Chapitre 7

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Enora

Je tape mon stylo sur la feuille de mon carnet avec désespoir. Je suis en train de faire mes devoirs. Comme vous pouvez le voir, ce n'est pas très glorieux. Foutu devoir maison de merde. Je pousse un léger cri d'impatience. Je décide de fermer mon carnet, me sentant à deux doigts de la crise de nerfs.

Je descends en bas dans le but de trouver de la glace. Ça stimulera peut-être mon cerveau.

- Toi là.

Je me retourne pour faire face à ma mère. Elle tient à peine debout. Tout compte fait, j'aurais dû rester dans ma chambre.

- Ne crois pas que tu vas rester chez moi et te tourner les pouces. Commence-t-elle.

- Je te rappelle que je fais des études et je travaille.

- Je ne t'ai pas demandé de me répondre.

Je soupire en me taisant. Je sais par expérience que ça ne sert à rien de débattre avec elle quand elle a bu. Je découvre sans surprise une bouteille bien entamée sur le plan de travail.

- Tu te pavanes comme une petite traînée.

Je reste silencieuse. J'ouvre le congélateur et en sors un pot de glace.

- C'est ça, mange. Tu ne sais faire que ça. Tu vides mon frigo. M'attaque ma mère.

Je ferme quelques instants mes yeux pour contenir la colère qui progresse en moi.

- Je ne te veux pas sous mon toit.

- Tu n'as qu'à me virer de la maison. Répondais-je.

- Tu n'attends que ça pour aller pleurnicher auprès de ton père. Je suis la méchante mère et toi tu es la pauvre petite fille apeurée.

- Ça, c'est toi qui le dis.

- Ne me provoque pas Enora.

Je prends une grande bouffée d'air. J'allais partir de la cuisine quand soudain elle reprend la parole.

- Je ne t'ai jamais voulu. Lâche-t-elle.

Je me fige, toujours dos à ma mère. Je sens mes yeux me piquer douloureusement. Mes larmes se logent au bord de mes yeux. Ma gorge me brûle et mon cœur se fissure. Je déglutis très difficilement. Je m'en vais à l'étage. Arrivée dans ma chambre, je referme la porte de celle-ci avec mon pot de glace dans la main. Je me permets enfin de libérer mes larmes qui ne demandaient qu'à dévaler sur mes joues. Je me laisse glisser le long de la porte pour m'asseoir par terre contre elle. Comme à mon habitude, je pleure silencieusement. Avec le temps, je m'y fais à ses remarques les plus blessantes les unes que les autres. Mon coeur s'acclimate à chaque pique. Pourtant, ça fait toujours aussi mal. Je ne peux m'en prendre qu'à moi. J'ai choisi le mauvais parent. Ses remarques sont mon quotidien.

Mon téléphone se met à sonner. La photo de mon père et moi s'affiche sur l'écran. Nous étions si heureux. J'avais 7 ans et j'étais la princesse chérie de mon père. Je m'empresse de sécher mes larmes à l'aide de mes doigts. Je souffle un bon coup et décroche.

- Allô ?

- Coucou chérie. Je ne te réveille pas, j'espère ? Me demande-t-il.

- Non ne t'inquiète pas. Je ne dormais pas encore.

- Tu as une petite voix. Ça va ?

- Oui hum... J'étais en train de faire mes devoirs. Je galère. Prétextais-je.

- Envoie-moi le sujet, j'essayerais de t'aider.

Je souris. Même à plus de 8 000 kilomètres, il est toujours là pour moi. Et c'est pendant ces soirs-là que je me dis que ma vie serait bien mieux loin d'ici, avec lui et sa nouvelle famille que j'aime comme la mienne. Mais c'est aussi ces soirs-là que mon cœur se serre à l'idée de me dire que pour l'instant ce n'est pas possible. Je dois d'abord obtenir mon diplôme. Une larme coule le long de ma joue. Je l'efface le plus vite possible.

Call me your secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant