Un océan de tourment

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Le cœur battant, resonnant dans ses tempes, Buck quitta la caserne, se sentant comme un somnambule dans un monde qui avait perdu toute cohérence.

Il marchait sans but, ses pas le guidant machinalement vers la jetée, désormais reconstruite après la tragédie du tsunami.

Il s'assit sur le banc, le même banc où il avait été assis avec Christopher ce jour-là, le jour où tout avait basculé. Il réalisa alors qu'il n'était jamais revenu ici depuis cette tragédie. Ce n'était pas qu'il s'en soit rendu compte avant, mais il avait inconsciemment évité cet endroit, et maintenant il comprenait pourquoi.

La peur l'étreignait, le paralysant sur ce banc face à l'océan. Le forçant à regarder encore et encore ce qui lui faisait le plus peur, craignant le moment fatidique où son cauchemar se répèterait.

Il était véritablement tétanisé de peur, fixant l'océan comme s'il s'attendait à le voir l'engloutir à tout moment. Les vagues semblaient menaçantes, comme si elles murmuraient des avertissements qu'il était incapable de comprendre.

Il ne remarqua pas la présence de Tommy à ses côtés avant qu'il ne parle.

– Buck ? demanda-t-il d'une voix douce et inquiète. Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu te sens bien ?

Buck ne pouvait pas le regarder.

Encore une fois, il se sentait trop brut, vulnérable devant une personne qui était importante pour lui. Il sentit sa lèvre trembler et ses larmes redoublèrent. Il perçut Tommy se rapprocher dans sa vision périphérique mais il ne fit aucun geste pour le toucher et la réalité le frappa.

Il l'avait repoussé avec trop de force.

Ça faisait mal mais il avait été lui-même l'instrument de sa propre perte. Il avait repoussé Tommy parce qu'il voulait continuer à être quelqu'un d'autre aux yeux d'Eddie et il avait repousser Eddie parce qu'il voulait être lui-même, comme il l'était avec Tommy.

Plus rien n'avait de sens mais il savait qu'il était désespérément seul maintenant.

Il voulait demander à Tommy de le prendre dans ses bras, de lui dire que tout irait bien. Il voulait lui dire qu'il avait raison et qu'il ne s'était jamais sentit aussi entier que lorsqu'ils étaient ensemble mais il était épuisé.

– Qu'est-ce que tu fais là ? se contenta-t-il de murmurer.

– Je viens ici tous les jours, répondit-il. Courir ici m'aide à faire le point sur ma vie. J'observe la vie tout autour de moi et j'essaie d'imaginer ce qu'elle a été avant mon passage et ce qu'elle sera après. Aujourd'hui, je voulais seulement penser à toi et à ce qui s'est passé entre nous hier soir, à comment j'allais m'excuser et la seconde d'après..., tu étais là.

– Pourquoi tu continues de perdre ton temps avec moi ?

– Passé mon temps avec toi est toujours du temps bien employé, tacla-t-il. Je ne sais pas ce qui se passe Buck et j'espère que je ne suis pas responsable des larmes qui coulent sur tes joues mais si c'est le cas, je suis désolé et je te demande de m'en excuser.

– Tu n'es pas responsable, admit-il tentant de maitriser sa respiration. J'ai merdé et maintenant je dois assumer, je présume. Tu avais raison, tu sais ?

– A quel sujet ?

– Ce que tu as dit sur les amis qui ne m'acceptaient pas comme j'étais, eh bien qu'ils n'étaient pas vraiment des amis...

– Je n'aurais pas dû te dire ça, c'était déplacé...

– Mais tu avais raison, même si c'est trop tard maintenant.

9-1-1 - Éclats d'Amour :  Au-Delà des Blessures du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant