette idiote n'avait pas menti sur ça. À mon plus grand malheur, Enora est la deuxième baby-sitteur de Abby. J'aurais aimé que ce soit également un mensonge. Déjà que je la supporte en cours, je dois aussi la supporter chez moi.

- Tu vas me chercher ton dessin ma puce ? Suggérais-je.

Ma fille monte les escaliers et disparaît à l'étage.

- Je l'ai aidé à prendre sa douche. Il reste juste à faire à manger. Je vais partir. Raconte Enora.

Enora allait partir. Mais je me place devant elle pour l'empêcher de passer.

- Tu n'as rien volé cette fois ?

- Je ne suis pas une voleuse. Mais vous pouvez fouiller mon sac si ça vous fait plaisir.

Je la dévisage longuement. Tout chez elle m'irrite au plus haut point.

- Tu oses faire la maline en plus.

- Je réponds simplement à votre question. À moins qu'elle soit rhétorique. Continue mon étudiante.

- Tes jours sont comptés Enora.

Je la vois perde en confiance devant moi. Je suis pris d'un sentiment de satisfaction. La voir perdre son sourire de petite menteuse me comble.

- Tu refermeras la porte en partant. On ne sait jamais sur quel type de voleur je peux tomber ce soir. Sortais-je.

Largement satisfait, je vais dans la cuisine pour commencer à cuisiner. J'entends la porte d'entrée claquer, ce qui fait accroître mon sourire. Abby vient me montrer son dessin, tout en me racontant sa journée. J'aime tellement l'écouter parler. Ma fille est de loin la meilleure chose qui ai pu m'arriver. Au départ, ce n'était pas du tout prévu. Amber et moi étions concentrés à fond sur notre avenir professionnel. Abby est arrivée sans qu'on ai pu s'y préparer. Aujourd'hui, je ne regrette pas de l'avoir gardé. C'est la personne la plus précieuse à mes yeux.

- Abby ?

- Oui papa ?

- Tu la trouves comment Enora ? La questionnais-je.

- Elle est trop gentille. On s'amuse beaucoup quand elle passe l'après-midi avec moi.

- Enora n'a pas fait ou dit quelque chose qui ne t'a pas plu ? Je ne sais pas. Peut-être qu'un jour...

- Non. Enora est cool. Me coupe ma fille, d'un ton enjoué.

Je secoue la tête légèrement de haut en bas. Je soupire silencieusement. Abby a l'air de vraiment l'aimer. Je misais sur Abby. Mais malheureusement, c'est peine perdue. Je dois à tout prix trouver un moyen pour dégager Enora.

Nous passons à table dans la bonne humeur. On regarde encore un épisode des Totally Spies, sous la demande d'Abby. Les dessins animés sont si addictifs quand vous devenez parents. Après avoir bien mangé et digéré, je couche ma fille.

- Tu veux que je te lise quelle histoire ?

- T'choupi.

Je souris face à sa requête. Quand ce n'est pas un conte de fées, c'est T'choupi. Je lui lis l'histoire du jour. Au fur et à mesure ses paupières se ferment. Je ferme le livre et le repose dans sa bibliothèque. Je la regarde un petit moment, le sourire aux lèvres. J'aimerais être plus présent pour elle. À vrai dire, les premières années ont été compliquées. Le travail s'enchaîne. Je n'ai pas choisi une vie très paisible. Mais cette année, j'ai accepté d'enseigner à nouveau à la CS University. C'est le boulot le plus stable que j'ai pu faire. Depuis la sortie de la fac, il y a maintenant cinq ans, j'ai enchaîné entre écrivain, journaliste et maintenant prof. Ce n'est pas de tout repos.

Je dépose un bisou sur le front de ma fille. Je place correctement sa couverture puis pars de sa chambre en refermant la porte. Je vais prendre une douche. Je m'installe ensuite sur le canapé. Un tas de copies me fait face. Les cours ont repris il y a deux semaines de ça et j'ai déjà des copies à corriger. Cette facette de mon travail ne m'avait pas manqué. Je me motive et commence à les corriger tout en sirotant un verre de whisky. Le tas se rétrécit au fur et à mesure. Je tombe soudainement sur la dissertation d'Enora. Je ne peux pas m'empêcher d'activer ma concentration au maximum. Je finis mon verre cul-sec en me redressant sur le dossier du canapé. Je veux voir de quoi cette menteuse est capable.

Le bruit de la porte d'entrée me sort de ma correction. Amber apparaît dans la pièce.

- Salut.

- Tu ne dors pas encore ? Me demande ma femme.

- Correction oblige. Répondais-je en lui montrant le tas de copies.

Amber me sourit légèrement. Elle prend place sur le canapé en déballant toutes ses esquisses.

- Tu ne manges pas ?

- J'ai déjà mangé. Tu peux éteindre la télévision s'il te plaît ? Je n'arrive pas à me concentrer. Dit-elle en s'attachant les cheveux.

Je soupire. Je prends la télécommande et éteins la télévision.

- Tu en penses quoi de la nouvelle baby-sitter d'Abby ? Demandais-je soudainement.

- Que veux-tu que j'en pense ?

- Quand on pose une question généralement, c'est pour avoir une réponse.

- Ne fais pas ton prof avec moi. Je ne suis pas ton étudiante. Me rembarre la blonde.

Je soupire à nouveau.

- Mais si tu veux tout savoir, je ne pense pas grand chose de cette gamine. Tout ce que je pense, c'est que Abby l'adore.

- Je pense la virer.

Amber relève la tête de ses dessins.

- Il en est hors de question. Je n'ai pas la patience de subir une crise de pleurs de Abby quand elle verra que sa nouvelle amie ne vient plus. Refuse Amber.

- Tu n'as jamais la patience pour rien de toute façon. Dis-je.

Amber me foudroie du regard.

- Je t'emmerde Noah. Lance ma femme.

- Je vais me coucher.

- Dors bien et pas touche à cette gamine.

Je soupire bruyamment. Je monte à l'étage. J'entre dans ma chambre. Ou devrais-je plutôt dire la chambre d'amis. Cela fait un an qu'Amber et moi faisons chambre à part. Pour être honnête, nos seules conversations se ressemblent toutes. Il ne reste plus grand chose de notre amour de jeunesse. Amber n'est plus que ma femme sur le papier. Nous n'avons jamais eu le coup de foudre que l'on voit dans les livres et films. On s'aimait certes. Mais ce n'était qu'un amour plat sans réellement d'étincelles. Néanmoins, la situation s'est dégradée avec la naissance d'Abby. Les années sont passées malgré nous. Désormais nous nous ne supportons plus. C'est triste à dire mais... Nous n'avons plus rien en commun, hormis notre fille.

Je me replonge dans la copie d'Enora pour éviter de penser à ma vie sentimentale chaotique. Je déverse toute ma haine dans sa copie. Ça me fait un bien fou. De toute façon, elle le mérite. Il n'y a que de cette façon que je peux l'atteindre pour l'instant.

Call me your secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant